lundi, septembre 19, 2005
Nuits magiques
2 juillet 2000 : Traîtres à nos résolutions, on regarde TF1, mais sans les traditionnelles pizzas de match. Car ce soir, l’équipe de France rencontre l’Italie en finale de l’Euro 2000. Mon maillot à 399F, trop petit, faillit porter malheur à Zidane et aux siens. (Par Ghislain de Villoutreys paru dans les Inrockuptibles du 26 décembre 2000)
Dimanche 2 juillet 2000. 16h30. Magasin Décathlon de la Madeleine à Paris. Rayon des maillots de foot. Hollande, non merci. France, voilà. Merde, il ne reste que du « Small ». Evidemment, à trois heures du match. Remarque, il n’est pas si petit que ça ce small. De tout façon, il m’en faut un. Je ne vais pas aller sur les champs ce soir avec le maillot de l’équipe de France de rugby. La honte. Impossible. Je passe à la caisse avec une excitation palpable. 399F. « C’est pour le match de ce soir ? » me demande la caissière à qui j’ai envie de répondre, comme Bigard ? « Non, c’est pour essuyer mon plat à gratin, connasse. » « Moi, j’aime bien les italiens, faites votre code. Il est beau le grand défenseur aux cheveux longs.-Nesta ?- Non. Maldini ? »
Dimanche 2 juillet 20h00. 19h58. On est trois, debout devant TF1. Qu’un sang impur abreuve nos sillons. Ils se sont bien foutus de ma gueule quand je suis arrivé hyper moulé dans mon maillot. « T’es pas au Queen. » C’est parti, Thierry. On joue bien, c’est propre. Pressing à l’italienne. Zizou est magique. Henry aussi. Les italiens sont en confiance, ça se sent, ça va être chaud. Mi-temps. Shampoing au pro-rétinol actif parce que je le vaux bien. Pipi. Meilleures actions au ralenti. Puis analyse technicochimique. « Deschamps, il est pas encore mort. T’as vu le match qu’il fait ? - Normal, il prenait de la créatine en Italie. Il en prend encore en Angleterre. C’est en vente libre. – Arrête, il a pas besoin de ça. Il est champion du monde. – T’es fou, le staff et la fédé font hyper gaffe. Ils sont hyper contrôlés. – Ecoute, je connais un mec au pays basque qui est pote avec un médecin qui dit que Deschamps vient souvent voir un autre toubib qu’il connaît dans la région et qui n’est plus toubib. C’est pas pour venir bouffer de la piperade. » C’est parti, Jean Michel. Quarante cinq minutes pour faire la différence dans cette finale de l’euro 2000. « Et j’en profite pour saluer notre confrère, ami et gardien de but bien-aimé du variétés, Jacques Vendroux de France Inter, que nous avons aperçu à la mi-temps devant une bière batave. – Ah ça, pour la bière, ils sont forts les Orange. – Vous oubliez la bière belge, Thierry. – Ca, mon cher Jean Mimi, les goûts et les couleurs… »
Dimanche 2 juillet 2000. 21h13. Cinquante cinquième minute. Reprise de volée de Delvecchio. 1-0 pour l’Italie. MER-DEU. 1-0 contre les Italiens, c’est fini. Laisse tomber. Ils vont se mettre tous derrière, tirer les maillots et faire des fautes aux quarante mètres. Putain, ça rentre pas. Faut égaliser vite, sinon c’est mort. On s’en fout, on est champion du monde, c’est mieux que champions d’Europe. On s’en fout pas tant que ça quand même. Le temps défile et un silence pesant, angoissé, s’installe petit à petit entre nous. Trézéguet entre. Puis Wiltord. Et Pires.
Dimanche 2 juillet 2000. 21h43. Quatre vingt-cinquième minute. Toujours 1-0 pour l’Italie. LE TOURNANT DU MATCH. OK, j’ai compris, c’est de la faute à cette merde de maillot. A chaque fois que j’ai regardé une finale avec un maillot sur le dos, on a perdu. Contre les australiens en rugby l’année dernière. Et le P.S.G contre Barcelone en finale de C2 en 1997. 1-0, penalty de Ronaldo. Attends, c’était dans le même stade ! Rotterdam, comme ce soir ! C’est ça, c’est clair. Enlever un maillot taille Small, c’est pas si facile. Je le roule en boule et je vais le ranger dans mon casque de scooter pour ne pas l’oublier. Quand même. 399F.
Dimanche 2 juillet 2000. 21h50. Quatre vingt douzième minute. Arrêts de jeu. Le banc de touche italien est debout, sûr de lui, hilare. Déviation de la tête de Trézéguet. Tir croisé de Wiltord. 1-1. WAAAHHH ! JE TE L’AVAIS DIT, PUTAIN ! C’ETAIT A CAUSE DU MAILLOT ! WAAAHHH ! C’EST DE LA FOLIE ! ON VA LES NIQUER ! PUTAIN DE MERDE ! WAAAHHH !
Dimanche 2 juillet 2000.22h10. Cent troisième minute. Pirès déborde et centre en retrait pour Trézéguet qui marque d’une demi-volée magique sous la barre de Toldo. Trézéguet court vers nulle part et arrache son maillot. Copieur. On explose. On en revient pas. Quelle équipe de folie. Battre les Italiens comme ça. Après le Brésil. C’est presque trop pour nous, la génération des Saint Etienne/ Bayern et de Séville 82. Je pense aux larmes de Platini après la demi-finale perdue une fois de plus contre les allemands en 1986.
