jeudi, septembre 29, 2005

 

36th chamber of the Wu tang clan.

Je ne suis pas un gros fan de rap. Olivier Cachin (t’as eu peur hein ?) est loin d’être mon idole et pourtant j’aime beaucoup la musique du Wu tang clan. Le pire, c’est que je ne sais absolument pas pourquoi. Ca doit être fait pour ça la musique : c’est primal, ça vient de très profond, ça fait vibrer, ça exorcise nos pulsions autodestructrices (hi hi). Les textes traduits sont très loin d’être con et même relativement profonds (pour un groupe de rap), des arrangements plutôt raffinés (pour un groupe de rap) et puis c’est bourré de références (plus en Shaw Brothers qu’en rap bling bling et c’est tant mieux). A suivre la bio, pour celui que ça branche : "Formé au début des années 90 par neuf MC’s de Staten Island et du Bronx, le Wu Tang Clan s’impose en 1993 grâce à leur album "Enter the Wu-Tang (36 chambers)" précédé par le single "Protect Ya Neek" qui les fit connaître au public, après les essais de RZA (we love you Rakkem) et de son Genius). Le Wu est inspiré par les vieux films de kung fu qu’ils allaient voir dans des cinémas de Chinatown (valeurs de solidarité et d’héroïsme) et la philosophie Shaolin : Wu tang est le nom de l’épée constituant l’exercice ultime des moines Shaolin, la 36ème chambre est le niveau le plus haut qu’un moine puisse atteindre au sein de sa formation. Après leur excellent album, les maisons de disques n’hésitent pas à les signer et plusieurs membres sortent leur album, mais sur des labels différents : 1994 : "Tical" (Method Man) 1995 : "Return to the 36 chambers" (Ol Dirty Bastard), "Only Built 4 Cuban Linx" (Raekwon), 1996 : "Liquid Swords" (GZA/Genius) "Iron man" (Ghostface Killah). On retiendra le sombre "Tical" de Method Man, "Only built 4 cuban linx" de Raekwon qui reste un des meilleurs opus du Wu et l’excellent "Liquid swords" de Ghostface killah. La plupart des morceau du Wu tang sont alors produits par le discret mais talentueux RZA qui s’impose comme un des meilleurs producteurs hip-hop, par son originalité et son style caractéristique, mais aussi comme un génie musical reconnu collaborant notamment avec Texas, Björk et Tricky. En 1997 sort le double CD "Wu tang forever", le collectif reste toujours aussi soudé et en 1998 Method man sort son 2ème album d'un bon niveau : Tical 2000, et RZA sort la B.O. de son film "Bobby Digital", excellente. En 1999, le Wu tang clan est toujours au niveau avec les excellentes sorties de GZA/Genius, Method Man & Redman et Ol Dirty Bastard, les sorties correctes de U-god et Inspectah Deck, la réalisation par RZA de la B.O. du film Ghostdog, et le bon "Supreme Clientele" de Ghostface killah. On peut dire que tout le monde connaît le WuTang Clan, même vaguement, sans avoir vraiment écouté un de leur album. Ce groupe, considéré comme chef de file d'un Hip-hop au son puissant et au flow « assassin », fait aujourd’hui partie de l’institution rap. Ses membres participent consciemment à une politique concerté de vampirisation de tout l’espace médiatique, amenant à l’arrivée une très forte présence sur la scène musicale (au moins deux albums solo par an), voire la scène audiovisuelle et cinématographique (certains sont devenu des acteurs tel Method Man, et R.Z.A., le leader, a fait la B.O. renversante du film Ghost Dog). Cette bande de furieux mené par un leader charismatique, compositeur génial et business man accompli : The R.Z.A., a réussi en l’espace de quatre albums à imposer son univers dans le monde sans pitié du show-business et, surtout, du Hip-hop. Dix ans déjà : retour sur le succès du premier opus du clan Au début des années 90, le rap explose, des groupes (Public Enemy, NWA, Gangstarr, Run DMC…) et des rappeurs (LL Cool J, KRS One, Ice T…) se partagent dans une concurrence encore "saine" le rap biz; l’aspect musical est surtout mis en avant et le talent de ces artistes brillent de milles feux. Cependant en cette année 1993, c’est le rap West coast qui tient le flambeau, la vague planante du G-funk et le tourbillon virulent du Gangsta-rap font des ravages, et des artistes comme Dr Dre ainsi que NWA accaparent l’attention avec une musique coup de poing et un discours percutant. Pendant ce temps sur la côte Est, deux hommes dans l’ombre, préparent une révolution. Leur