vendredi, octobre 28, 2005
Contre tout chacal.
Entendu dans une émission à l’occasion de la sortie du film "boite noire" de Richard Berry, qu’il y a trois personnalités en chacun de nous : Il y a celui que l’on aimerait être, celui que l’on croit être et celui que l’on est vraiment. Ben moi, si je ne sais pas qui je suis, je sais que j’aurais aimé être Bob Morane (et je ne dois pas être le seul). Et puis, à force d’entendre Nicolas répéter sans cesse que le héros s’appelle Bob Morane, j’ai voulu le côtoyer, moi ce fichu héros. Ben pas déçu le Damoon. Bouquins pulps, Bd (du moins les six premiers tomes de l’intégrale par Vance) bien fichues. Alors veuillez décliner votre identité, jeune homme : "Nom : Morane : cela sonne bien (et évoque les célèbres avions Morane Saulnier). Prénom : Robert, dit Bob (pourquoi pas ?). État civil : célibataire (évidemment). Age : entre 20 et 30 ans (plus tard, et définitivement, 33). 1,85 mètre, 85 kilos, grand, beau, costaud, des yeux gris d'acier. Indépendant, un peu non conformiste, prêt à secourir la veuve et l'orphelin, l'orpheline, de préférence. Profession(s) : ancien pilote de la RAF (au début) - Ingénieur - chevalier des temps modernes - etc. Compagnon de toujours (et pour toujours) Bill Ballantine. ("Ne m'appelle plus Commandant Oui, Commandant"). Sports : ceinture noire de judo, boxe, parachutisme. Résidence : Paris (un bel appartement quai Voltaire). Mémoire, intelligence, attention, Connaissances : niveau supérieur (cela va de soi). Visage, silhouette, taille : viril, athlétique, cheveux en brosse, bref... ressemblant trait pour trait (quel hasard !) à un certain René Emery. Caractère : généreux, sûr de soi mais modeste. Décor de ses aventures : le vaste monde et, de préférence, des endroits et des circonstances réelles et vraisemblables qui ont été récemment dans l'actualité. Ce dernier point est évidemment essentiel et il constitue, une des bases du succès de Bob Morane. En articulant ses aventures et ses rebondissements sur des événements authentiques, Henri Vernes a réussi en effet à conférer à son héros une crédibilité exemplaire et qui lui a permis d'ailleurs ensuite de le faire vivre - avec l'Ombre jaune notamment - dans des mondes les plus étranges et même dans la quatrième dimension. Le "truc" consiste en fait à ancrer les aventures de Bob Morane dans des réalités ou des hypothèses scientifiques parfois très récentes comme : la fatigue de l'acier en aéronautique (Panique dans le ciel), la fonte des glaciers du pôle (Les Dents du Tigre), les dernières découvertes de l'archéologie (La Vallée des Brontosaures), ou de la vulcanologie (La Griffe de Feu), l'univers inconnu des barrages du Grand Nord (Terreur à la Manicouagan), au gré de l'imagination fertile d'Henri Vernes... et de sa documentation ! Mais j'anticipe car en octobre 1953, au moment où Henri Vernes bouclait son premier récit, "La Vallée infernale" située dans la jungle de Nouvelle-Guinée. A Verviers, apparaît la première représentation de Bob Morane par Pierre Joubert qui, selon nous ne ressemblait pas suffisamment à René Emery. On en voit encore la trace maladroite dans le visage quelque peu figé de ladite couverture. C'est le troisième mercredi de décembre 1953 que le premier Morane vit le jour. Puis, déjà le deuxième Morane, "La galère engloutie", c'est-à-dire cinq numéros et deux mois et demi après le premier. Contrairement au plan établi, qui prévoyait avec une rigueur absolue des intervalles de quatre numéros et de deux mois entre chaque nouveau titre, il avait fallu en effet accorder à Henri Vernes un délai supplémentaire et imprévu de quinze jours provoqué par une croisière dans les Antilles, programmée depuis longtemps, mais