Dimanche 2 juillet 2000. 22h45. Je prends l’ascenseur et monte sur mon scooter. Il y a des gens partout. Je klaxonne comme un fou. Mon maillot bleu avec l’étoile au-dessus du coq me moule fièrement le torse.
Dimanche 2 juillet 2000. 16h30. Magasin Décathlon de la Madeleine à Paris. Rayon des maillots de foot. Hollande, non merci. France, voilà. Merde, il ne reste que du « Small ». Evidemment, à trois heures du match. Remarque, il n’est pas si petit que ça ce small. De tout façon, il m’en faut un. Je ne vais pas aller sur les champs ce soir avec le maillot de l’équipe de France de rugby. La honte. Impossible. Je passe à la caisse avec une excitation palpable. 399F. « C’est pour le match de ce soir ? » me demande la caissière à qui j’ai envie de répondre, comme Bigard ? « Non, c’est pour essuyer mon plat à gratin, connasse. » « Moi, j’aime bien les italiens, faites votre code. Il est beau le grand défenseur aux cheveux longs.-Nesta ?- Non. Maldini ? »
Dimanche 2 juillet 20h00. 19h58. On est trois, debout devant TF1. Qu’un sang impur abreuve nos sillons. Ils se sont bien foutus de ma gueule quand je suis arrivé hyper moulé dans mon maillot. « T’es pas au Queen. » C’est parti, Thierry. On joue bien, c’est propre. Pressing à l’italienne. Zizou est magique. Henry aussi. Les italiens sont en confiance, ça se sent, ça va être chaud. Mi-temps. Shampoing au pro-rétinol actif parce que je le vaux bien. Pipi. Meilleures actions au ralenti. Puis analyse technicochimique. « Deschamps, il est pas encore mort. T’as vu le match qu’il fait ? - Normal, il prenait de la créatine en Italie. Il en prend encore en Angleterre. C’est en vente libre. – Arrête, il a pas besoin de ça. Il est champion du monde. – T’es fou, le staff et la fédé font hyper gaffe. Ils sont hyper contrôlés. – Ecoute, je connais un mec au pays basque qui est pote avec un médecin qui dit que Deschamps vient souvent voir un autre toubib qu’il connaît dans la région et qui n’est plus toubib. C’est pas pour venir bouffer de la piperade. » C’est parti, Jean Michel. Quarante cinq minutes pour faire la différence dans cette finale de l’euro 2000. « Et j’en profite pour saluer notre confrère, ami et gardien de but bien-aimé du variétés, Jacques Vendroux de France Inter, que nous avons aperçu à la mi-temps devant une bière batave. – Ah ça, pour la bière, ils sont forts les Orange. – Vous oubliez la bière belge, Thierry. – Ca, mon cher Jean Mimi, les goûts et les couleurs… »
Dimanche 2 juillet 2000. 21h13. Cinquante cinquième minute. Reprise de volée de Delvecchio. 1-0 pour l’Italie. MER-DEU. 1-0 contre les Italiens, c’est fini. Laisse tomber. Ils vont se mettre tous derrière, tirer les maillots et faire des fautes aux quarante mètres. Putain, ça rentre pas. Faut égaliser vite, sinon c’est mort. On s’en fout, on est champion du monde, c’est mieux que champions d’Europe. On s’en fout pas tant que ça quand même. Le temps défile et un silence pesant, angoissé, s’installe petit à petit entre nous. Trézéguet entre. Puis Wiltord. Et Pires.
Dimanche 2 juillet 2000. 21h43. Quatre vingt-cinquième minute. Toujours 1-0 pour l’Italie. LE TOURNANT DU MATCH. OK, j’ai compris, c’est de la faute à cette merde de maillot. A chaque fois que j’ai regardé une finale avec un maillot sur le dos, on a perdu. Contre les australiens en rugby l’année dernière. Et le P.S.G contre Barcelone en finale de C2 en 1997. 1-0, penalty de Ronaldo. Attends, c’était dans le même stade ! Rotterdam, comme ce soir ! C’est ça, c’est clair. Enlever un maillot taille Small, c’est pas si facile. Je le roule en boule et je vais le ranger dans mon casque de scooter pour ne pas l’oublier. Quand même. 399F.
Dimanche 2 juillet 2000. 21h50. Quatre vingt douzième minute. Arrêts de jeu. Le banc de touche italien est debout, sûr de lui, hilare. Déviation de la tête de Trézéguet. Tir croisé de Wiltord. 1-1. WAAAHHH ! JE TE L’AVAIS DIT, PUTAIN ! C’ETAIT A CAUSE DU MAILLOT ! WAAAHHH ! C’EST DE LA FOLIE ! ON VA LES NIQUER ! PUTAIN DE MERDE ! WAAAHHH !
Dimanche 2 juillet 2000.22h10. Cent troisième minute. Pirès déborde et centre en retrait pour Trézéguet qui marque d’une demi-volée magique sous la barre de Toldo. Trézéguet court vers nulle part et arrache son maillot. Copieur. On explose. On en revient pas. Quelle équipe de folie. Battre les Italiens comme ça. Après le Brésil. C’est presque trop pour nous, la génération des Saint Etienne/ Bayern et de Séville 82. Je pense aux larmes de Platini après la demi-finale perdue une fois de plus contre les allemands en 1986.
Dimanche 2 juillet 2000. 22h45. Je prends l’ascenseur et monte sur mon scooter. Il y a des gens partout. Je klaxonne comme un fou. Mon maillot bleu avec l’étoile au-dessus du coq me moule fièrement le torse.
Je fonce à 80 à l’heure rue du Quatre septembre. J’ai froid.
C’est trop bon.