lundi, novembre 28, 2005

 

Grand corps malade.

Grand Corps Malade est né le 31 juillet 1977 sous le nom de Fabien Marsaud, sous le soleil de Seine-Saint-Denis, sous le signe du lion et sous les yeux de sa mère qui, déjà à l'époque, lui donne un surnom composé de trois mots : Petit Chaton Bleu. Très vite, les mots lui viennent facilement. Il chante, raconte des histoires et passe déjà de nombreux coups de téléphone. Grand Corps Malade est Polo pour son père avec qui il joue à se donner des baffes pour de rire. Il est Fab pour sa soeur avec qui il joue des pièces de théâtre et fait la voix du Locabiotal. Fab pour Kiki, Mathieu et Patrice avec qui il joue au foot Allée Verte. Fab pour Samy, Brahim et Bally avec qui il joue au basket à Delaune Quand il est grand, Fab veut faire prof de sport avec Audrey et Toussaint. Mais il prend l'hélico pour l'hosto. Alors il joue un peu au speed time avec François et Robert. Finalement, en 2003, il devient Grand Corps Malade aux côtés de John Pucc’Chocolat et du collectif 129H, avec qui il devient un activiste des scènes slam. Il remporte plusieurs tournois de slam (Bouchazoreil à la Boule Noire puis au Trabendo, Slam United à la Java…) Il participe à plusieurs émissions de radio (France Culture, Europe 1, Génération, FPP, Radio Nouveaux Talents) et de télé (Trace TV, France 5, Direct 8). Depuis septembre 2004, avec son pote John Pucc’, il anime Slam’Alikoum, les soirées slam mensuelles du Café Culturel de Saint-Denis. En 2004, avec John Pucc’, Droopy et Techa et les 129H, il forme « Le Cercle des Poètes sans Instru » pour une création de poésie urbaine que ces 7 slameurs proposent dans de nombreux festivals. Il participe ponctuellement aux concerts du chanteur-contrebassiste Fantazio (l'homme aux doigts défoncés). En avril 2005, il partage notamment une Renault Espace avec Fantaz et sa contrebasse pour une tournée de concerts en Bretagne Début 2005, Grand Corps Malade fonde l'association "Flow d'encre", structure sur laquelle il s'appuie pour animer des ateliers d'écriture/slam auprès de municipalités, centres sociaux, établissements scolaires... Jusqu'en juin 2006, il participe avec D' de Kabal, Hocine Ben, Gérard Mendy et Félix Jousserand au projet "93 Slam Caravane", ateliers d'écriture et scènes slam itinérantes dans plusieurs villes de Seine Saint-Denis. Il anime également des ateliers slam pour "La Maison des Ados" de l'hôpital Avicenne à Bobigny.
C'est quoi le slam ? Il y a évidemment autant de définitions du slam qu’il y a de slameurs et de spectateurs des scènes slam. Pourtant il existe, paraît-il, quelques règles, quelques codes : les textes doivent être dits a capella ("sinon c’est plus du slam" ?) les textes ne doivent pas excéder 3 minutes (oui mais quand même des fois, c’est 5 minutes…) dans les scènes ouvertes, c’est "un texte dit = un verre offert" (sauf quand le patron du bar n’est pas d’accord…) Bref, loin de toutes ces incertaines certitudes, le slam c’est avant tout une bouche qui donne et des oreilles qui prennent. C’est le moyen le plus facile de partager un texte, donc de partager des émotions et l'envie de jouer avec des mots. Le slam est peut-être un art, le slam est peut-être un mouvement, le slam est sûrement un Moment… Un moment d’écoute, un moment de tolérance, un moment de rencontres, un moment de partage. enfin bon, moi je dis ça…Grand Corps Malade
C’est quoi, c’est qui, ces mecs chelous qui viennent pour raconter leur vie C’est elle, c’est lui, c’est moi, c’est nous, on vient même si t’as pas envie Mais si t’écoutes un tout petit bout, p’t-être bien que t’en sortiras ravi Et ça c’est important pour nous, c’est grâce à ça qu’on se sent en vie J’aime ces attaques un peu surprise, c’est un attentat verbal On a faim de se faire entendre, moi j’ai l’appétit cannibale Certains diront que c’est un peu naze et d’autres que c’est franchement d’la balleQuoi qu’il se passe on poursuivra mais crois pas que ton avis m’est égal Capable de faire irruption dans des endroits inattendus Dans