qui semait l'inquiétude à Bruxelles, et m'amenait, le 5 janvier 1954, à envoyer à notre futur grand auteur, à bord du paquebot "Colombie" un télégramme ("Attendons impatiemment fin Galère") qui fut le premier d'une longue série de rappels et de harcèlements qui contribuèrent, pendant de longues années, à maintenir le rythme et la régularité (commercialement essentielle !)' des rencontres avec le lecteur. Mais, si ce ne fut pas toujours simple de publier à 250 km/h, le moment vint pourtant vite - étonnamment - vite du premier millionième... Et puis le N°100 ...Et puis les mille personnages qui l'un après l'autre sont nés et vivent pour notre seule fascination, puis vint la télévision, les disques et le cinéma, où tant de tentatives se sont succédées... Et la chanson de Louiguy à "Indochine" dont "L'Aventurier" témoigne aujourd'hui de la quasi immortalité de Bob Morane. Et puis, encore les albums de B.D. Dans son salon bruxellois encombré par les poupées, statues, épées, tableaux médiévaux et autres bibelots exotiques rapportés de voyage ou achetés chez les antiquaires, Henri Vernes, caché derrière ses éternelles lunettes fumées, dressait le portrait de son héros de papier. «Bob Morane ? Ça fait quarante-huit ans qu'il m'enquiquine», lâchait-t-il avec un sourire amusé. Belle prestance, le papa peut être fier de son rejeton : 183 épisodes, une soixantaine de BD, 26 téléfilms en noir et blanc (avec Claude Titre dans la peau de Bob Morane), 26 dessins animés. Sa progéniture est devenue un mythe. Précurseur d'Indiana Jones, de James Bond, de Jurassic Park, distributeur de rêves et de voyages, il a pimenté la jeunesse de millions de quadras, quinquas et sexagénaires d'aujourd'hui. Parmi les lecteurs acharnés, Christophe Gans, réalisateur du Pacte des loups. Des aventures de Bob Morane il a toujours voulu faire un film. Un rêve de gosse. C'est désormais chose faite : L'Aventurier sera bientôt sur grand écran (1), incarné par Vincent Cassel, pour un épisode inédit, adapté des trois premières aventures de Bob Morane contre l'Ombre Jaune. Destination: Londres et la Birmanie, dans les années 1960. Voilà qui va donner un nouveau souffle au héros. Né le 16 octobre 1918 à Ath, en Belgique, Henri Vernes, de son vrai nom Charles-Henri Dewisme aime l'aventure, même s'il s'en défend. Après avoir grandi à Tournai, «dans l'ancienne Picardie française» «ça fait plaisir aux Français», précise-t-il - il débute ses vagabondages dès l'âge de 19 ans. Cap sur la Chine. «Une fugue, plus qu'autre chose», confiait le père de Bob Morane. D'autres voyages, Istanbul, Berlin, puis, pendant la guerre, les services secrets britanniques. «Rien de très dangereux, on se contentait de collecter des informations et de les communiquer.» Modeste, Henri Vernes: il est tout de même convoqué par le lieutenant Walter, chef de la Gestapo, pour fait de résistance. Heureusement, les deux hommes s'étaient rencontrés autour d'une coupe de champagne quelques jours auparavant, lors d'un cocktail. La Gestapo «oubliera» son dossier. Après la Libération, sa bougeotte le reprend. Amérique du Sud, Antilles, Venezuela, Colombie. Il devient journaliste, correspondant pour Nord-Matin et Nord-Soir, reporter pour quelques magazines. A l'époque, il habite quai Voltaire, à Paris, vit les folles nuits de Saint-Germain-des-Prés. Au petit matin, il court acheter le journal, choisit son sujet et dicte, de la poste de la rue du Louvre, son article pour le soir. L'envie de créer un personnage qui soit un aventurier, il l'a toujours eue. Le patron des éditions Marabout va lui donner l'occasion de passer à l'acte. Le défi : créer un héros pour la jeunesse, à raison d'un épisode tous les deux mois. Charles-Henri