lundi, avril 14, 2008

 

Cowarcounty, la fonction du soleil froid.

Les cons c’est bien connu ça ose tout et moi je dis tout. Vous trouverez sans doute un rapport, forcement trés intéressant, de cause à conséquence. Je vous laisse en toute confiance vous occuper de cela. Je ne sais pas si c’est de l’impudeur ou si je me fous désormais royalement de tout mais ces choses n’ont plus aucune emprise sur moi. Les critiques glissent/ Le temps passe. Pourquoi j’écris ces quelques lignes je n’en sais foutre rien. Mettons ça sur le compte d'un lundi pluvieux ou plus vieux. La seule question que je me pose à l'heure actuelle c'est : Comment écrire tout ça sans tomber dans un navrant pathos Boccolinesque ? Je crains de ne malheureusement pas pouvoir y échapper. On verra bien. De toute façon vous n’etes ici que par hasard ou parce que j’ai glissé de çi de là le mot Pornhub ou Repetto dans quelques uns des mes titres. Le plus dur quand on se jette à l’eau c’est trés souvent de passer les roubignoles alors je me lance. Voila.

Je ne vois plus mon père. C’est comme ça. Après trente trois ans d’incompréhension, je pense que nous avons fait le bon choix. Je n’ai pas choisi cette coupure disons plutôt qu’elle est tombé au bon moment. Juste comme il faut. Un peu comme cette expression qui dit que la pomme tombe toujours très loin de l’arbre, je dois dire que j’ai toujours été très différent de mon père. C’est compliqué mais je ne voudrais surtout pas faire un post à charge, ce n’est pas du tout le but. En écrivant ces quelques lignes, je ne pars absolument pas en me disant que je vais me farçir ce vieux con prétentieux, non, juste en me disant que ça fait neuf mois que je ne l’ai pas vu, que neuf mois c'est un beau chiffre et que ça ne me manque finalement pas plus que ça. En comparaison, je dois reconnaître que j’ai trouvé mon second sevrage nicotinique bien plus difficile encore. Il faut se rendre à l’évidence, lui aussi préfère cette situation, nous n’avions de toute façon plus grand-chose à nous dire. Les concours incessants de Testostérone ayant pas mal compliqués l’ensemble. Comme à chaque fois et depuis trop longtemps. Alors si en plus vous placez une femme au beau milieu de tout ça, le mélange devient explosif. Elle. Ne voulant pas perdre sa place et menaçant de le quitter tous les matins du monde. Lui tenu par les couilles et les mégatonnes que pèsent ses baloches accentuant la lancinante rengaine qui lui demande de trancher le lien. Un bien curieux triangle. Des mots qui sonnent faux. Des discussions qui n’en sont pas. Des semaines qui passent et des bons mots pour épater un brushing. Le male au cri le plus strident récoltant la femelle la plus féconde. Les femmes ont toujours foutu la merde. Je sais pas si dès la naissance on les mets en rang d’oignons en leur répétant à longueur de journée : "les amitiés tu pourriras, les fistons tu éloigneras et les groupes pop tu splitteras". Curieux, je n’aurais pourtant jamais eu à me plaindre d’elle. Jamais un mot plus haut que l’autre, pas l’ombre d’une réflexion sarcastique. C’était un mal plus profond encore, la piqûre était sous l’ongle, là où la chair est tendre, là où on ne peux plus se frotter pour l’apaiser, là où c’est difficilement guérissable. Avec du recul je n’ai jamais correspondu vraiment à la commande, pas vraiment le profil du poste, dirons nous. Là où il aurait voulu que je triomphe sur les stades de rugby, je passais le plus clair de mon temps libre le cul en l’air sous la lumière étrange d’une cave hourdie, les mains dans des caisses poussiéreuses et extirpant d’un improbable maelstrom de papiers, le très collant Marvel Fanfare hs n°2. Deux mondes. Deux univers qui ne se rencontrent jamais. Une belle mécanique dont les deux roues ne tournent pas dans le même sens. Le mouvement pourtant idéal pour se rencontrer, pourtant le choc était à chaque fois plus brutal. Deux bouches énormes qui ne savent pas reconnaître d’odeur aigre du temps qui passe, l’ego confortablement assis dans un passé agricole qui ne conçoit pas le doute ni la remise en question. Autant de mots qui sonnent comme un échec, le roi ne reculant que d’une case à la fois. Le diagnostic est, je dois dire, assez effroyable : je ne suis pas médecin, aucun super pouvoirs, plus Doug Cypher que Barry Allen, pas de sacoche, pas de carotte, pas de cravate. J’ai trente trois ans et je n’ai jamais entendu les mots Merci, bravo, bien, aide jamais connu de journées sans cris, sans larmes, sans conflits, sans coups. J’ai donc toujours fait seul. Sans rien dire. Sans parler. Vivre, jouer, jouir et apprendre, sans lui. De tout façon il aurait été contre. Là où je vois les autres s’appuyer et s’inspirer des décisions je préfère à chaque fois faire le contraire pour ne pas devenir lui. Du modèle il devient le résultat à éviter. Le moindre mimique singée, la démarche, la façon de croiser les jambes et d’éternuer, les mots les accents et les cigarettes. A éviter. A ne pas reproduire. La violence à oublier. J’ai bien connu un… vous seriez le fils de ? Non moi mon père est mort. Alors pourquoi c’est si difficile de voir le fils d’une autre gambader allègrement dans le jardin où vous courriez gamin. Difficile de ne pas avoir cette peur panique à l’idée que je me suis toujours trompé sur son compte, à l’idée glaciale que je pourrais reproduire ce schéma. La peur est pour beaucoup dans l’attente de paternité. Vais-je avoir les mêmes tics ? Vais-je commettre les mêmes erreurs ? Et si c’était malgré moi ? La peur de mal faire est elle sans doute plus saine que l’envie de rien faire du tout. Finalement si j’ai toujours fait sans ce soutien tant attendu d’un père décédé et pourtant toujours bien vivant j’ai fait tout seul mon chemin en me disant "fais le ça servira bien un jour ou l’autre". "Fais et tu penseras après". Est-ce que c’est maintenant que ça doit servir ? Et si je ne pouvais pas changer tout ça ? Et s'il n’avait jamais existé. N’ayant finalement vécu qu’avec quelqu’un qui aime pour deux, je ne sais toujours pas ce que c’est que le (juste) rôle d’un père. Je n’attends plus rien de toute façon, toutes les séances d’analyse du monde ne me donneront finalement jamais ce qui m’a tant manqué à l’époque où j’en avais tant besoin, quand il fallait que je me construise. Des poignards plantés à regarder comment font les autres, des plaies guéries à coup d’humour, d’orgueil, d’amis, de dessins et de temps ont fait de moi un arbre mal né à l’écorce amère. L’édifice dans son ensemble semble pourtant être aujourd’hui relativement stable et plutôt en place sans trop connaître le poids des rafales qu’il peut supporter. J’ai consolidé certaines parties moi même, sans regrets, sans signes distincts et sans goût. C’est peut-être ça au fond être père. Bâtir quelque chose sans trop savoir ce que c’est ni à quoi ça ressemble et le laisser à la disposition des autres. Une étape pour pouvoir souffler. Du calme avant la tempête. Samedi soir, c’était le concert de Daho au Pin galant. J’ai déjà suffisamment parlé ici de ces concepts de concerts pour riches, filer de la thune à la jeune fille qui m’accompagne à ma place face à l’artiste, mon cul dans un gros fauteuil. Beau public. Belle salle. Il règne une douce et agréable odeur de Mandarine. Le concert commence à l’heure pile. Au bout d’une heure de concert juste après "sur mon cou", les lumières s’éteignent et l’artiste, costume lamé, contours dessiné par le projecteur, commence "le Boulevard des Capucines".