nom : Robert Diggs, alias R.Z.A., et son cousin Gary Price, alias Genius/GZA. Les deux cousins ont durant cette période ce qu’on pourrait appeler trivialement "la rage". En effet les deux compères sortent d’un frustrant échec lors d’un album précédent (un album de GZA, qui est passé inaperçu pour cause de mauvaise promotion). R.Z.A., introspectif, veut tout reprendre à zéro, contrôler toutes les étapes de la création à la promotion en passant par la production. Il commence ainsi a esquisser les premières idées concernant le projet "Wu", aussi les deux cousins n’oublièrent pas de rameuter quelques uns de leur connaissance (même un cousin de plus : le cinglé Ol’Dirty Bastard). Un single percutant, le doux slogan : Proteck Ya Neck, est produit dans la foulé dévoilant d’entrée qu’il faut compter sur le collectif. Le succès du morceau est si foudroyant que le crew signe quelque temps après chez Loud Records puis, fort de ce succès de prestige, sorte leur album. Fin stratège RZA négocie habilement, avec leur producteur, une liberté artistique totale pour tous les membres du collectif. Ainsi ceux qui souhaitaient faire une carrière solo ont, grâce aux négociations de RZA, pu signer dans le label de leur choix (Method Man chez Def Jam, O.D.B. chez Elektra, Raekwon chez Loud et GZA chez Geffen). Le Wu, plus qu’un collectif rap, une Dream Team Equipe de choc composée de rappeur exceptionnels (Meth, Inspectah, U-god), de lyricistes hors pairs (Ghostface), d’entertainers dans l’âme (RZA, GZA), et surtout armé d’une approche exceptionnelle dans la façon de recréer le " son rap", de la renouveler même, le Wu a tout du Supergroupe rap encore inégalé à ce jour. RZA, le gourou, créateur génial de la plupart des sons "Wu" et rappeur à ses heures perdus, a su canaliser la fougue de chacun ; la maîtrisant afin de sortir un premier album totalement bluffant et déstabilisant. La marque du crew ? Une Obsession pour l’univers Shaolin et la philosophie asiatique, associé à une approche très "Old school" du son à base de sample soul, rythm‘n blues issues de l’age d’or. Là ou certains rappeur-concepteur Puff Daddyen aurait juste fait un copier-coller-sampler classique, RZA lui va plus loin et expérimente jusqu’au vertige. L’univers que l’on découvre à l’arrivée est un amalgame surprenant de mélancolie, de rage et de maîtrise zen : une vraie claque, mieux un coup de nunchaku dans les couilles. Cependant la musique n’est rien dans le rap sans le rappeur qui vient derrière pour la mettre en valeur, mais là, ici, ils sont neuf, et chacun d’entre eux est une entité forte d’où le coté redoutable de la formation au complet. Enter the Wu tang (36 chambers) : un album labyrinthe en trois points La méditation... Une première écoute de l’album déconcertera assurément le néophyte ; l’aspect minimaliste de certains morceaux et l’ambiance sombre et épurée détonnent par rapport aux habituels albums rap "rentre dedans". Mais cependant au fil de l’écoute, on capte l’essence, sa force tranquille. Samples poussiéreux sur beats squelettiques, boucles calées de façon peu orthodoxe, instruments désaccordés, voilà la recette première du crew. C’est cette alchimie entre la musique presque fantomatique de RZA et le rap sans pareil qui fait toute la différence, et qui permet au collectif de briller encore aujourd’hui. Cette musique si introspective que l’on ressent n’est pas tout ; on peut même dire que c’est l’arbre qui cache la forêt, une forêt dense et surprenante puisqu’on constate derrière la présence d’une force, c'est l'avancée vers… L’esprit du guerrier…L’imagerie du combat et des arts martiaux transpirent tout au long de l’album, et nous ne pouvons pas échapper aux samples de films de kung-fu, de sabre fendant l’air savamment distillé et participant au trip d’ensemble. Au delà, la façon de rapper du crew atteint parfois des sommets de furie et l’esprit conquérant est assez perceptible. Cela peut déconcerter mais on rentre sans problème dans le trip, jusqu’à en rester quasiment béat d’admiration. Il est à noter que la pochette de l’album renforce encore cette idée de menace : des moines sans visage font face à l’auditeur dans une ambiance de secte et un logo en "W" à mi-chemin entre des ailes de la colombe et d'une double-hache effilée. "Proteck