Dewisme se lance. Il devient Henri Vernes. Le 16 décembre 1953 naît Bob Morane. Pourquoi Morane ? Un «Morane» est un guerrier masai qui a tué son premier lion ; c'est aussi le pseudonyme d'un peintre du dimanche, ami d'Henri Vernes. Pour le premier épisode, Bob Morane part en Nouvelle-Guinée, dans La Vallée infernale. Succès immédiat. Henri Vernes se transforme alors en machine à cracher des Bob Morane. Certains épisodes sont bouclés en quelques jours. Mais où cette plume infatigable puise-t-elle son inspiration ? «Dans les faits divers, la politique mondiale, les découvertes scientifiques, les faits historiques.» Plus une grosse part d'imagination. Et Bob Morane, est-ce qu'il ressemble au papa? «Physiquement, non ! Mais il a mes goûts, mes réflexions philosophiques et écologiques. Comme moi, il aime le jazz, la peinture, les antiquités et les voyages.» Pour les nombreux fans, Vernes et Morane ont beaucoup plus en commun : même date de naissance (le 16 octobre), donc même signe astrologique (Balance), même attrait pour le sport - s'il n'a jamais piloté d'avion, Henri Vernes a pratiqué la boxe, le tennis, l'aviron, et fait toujours du vélo d'appartement... et, surtout, il a connu bien des aventures, avant d'en inventer ! Les yeux rieurs, il se souvient : «C'était dans les hautes sierras de Santa Marta, en Amérique du Sud. Avec des amis colombiens, on était à la recherche de l'homme-aux-pieds-à-l'envers, l'équivalent sud-américain de l'homme des neiges. Seulement, ce jour-là, il y avait une grande fête indienne dans la montagne, à laquelle les Blancs ne pouvaient pas assister. Les Indiens nous ont empêchés de passer, par des moyens plus ou moins pacifiques...» En Haïti, il est parrain de cérémonies vaudoues. Avec la Légion étrangère, il tombe sur des révolutionnaires de l'autre côté de la frontière du Surinam. Rien à voir avec les aventures extraordinaires de Bob Morane, bien sûr: Henri Vernes ne se décerne pas le titre de baroudeur. Les femmes, en revanche, ne l'ont jamais laissé indifférent. Et ce n'est pas un hasard s'il y a autant de créatures de rêve dans la vie de Bob Morane: Aïsha, devenue sur le tard la petite amie officielle du héros, Tania Orloff, nièce de l'Ombre Jaune, la belle Sophia Paramount, reporter de choc et de charme, championne de karaté, femme libérée, «copine d'aventure» et chouchoute de l'auteur... Pour autant, le héros ne s'est jamais marié, son papa y a veillé. Une épouse, des enfants, ça coupe un peu l'aventure. Ou alors faudrait-il y voir une inavouable relation entre Bob et l'indispensable Bill Ballantine, «le géant roux, aux poings gros comme des têtes d'enfant»? «Non!» se récrie avec horreur Henri Vernes, qui n'a d'ailleurs guère apprécié la BD parodique Bob Morane, faisant de Bob et Bill un couple digne de La Cage aux folles. En quarante-huit ans, Bob Morane n'a pas pris une ride. Eternellement âgé de 33 ans - une allusion à Blaise Cendrars, qui écrivait toujours 33 romans à paraître, même s'il n'en a jamais sorti autant - le héros évolue avec ses lecteurs. Au départ un peu boy-scout «Parce que c'était l'époque», expliquait Henri Vernes - toujours embarqué dans des histoires policières, d'espionnage ou de jungle, il s'est perfectionné. Dans les années 1970, c'était santiags et rouflaquettes, maintenant, il a un ordinateur et un téléphone portable. Bob Morane s'adapte à la mode, sans trop vraiment y coller. C'est peut-être ce qui explique son incroyable succès: 40 millions de lecteurs à travers le monde en près de cinquante ans, le public ne l'a pas lâché. Il écrit à la main, comme toujours Un public qui compte maintenant moitié d'adultes, et de plus en plus de femmes. Dans La Fille de l'anaconda, cette fois, Bob