des bars et des théâtres, tu nous a déjà entendus Mais on a déboulé aussi dans des collèges, dans des lycées Dans des squares et dans la rue, on a posé, toi-même tu sais Le principe est clair : lâcher des textes là ou et quand tu t’yattends pas Claquer des mots un peu partout et que ça pète comme un attentat Dans des salles ou en plein air, laisser des traces, faire des ravages Va demander au 129H ce qu’on appelle le slam sauvage On pose des textes énervés, ou de geon-pi sentimental On aborde un peu tous les thêmes avec ou sans instrumentalMentalement prêt à proposer partout un intermède vocal Une interruption sonore, un homicide amical Si je vois de l’écoute dans tes yeux, je voudrai te dire merci Et tu pourras me croiser partout sauf sur la scène de Bercy J’ai des paroles pour te réveiller et j’en ai pour te bercer Je te les offre sous les projecteurs ou dans le RER C Le plaisir de capter des regards un peu destabilisés Qui se disent ceux-là, ils ont pas peur de se ridiculiser Le plaisir de capter des regards parfois remplis d’émotion Dans ces cas là, on sait qu’on a passé le test avec mention On prend la parole à l’apéro et on la prend au dessert Mais si les plus sceptiques nous disent "mais à quoi ça sert ?" A pas grand chose c’est vrai, j’avoue, si ce n’est à partager Des bons mots, des bons moments et des lyrics enragés C’est un poème, c’est une chanson, c’est du rap ou du slam Ferait tellement plaisir qu’après ce texte tu t’enflammes Appelle ça un ego-trip ou appelle ça du freestyle On est solide comme de la brique et fragile comme du cristal Les mots sont nos alliés, on les aime comme maître Capello Puis on les laisse s’envoler en musique ou a capella Et comme des flèches ils tracent, lancés par nos cordes vocales Puis on les entend résonner comme une bombe dans un bocalOn arrive comme un accident dans des endroits insolites Tu nous verras souvent en groupe, on vient rarement en soliste Et même si tu te sens à l’abris, il faut jamais que tu t’emballes Tu peux subir à tout moment, un attentat verbal Maintenant tu sais qui c’est, ces mecs chelous qui viennent pour raconter leur vie C’est elle, c’est lui, c’est moi, c’est nous, on vient même si t’as pas envie Mais si t’écoutes un tout petit bout, p’t-être bien que t’en sortiras ravi Et ça c’est important pour nous, c’est grâce à ça qu’on se sent en vie
Enfant de la Ville "J’avoue que c’est bon de se barrer à la mer ou à la campagne Quand tu ressens ce besoin, quand ton envie de verdure t’accompagne Nouvelles couleurs, nouvelles odeurs, ça rend les sens euphoriques Respirer un air meilleur ça change de mon bout de périphérique Est-ce que t’as déjà bien écouté le bruit du vent dans la forêt Est-ce que t’as déjà marché pieds nus dans l’herbe haute, je voudrais Surtout pas représenter l’écolo relou à 4 centimes Mais la nature nourrit l’homme et rien que pour ça faut qu’on l’estime Donc la nature je la respecte, c’est peut-être pour ça que j’écris en vers ?Mais c’est tout sauf mon ambiance, j’appartiens à un autre univers Si la campagne est côté face, je suis un produit du côté pile ?Là où les apparts s’empilent, je suis enfant de la ville Je sens le cœur de la ville qui cogne dans ma poitrine J’entends les sirènes qui résonnent mais est-ce vraiment un crime ?D’aimer le murmure de la rue et l’odeur de l’essence J’ai besoin de cette atmosphère pour développer mes sens Je suis un enfant de la ville, je suis un enfant du bruit J’aime la foule quand ça grouille, j’aime les rires et les cris J’écris mon envie de croiser du mouvement et des visages Je veux que ça claque et que ça sonne, je ne veux pas que des vies sages ?Je trempe ma plume dans l’asphalte, il est peut-être pas trop tard ?Pour voir un brin de poésie même sur nos bouts de trottoirs Le bitume est un shaker où tous les passants se mélangent Je ressens ça à chaque heure et jusqu’au bout de mes phalanges Je dis pas que le béton c’est beau, je dis que le béton c’est brut Ca sent le vrai, l’authentique, peut-être que c’est ça le truc Quand