Ya neck", violemment explicite, le shaolinisé "Da Mystery of ChessBoxing", avec son piano monocorde et le rap déglingué d’Ol’Dirty bastard, on ressent plus rapidement et plus facilement le topo. Le Wu garde un autre atout dans sa manche…L’art du freestyle contrôlé... Le freestyle, cet exercice de style courant du rap dans lequel le rappeur se « lâche » complètement, est très présent tout au long de l'album, alternant sommets égotripiens et chroniques délirantes voire redoutables. Le rappeur excelle dans sa répartie et dans sa façon de "se poser" sur le beat, ici quand nous avons neuf rappeurs redoutables qui s’y emploient. La chose atteint un niveau d’intensité rare. Bien des gens décernent, le titre de "meilleur rappeur du monde" à tout nouvel artiste qui enflammerait l’échiquier du rap cependant ils semblent avoir éliminé un peu prématurément nos neuf compères, surtout l'un d’entre eux : le redoutable Method Man. Dans l’exercice du freestyle, ou rehaussement du niveau d’un rap lambda, ce rappeur reste une référence incontestable. Et justement le "crew", tout en intelligence, lui laisse quartier libre sur un des morceaux les plus célèbres du collectif : le titre auto-promo M-E-T-H-O-D Man (où comment je sais épeler mon nom de façon stylisé). Pour enfoncer le clou, celui-ci viendra faire le refrain légendaire du titre, non moins légendaire, C.R.E.A.M, dans lequel il assène dans une insolence criminelle : « cash rules everything around me, CREAM ! Get a money ! Dollar, dollar bill y'all ». Un refrain chanté depuis lors en chœur par tous les apprentis « gangstas » en culottes courtes. Avec des titres de ce type, les portes de la renommée ne peuvent que leur être ouvertes, et quand bien même elles resteraient closes, je suis prêt à parier que le Wu les défoncerait à coup de pied pour renter quand même. En définitif, un album culte, servi par des rappeurs extraordinaires, à découvrir sans tarder. RZA est le leader d'un des plus prestigieux collectif de l'histoire du hip hop : le Wu Tang Clan. Avec ses neuf potes de Staten Island, ils ont révolutionné le rap américain dès leur premier album "Enter the Wu Tang Clan, the thirty sixth chambers" en 1993 en hommage aux films de la Shaw Brothers. Les musiques de RZA sont remarquées par les réalisateurs de cinéma dont Jim Jarmusch pour "Ghostdog" ou Quentin Tarantino pour Kill Bill. RZA habite chez sa mère qui vit seule avec ses enfants dans les cités HLM de Park Hill à Staten Island. Inspiré par un cousin DJ, RZA commence à s'intéresser à la musique : "Je tapais aux portes de mes copains, et j'achetais les disques de leur mère. La mère d'un pote, m'a donné un paquet de disques. Je les ai utilisés pour faire des beats. C'est toujours les mêmes artistes qui revenaient, alors je me suis dit que je devais acheter leur collection complète, tous les disques d'Ann Peebles, de Al Green, de Syl Johnson. Le Wu Tang était une école d'arts martiaux, et leur spécialité c'était le sabre. Le style de combat au sabre du Wu Tang était considéré comme le meilleur du monde. Imbattable. Même les moines de Shaolin, confrontés au sabre du Wu Tang, sortaient vaincus. Et tout ça on l'a sorti d'un film qui s'appelait "Shaolin contre Wu tang"!" Dès ses origines, le Wu Tang Clan s'invente un univers marqué par les films de Kung fu. En 1998, ils fondent "Ground Zero entertainement" pour éditer en vidéo plus d'une quarantaine de films d'art martiaux asiatiques. De Old Dirty Bastard à Red Man en passant par Ghost Face Killah ou RZA, les neufs samouraïs du Wu Tang clan vont chacun se lancer dans une carrière solo tout en restant soudé. RZA : "En Amérique, il n'y avait pas d'histoire, pour les noirs. Quand tu voyais un film à la télé, ça remontait au 18ème, au Western ou un truc dans le genre. On voyait des indiens tués par des cowboys ou des noirs en esclavage. Dans les films de kung Fu, on part à des centaines de siècles d'histoire. Les types sont des champions, ils sont puissants, ils sont frères, ils se battent les uns pour les autres. Il y a de l'unité. Ca m'a fait appréhender l'histoire du monde" Notons également la très jolie pochette de Bobby Digital dessinée par Bill Sienkiewik (Elektra assassin, Stray toasters, Love and Death)

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