Morane est en Amérique du Sud, au secours d'une jeune fille tatouée d'un anaconda sur l'épaule et enlevée par une société secrète de révolutionnaires du Pérou. Henri Vernes n'excluait pas non plus qu'à sa disparition, un autre auteur prenne le relais. Un «beau-père», en somme. Car, expliquait-t-il, «ce n'est pas parce que les papas meurent que les fils doivent mourir aussi!» Bob Morane est déjà invincible. Serait-il immortel ? Bob est donc né un 16 Octobre (voir 'La nuit des Négriers'), et est donc du signe de la balance, ascendant Scorpion. Même s'il est acquis que notre héros ne vieillit pas, sa naissance est datée aux environs de 1925 : "Si je ne m'abuse, en 1945, vous comptiez cinquante-trois victoires homologuées, et vous aviez à peine vingt ans " (du "Maître du silence" -Lord Pernambouc, à propos des victoires militaires de Bob-) De manière générale, il a «trente-deux ans depuis six mois, douze jours et trois heures exactement» (voir «Les sortilèges de l'Ombre Jaune») , mais il se prend un coup de vieux (trente-cinq ans) dans «L'oeil de l'iguanodon». Ses parents, décédés, lui ont laissé un héritage coquet qui lui permet d'être à l'aise. Sa mère était bretonne : « En secouant la tête, Morane coupa :- Aucune crainte... Si tu veux tout savoir d'ailleurs, ce cimetière m'appartient, avec quelques centaines d'hectares qui se trouvent autour. Un bien familial, du côté de ma mère, qui était bretonne." (L'Ombre Jaune et l'héritage du Tigre) ». "L'immeuble appartenait à Bob Morane. Il l'avait hérité de ses parents -entre autres choses- et, tout d'abord, il n'y avait occupé qu'un modeste quatre pièces presque sous les combles." ('Rendez-vous à nulle part'). Bob est assez à l'aise pour pouvoir se permettre d'employer un majordome (Bertrand) à plein temps dans sa résidence secondaire, une ancienne abbaye en Auvergne, et pouvoir rouler en Jaguar ("Une rose pour l'Ombre Jaune"). Dans 'La prison de l'Ombre Jaune', Bob se rappelle un épisode de son enfance, avec son père. Son physique «Il se sentait en pleine forme, avec son mètre quatre-vingt-cinq de taille, ses quatre-vingt-cinq kilos et des poussières d'os et de muscles bien entraînés, ses nerfs d'une solidité à toute épreuve.» (Les papillons de l'Ombre Jaune). Sa taille est donc d'environ 1,85 mètre. Mais c'est variable : «Taille : 1 mètre 84, poids : 83 kilos 600» («Les sortilèges de l'Ombre Jaune»); 1,82 dans «L'ennemi invisible». Son point faible : les cauchemars «Une seule particularité le handicapait : il était sujet aux rêves, qui souvent tournaient au cauchemar.» ('Rendez-vous à Nulle part'). De la même façon que Bob, et le lecteur avec lui, se perd parfois dans les méandres du temps, il arrive que les frontières entre rêve et réalité se fassent floues, laissant entrevoir un passage vers un monde parallèle. Ainsi, le "démon Solitaire", s'ouvre sur cette étrange et troublante sensation de déja-vu que nous avons tous un jour ressenti : "Morane eut donc une impression de déjà vu. Pourtant, il ne chercha pas à travers ses rêves, ni ne fouilla sa mémoire héréditaire." Bob Morane reste un coureur de jupons impénitent et il assume, même si ça fait ricaner ses amis ! "On ne se refait pas, professeur, dit calmement Morane, on ne se refait pas... Mais je ne suis pas venu ici pour que vous me fassiez la morale sur ma façon d'organiser ma vie..."