on le regarde dans les yeux, on voit bien que s’y reflètent nos vies Et on comprend que slam et hip-hop ne pouvaient naître qu’ici Difficile de traduire ce caractère d’urgence Qui se dégage et qu’on vit comme une accoutumance Besoin de cette agitation qui nous est bien familière Je t’offre une invitation pour cette grande fourmilière J’suis allé à New York, je me suis senti dans mon bain Ce carrefour des cultures est un dictionnaire urbain J’ai l’amour de ce désordre et je ris quand les gens se ruent Comme à l’angle de Broadway et de la 42ème rue Je suis un enfant de la ville, je suis un enfant du bruitJ’aime la foule quand ça grouille, j’aime les rires et les cris J’écris mon envie de croiser du mouvement et des visages Je veux que ça claque et que ça sonne, je ne veux pas que des vies sages Je me sens chez moi à Saint-Denis, quand y’a plein de monde sur les quais Je me sens chez moi à Belleville ou dans le métro New-yorkais Pourtant j’ai bien conscience qu’il faut être sacrément taré Pour aimer dormir coincé dans 35 mètres carrés Mais j’ai des explications, y’a tout mon passé dans ce bordel Et face à cette folie, j’embarque mon futur à bord d’elle A bord de cette pagaille qui m’égaye depuis toujours C’est beau une ville la nuit, c’est chaud une ville le jourMoi dans toute cette cohue je promène ma nonchalance Je me ballade au ralenti et je souris à la chance D’être ce que je suis, d’être serein, d’éviter les coups de surinD’être sur un ou deux bons coups pour que demain sente pas le purin Je suis un enfant de la ville donc un fruit de mon époque Je vois des styles qui défilent, enfants du melting-pot Je suis un enfant tranquille avec les poches pleines d’espoir Je suis un enfant de la ville, ce n’est que le début de l’histoire" (© Grand Corps Malade, 2005)
Je dors sur mes 2 oreilles "J’ai constaté que la douleur était une bonne source d’inspiration Et que les zones d’ombre du passé montrent au stylo la direction La colère et la galère sont des sentiments productifs Qui donnent des thèmes puissants, quoi qu’un peu trop répétitifs A croire qu’il est plus facile de livrer nos peines et nos cris Et qu’en un battement de cils un texte triste est écrit On se laisse aller sur le papier et on emploie trop de métaphores Pourtant je t’ai déjà dit que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts C’est pour ça qu’aujourd’hui j’ai décidé de changer de thème D’embrasser le premier connard venu pour lui dire je t’aime Des lyrics pleins de vie avec des rimes pleines d’envie Je vois, je veux, je vis, je vais, je viens, je suis ravi C’est peut-être une texte trop candide mais il est plein de sincérité Je l’ai écrit avec une copine, elle s’appelle Sérénité Toi tu dis que la vie est dure et au fond de moi je pense pareil Mais je garde les idées pures et je dors sur mes 2 oreilles Evidemment on marche sur un fil, chaque destin est bancal Et l’existence est fragile comme une vertèbre cervicale On t’a pas vraiment menti, c’est vrai que parfois tu vas saigner Mais dans chaque putain de vie, y’a tellement de choses à gagner J’aime entendre, raconter, j’aime montrer et j’aime voir J’aime apprendre, partager, tant qu’y a de l’échange y’a de l’espoir J’aime les gens, j’aime le vent, c’est comme ça je joue pas un rôle J’ai envie, j’ai chaud, j’ai soif, j’ai hâte, j’ai faim et j’ai la gaule J’espère que tu me suis, dans ce que je dis y’a rien de tendancieux Quand je ferme les yeux, c’est pour mieux ouvrir les cieux C’est pas une religion, c’est juste un état d’esprit Y’a tellement de choses à faire et ça maintenant je l’ai compris Chaque petit moment banal, je suis capable d’en profiter Dans la vie j’ai tellement de kifs que je pourrai pas tous les citer Moi en été je me sens vivre, mais en hiver c’est pareil J’ai tout le temps l’œil du tigre, et je dors sur mes 2 oreilles C’est pas moi le plus chanceux mais je me sens pas le plus à plaindre Et j’ai compris les règles du jeu, ma vie c’est moi qui vais la peindre Alors je vais y mettre le feu en ajoutant plein