Comments:
Tuer le père pour enfin naître et être. C'est salvateur. C'est être un homme. Don't give up the fight!

CT
 
Tout ça pour dire que ta meuf est enceinte ou quoi?
 
Caro : Merci Caro !

Gino : Yo Ginal da living Substrat, non non juste un coup de moins bien...
 
tu mets là le doigt sur ce qui a fait que nous étions un petit groupe de potes : le père (au mieux) absent!
Gino s'est demandé ce que l'on pouvait bien foutre ensemble, tu donnes là la seule réponse valable, en forme de cicatrice, en forme de plaie ouverte , en forme de père absent, d'image nihiliste de l'enfant que nous avons dû être sans ça, sans ce repère.
regarde ces ados que nous fûmes et tu y reconnaitras en chacun une moitié de fils, l'autre étant accrochée à cette figure qui peut manquer jusqu'à un certain age, jusqu'à ce que nous ressemblions nous aussi à un père, jusqu'à ce que nous ayons enfin les réponses aux questions que nous aurions voulu lui poser...
On se fait vieux ma poule!
Bon chance avec ce vieux babyboomer suffisant et méprisant qui nous sert à tous de père.
Le plus dur est, je crois, la première poignée de terre sur le cercueil, après il ne s'agit plus que de boucher un trou qui disparait au fur et à mesure.
Et n'oublie pas : les babyboomers représentent la première génération à avoir tué leurs parents et continué le massacre avec leurs enfants... des êtres parfaits, à l'image de leur monde.
 
Enregistrer un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?