(du 'Réveil de Kukulkan'). Dialogue dans 'Les 1001 vies de l'Ombre Jaune' : Vous voilà enfin, Bob!... Où étiez-vous passé ? A Bruxelles, chez une amie. Une amie ! ricana l'archéologue, comme l'aurait fait Bill Ballantine. Les femmes vous perdront, Bob » Dans 'Les bulles de l'Ombre Jaune', Bob avait décidé de rester dans le passé, par amour pour une belle princesse blonde, Ethelweed...'Etait-ce de l'amour ? Plutôt de la magie'. Mais dès la page 60 : 'Malgré lui, il pensa à Ethelweed, mais il la chassa rapidement de son esprit'. Et à la page 148, adieu Ethelweed, bonjour Sheeba : J'ai l'impression, dit Ballantine avec un rire gras, qu'il va falloir de nouveau compter avec une "princesse de légende "... Bill flippe ! "Je vis dans une perpétuelle terreur à l'idée qu'un de ces jours une de ces adorables créatures se mette à vous dévorer le coeur par petites bouchées..." ("Les Papillons de l'Ombre Jaune"). Excellent combattant : «Vous possédez une connaissance parfaite des armes à feu, que vous maniez d'ailleurs avec une adresse rare. Avec le même succès, vous maniez les armes blanches, depuis l'escrime à l'épée et au sabre jusqu'au kendo japonais. Mais ce n'est pas tout. Les techniciens du combat au corps à corps n'ont pas davantage de secrets pour vous.» (Les damnés de l'or). Des talents insoupçonnés : Bob sait jouer du luth en chantant les chansons de Trénet et de Brassens (L'épée du paladin). Il sait faire la cuisine (La croisière du Mégophias). C'est le champion du noeud marin (La cité des rêves). Ses hobbies : Bob aime bien les voitures. Il collectionne les armes anciennes (L'épée du paladin) Il collectionne aussi les vieux bouquins, et lit beaucoup. De temps en temps, il bosse. Les langues que Bob connaît : Citons entre autres : le français et l'anglais bien sûr ; le japonais ("La bête hors des âges" et "L'oeil du samouraï"), le pidgin ("la croisière du Mégophias"), le papou ("La vallée infernale"), l'arabe ("Panique dans le ciel"), le patois bêche-de-mer (jargon anglais/malais) (voir "L'Orchidée noire"), le zoulou ("Mise en boîte maison") le malais (voir "L' île du passé"), le créole (voir "Snake") Mais ne parle pas un mot de flamand ! ("le sentier de la guerre"). Pourquoi le nom de 'Morane' ? Moi, j'aurais bien vu l'inspiration de l'avion 'Morane'. Le succès de cet avion est contemporain de la jeunesse d'Henry Vernes, et Bob Morane est d'abord et avant tout un pilote de chasse, ayant fait ses preuves pendant la seconde guerre mondiale. Mais l'illustrateur Pierre Joubert, dans le livre "A propos de Bob Morane et de Signe de Piste", paru aux éditions Nautus, raconte : «Le héros devait s'appeler Mallard. Je trouvais que l'idée était bonne, mais que ce nom de Mallard ne sonnait pas très bien.Ca me faisait penser au 'mollard'. Après discussion, nous sommes tombés sur le nom de Morane. Je ne me souviens plus lequel de nous trois (Vernes, Schellens ou moi-même) a trouvé ce nom.» Ses habitudes au quotidien Bob Morane boit son café noir. «Coinçant le combiné du téléphone entre le cou et l'épaule, il but une gorgée de café noir, frais et brûlant.» ('La malle à malices') «Morane s'habilla, tandis que son mini-percolateur lui préparait goutte à goutte une autre tasse de café fort et noir comme la nuit.» ('La malle à malices') Bob Morane dort en pyjama. «Il était en pyjama, dans son lit, à l'hôtel Presidio.» ('Les poupées de l'Ombre jaune') Bob Morane est crotopodomane. «Bob obéit, croisa les jambes : il était crotopodamane» ('Rendez-vous à Maripasoula') Un peu superstitieux. «En lui-même, Morane se livrait à un combat. Il s'étonnait. Le mystère du Serpent à Plumes - ou, mieux, des serpents à plumes - le fascinait. Il eût aimé le résoudre. Pourtant, cette fois, la sagesse l'emportait encore sur son goût immodéré pour le danger. Peut-être était-ce son signe Balance qui l'emportait sur son ascendant Scorpion, Pourtant, il n'en était pas certain. Il ne considérait pas l'astrologie comme une science exacte. » ('Le réveil de Kulkulkan') Quand il voyage, ses bagages ressemblent à ceux de ma mère. Aimant ses