de couleurs Moi quand je regarde par la fenêtre je vois que le béton est en fleur J’ai envie d’être au cœur de la ville et envie d’être au bord de la mer De voir le delta du Nil et j’ai envie d’embrasser ma mère J’ai envie d’être avec les miens et j’ai envie de faire des rencontres J’ai les moyens de me sentir bien et ça maintenant je m’en rends compte Je voulais pas écrire un texte « petite maison dans la prairie » Mais j’étais de bonne humeur et même mon stylo m’a souri Et puis je me suis demandé si j’avais le droit de pas être rebelle D’écrire un texte de slam pour affirmer que la vie est belleSi tu me chambres je m’en bats les reins, parfois je me sens inattaquableParce que je suis vraiment serein et je suis pas prêt de péter un câbleLa vie c’est gratuit je vais me resservir et tu devrais faire pareilMoi je me couche avec le sourire et je dors sur mes 2 oreillesLa vie c’est gratuit je vais me resservir et ce sera toujours pareil Moi je me couche avec le sourire et je dors sur mes 2 oreilles" (© Grand Corps Malade, 2005)
Il a fait nuit toute la journée "Dîtes moi d’où vient ce phénomène qui mène tout droit à l’impasse Qu’est-ce qui se passe, je vois plus les traces, je reconnais plus mon espace Espacez-vous, écartez-vous, dîtes moi où est la lumière J’ai besoin d’aide encore une fois et ce sera pas la dernière Je ne vois plus où je mets les pieds, ne me dîtes pas que c’est normalTout ce que je respire est inquiet, je sais plus ce qu’est bien et ce qu’est malC’est la pénombre qui règne comme si le soleil était mort-né Messieurs Dames aujourd’hui, il a fait nuit toute la journée Je n’ai pas senti de chaleur s’épanouir au-dessus de nos têtes Je n’ai vu aucune lueur venir frapper à nos fenêtres Je ne sais pas si je dois attendre que la nuit se lève ou que le jour tombe Mais depuis 24 heures, il fait nuit comme dans une tombe Je vois plus les oiseaux s’envoler, tous ces petits trucs qui m’émerveillent Je sens plus les nuages s’enrouler, le soleil a perdu son réveil Si ça se trouve c’est grave la terre s’est peut-être arrêtée de tourner Messieurs Dames aujourd’hui, il a fait nuit toute la journée Pourtant les gens autour de moi n’ont pas l’air d’être étonnés Comment ça se fait, réagissez mais arrêtez de déconner Suis-je le seul à me rendre compte de la hauteur du danger La lune nous nargue en plein midi ça n’a pas l’air de vous déranger Est-ce que ça se passe vraiment ou est-ce seulement dans mon cerveau Tout ça me paraît bien réel mais je ne sais plus ce que ça vaut Est-ce un voile devant mes yeux, est-ce qu’il fait nuit dans ma tête J’ai l’impression que le monde est vieux et qu’y a que moi que ça inquiète Est-ce le prix du quotidien et le poids de la lassitude Il a fait nuit toute la journée mais ce n’est plus une certitude Peut-être que tout va bien et que l’instant n’a rien de fatal Et qu’il y a simplement un peu trop de poussière dans mon mental Maintenant il faut que je me reprenne et que j’arrête mes histoires J’attends que le soleil se lève à nouveau dans mon espoir Mais je n’oublie pas qu’il est possible que ce soit l’hiver toute l’année Comme il se peut que ce jour là, il ait fait nuit toute la journée Le poète est un grand mytho qui s’invente des thèmes Pour faire rire, pour faire pleurer, pour qu’on lui dise je t’aime Pour un bon mot il est prêt à tout, le poète est un malade Ne le croyez pas surtout, il ne raconte que des salades Moi je me prends pour un poète parce que je rappe sans instru Il a fait nuit toute la journée, j’espère que vous ne m’avez pas cru Ce n’est qu’un thème de plus pour mentir impunément Je pense donc je suis, j’écris donc je mens Y’a plus de repères dans mes histoires et tout ce que je dis peut être factice Dans mon prochain texte, je vous ferai croire que je courre plus vite que Carl Lewis Mais attention, soyez prudents, car si jamais vous m’applaudissez C’est que ça vous plaît quand je mens… donc je vais sûrement recommencer" (© Grand Corps Malade, 2005)

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