petites habitudes, Bob a du mal à se remettre de la destruction de ses valises dans «Menace sous la mer» : «Ses valises étaient depuis des années de fidèles compagnes de voyage, qui l'avaient accompagné sur les cinq continents, et c'était un peu comme s'il venait de perdre de tendres amis. Il serra les poings, ses mâchoires se durcirent, et il pensa que, vraiment, le Smog devrait payer tôt ou tard cet acte de vandalisme auquel il était bien près de donner le nom d'assassinat.» Quand Bob part en voyage, il emmène un bric-à-brac incroyable. Citons entre autres : un tas de médicaments ('Les larmes du soleil'), un miroir à pied escamotable ('Panique dans le ciel'), un compte-fils ('L'oeil d'émeraude'). Qui est Bill Ballantine ? Descendant du clan McGuiliguidi, Bill serait né à Edimbourg, dans l'entrepôt d'une grande distillerie. ('Les jardins de l'Ombre Jaune') à Perth, en Ecosse ('la bête hors des âges'). Bill fut mécano dans l'aviation de marine ('la vallée infernale). Dans les premières aventures, son nom s'écrit avec un seul 'L' : Balantine. Physiquement, Bill est un géant aux cheveux rouges, avec 'une trogne boucanée', 'un nez cassé' et de 'lourdes mâchoires'. Il présente également 'd'inattendues fossettes dans ses joues taillées à coups de hache et tannées ». Son poids est très variable : 100 kg dans 'Le retour de l'Ombre Jaune' ("Tout autre se serait écroulé sous le choc, car Ballantine pesait quelque cent kilos."), 110 kg (dans 'Le châtiment de l'Ombre Jaune'), 120 kg (dans 'Le trésor de l'Ombre Jaune') 130 kg (dans 'L'oeil du Samouraï' ou 'Les berges du Temps') et jusqu'à 140 kg (dans 'L'arbre de la vie'). Bill Ballantine et le Capitaine Haddock "Que le Cric me croque, commandant" sont les premiers mots de 'Les sept croix de plomb'. Hasard, coïncidences, ou influences entre grands auteurs belges ? De la même façon que le Capitaine Haddock n'est qu'une figure de second plan dans 'Le Crabe aux pinces d'or', avant de prendre un rôle prépondérant, dès 'L'Etoile mystérieuse', auprès du reporter Tintin, Bill Balantine, d'abord rencontre de hasard, s'impose rapidement auprès de Bob Morane, reporter occasionnel. Comme le Capitaine Haddock, Bill est un épicurien, qui se prend une cuite plus souvent qu'à son tour, et demande fréquemment à Bob "Quand est-ce qu'on mange ?". Tous deux sont des forces de la nature, qui ne reculent pas devant le danger, mais aiment également se retirer, l'un à Moulinsart, l'autre dans son manoir d'Ecosse, à pantoufler et cultiver le jardin et les poulets...Tous deux sont brocardés pour leur penchant pour la dive bouteille... Les plus beaux jurons et les réparties les plus drôles leur sont dûs. Comme le Capitaine Haddock encore, Bill joue le rôle du fou du roi auprès du héros. Jovials, bourrus, costauds et toujours partants, tous deux usent d'un franc-parler, parfois argotique, pour appuyer leur gros bon-sens, et ramener leurs preux compagnons à une réalité plus terre-à-terre. Même en amour, ils ont leur petit succès...même si ce n'est pas toujours auprès du premier choix...Boulot : éleveur de poulets en Ecosse, et fier de l'être ! "Et je veux bien parier que vous n'avez encore jamais vu des poulets comme comme les miens !" Petits défauts : Supertitieux "Une pie qui chante près de la maison, c'est signe de mort dans la saison." (Le masque du Crapaud), Bill ronfle («monstres de la nuit»), grosses qualités Mécanicien hors pair et pilote " - On prétend également que vous seriez capable de poser n'importe quel avion sur un mouchoir de poche, alors que tout autre que vous casserait du bois ..."('Les damnés de l'or') Infirmier (voir 'Les sept croix de plomb'). Dans les épisodes les plus récents, Bill parle argot. Le franc-parler, oui. Un Ecossais qui joue les titis parisiens des années cinquante, non. Monsieur Ming, alias L'ombre Jaune, est l'éternel ennemi de Bob Morane, son adversaire le plus coriace. À la tête d'une puissante organisation, le Shin-Tan, il a décidé de faire le bonheur de l'humanité malgré elle. D'une intelligence prodigieuse, il se joue du temps et de l'espace. Il se dit immortel, vieux de plusieurs milliers d'années. La première impression étant toujours la meilleure, le passage ci-dessous relate la première rencontre de Bob Morane avec Monsieur Ming, dans «La couronne de Golconde». «C'était un Asiatique (un Chinois ou plus probablement un Mongol) de haute taille, vêtu d'un costume noir au col fermé de clergyman. Des bras anormalement musclés, s'il fallait en juger par la façon dont il remplissait les manches du vêtement, et aussi les mains énormes, osseuses, avec des doigts pareils à des dents de fourche. Mais le visage plus encore retenait l'attention. Un visage d'un jaune un peu verdâtre, faisait songer à un citron pas tout à fait mûri. Le crâne était rasé et l'ensemble rappelait une lune. Entre les pommettes saillantes, le nez se révélait large, épaté. Quant à la bouche, fine mais aux lèvres parfaitement dessinées, elles s'ouvraient, quand l'homme parlait, sur des dents pointues, qui ne semblaient pas appartenir à un être humain, mais à une bête carnivore. Les yeux non plus n'étaient pas humains. Sous les paupières fendues obliquement, ils faisaient songer à deux pièces d'or ou, mieux encore, à deux morceaux d'ambre. Des yeux minéraux, sertis dans un visage de chair. Des yeux qui semblaient morts, sans regards mais d'où cependant émanait une extraordinaire puissance hypnotique». Bob lui donne une cinquantaine d'années. La main droite de Monsieur Ming est un postiche, prodige de micromécanique. Monsieur Ming représente la face obscure de l'humanité, usant de ses talents à mauvais escient. "Un de mes péchés mignons est de jouer les démiurges "('Les papillons de l'Ombre Jaune'). Prophétique, à l'heure des polémiques sur les manipulations génétiques... Les dieux n'existant que s'il y a quelqu'un pour y croire, l'Ombre Jaune a besoin de Bob Morane pour exister... "Il est probable que, sans lui, la lutte que j'ai engagée contre la civilisation moderne serait privée de tout piment." ('Les papillons de l'Ombre Jaune') En préface de la magnifique BD «Le châtiment de l'Ombre Jaune», Henri Vernes nous confie quelques souvenirs à propos de la naissance de l'Ombre Jaune : De cette époque, je gardais le souvenir d'un «Masque» intitulé le Magicien Noir. Le «méchant» y était la réincarnation d'un savant italien de la Renaissance, Jérôme Cardan, l'inventeur notamment de la suspension qui porte son nom. Je ne sais pourquoi R.T.M. Scott avait fait de ce pauvre Jérôme Cardan un être démoniaque, mais allez chercher ce qui se passe dans la tête d'un auteur. Surtout d'un auteur de romans policiers. Bref, mon Magicien Noir avait, dans le roman de R.T.M. Scott, le crâne chauve, le teint jaune et les yeux dotés de pouvoirs hypnotiques. Je tenais donc une partie de mon personnage de «mauvais». L'autre partie ? Pourquoi pas un Chinois, ou quelqu'un d'approchant. À cette époque régnait encore l'appréhension de ce qu'on appelait «le péril jaune». Et il y avait également cette légende raciste du Chinois «fourbe et cruel». Non...non...rassurez-vous, moi je n'y pensais pas vraiment, mais j'étais certain que mes lecteurs, eux, y penseraient. Peut-être inconsciemment, mais ils y penseraient quand même. Peu de temps auparavant, dans une aventure de Bob Morane intitulée «La couronne de Golconde», j'avais mis en scène un individu du nom de Monsieur Ming, personnage épisodique, mais qui cessa de le rester. Ce Monsieur ming avait lui aussi le crâne chauve, comme Cardan, et il était Chinois, ou Mongol. Bref, un double asiatique du personnage de R.T.M. Scott. Donc, je tenais mon «méchant». Restait à lui trouver un nom. Je décidai de garder Monsieur ming. Rien ne pouvait faire plus chinois. Ensuite, un surnom. J'optai pour l'Ombre Jaune. L'Ombre Jaune, puisqu'il s'agissait de quelqu'un se mouvant, justement, dans l'ombre. Jaune, parce qu'il s'agissait d'un Asiatique. C'est ainsi que j'écrivis le premier roman de la saga, qui enchaînait sur La couronne de Golconde par la suite, le personnage de Ming prit corps. Il dirigeait une société secrète, à laquelle je donnai le nom de Shin Tan. Un nom que je pêchai dans le Larousse du XIXe siècle, volume 4, page 128. L'un des anciens noms de la Chine qui, en réalité, signifiait «Aurore Orientale», mais que je traduisis, moi, par «Vieille Chine». Monsieur ming, alias l'ombre Jaune, était né, et il devait avoir une longue vie. Surtout qu'en cours de route, je n'arrêtais pas de le perfectionner. Il était plusieurs fois centenaire, pouvait même avoir connu l'époque des Pharaons et, grâce au «duplicateur», il devenait immortel. Par la suite, on m'accusa de m'être inspiré de Fu Manchu pour créer mon personnage. On sait maintenant, par ce qui précède, qu'il n'en est rien. Si Monsieur ming avait été un Européen, on aurait dit que je m'étais inspiré de Fantômas. Dans la collection Masque, «Le Magicien Noir», de Reginald T.M.Scott, porte le n°145, et est paru en 1933. Il est à noter que dans la même collection, les ouvrages de la série Fu-manchu, par Sax Rohmer, à savoir Le Docteur Fu-Manchu, Le diabolique Fu-Manchu, et Le masque de Fu-Manchu, portent respectivement les numéros 94, 107 et 139. Les nombreuses aventures de Fu-Manchu écrites par Sax Rohmer ont été à plusieurs reprises portées à l'écran. Myrna Loy dans le rôle de Fah Lo Suee la fille de Fu-Manchu, dans «Le masque de Fu-Manchu», porté à l'écran en 1932. Ses fidèles créatures Les whamps «Leurs corps avaient bien forme humaine sous ces sortes d'armures, paraissant taillées dans du cuir bouilli, qui les revêtaient. Mais les visages, informes, exsangues, possédaient quelque chose de monstrueux, tout comme les yeux ronds et rouges, la bouche sans lèvres, comme taillée d'un coup de rasoir. Quant à la chair de ces visages, elle faisait penser davantage à du caoutchouc qu'à de la vraie chair» ("Une rose pour l'Ombre Jaune") «Des visages à donner froid dans le dos, aux traits inconsistants, comme taillés dans la craie, dont ils avaient la couleur blafarde. Sous des arcades sourcilières proéminentes, en visière de casquette, brillaient des yeux sanglants, luminescents, empreints d'une férocité, d'une cruauté inouïe. La bouche paraissait avoir été taillée d'un seul coup de rasoir, et, quand elle s'ouvrait, c'était pour découvrir une denture acérée, pareille à un piège à loups» ("Une rose pour l'Ombre Jaune"). Comme si cela ne suffisait pas, les whamps se nourrissent de sang. Où la coquetterie va-t-elle se nicher ! Monsieur Ming a de multiples et terrifiants talents, dont il n'hésite pas à abuser : «Car peut-être l'ignorez-vous il n'y a au monde que peu de cuisiniers de ma valeur...» ('Les papillons de l'Ombre Jaune'). Une culture impressionnante... «Cette bibliothèque doit lui avoir appartenu. Les ouvrages latins sont annotés en latin, les hébreux en hébreu, les hindous en sanscrit, les chinois en chinois, les français en français, les anglais en anglais...et tous de la même main. Qui donc, à part Ming, aurait été capable d'un tel tour de force ? » ('Le retour de l'Ombre Jaune')
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