mercredi, novembre 07, 2007

 

My enemy’s enemy (is my friend ?)

Un film sur les alliances douteuses : "Fort de nombreux documentaires, qu’ils soient biographiques (Mick Jagger, Howard Hawks, Donald Cammell) ou documentaires (le révélateur Un jour en Septembre sur la tragédie des jeux olympiques de Munich en 1972), le réalisateur Kevin Macdonald, aussi connu pour son portrait du général/dictateur Amin Dada, choisit ici de s’intéresser à la triple vie, trouble et méconnue, de l’ancien responsable de la gestapo. Par ce portrait, on découvre à la fois une figure tétanisante, qui malgré ses hauts faits, à la fois atroces et inexcusables (dont le massacre de 44 enfants et 7 éducateurs à Lisieux), arrive cependant à la fin de la guerre à passer à travers les maillons de la justice pour être finalement récupéré pour les services secrets américains afin de combattre le communisme. On est d’ailleurs éberlué de voir que celui-ci servit de témoin lors du procès de René Hardy, accusé d’avoir trahi le chef de la résistance française Jean Moulin, et ce sans être inquiété alors qu’il en est l’assassin présumé. Par la suite, il est extradé en Bolivie avec sa famille où il passe une vie discrète sous un pseudonyme emprunté au rabbin du village de son enfance, et se monte peu à peu un réseau de relations qui vont l’aider à mettre en place un embryon de 5ème Reich. Il permettra la création hallucinante de la compagnie maritime Transmaritima Boliviana, alors que la Bolivie n’a pas d’accès à la mer, un projet qui sous couvert de gonfler l’ego du gouvernement, lui servira d’écran pour entre autres, divers trafics d’armes. Là encore son "savoir-faire" et ses méthodes d’investigation et d’interrogation permettront de renverser le gouvernement en place et d’établir un régime despotique à l’issue duquel il sera enfin extradé et jugé, ce grâce au travail d’investigation acharné de Serge Klarsfeld, chasseur de nazis, et de divers témoins et anciennes victimes. A travers la peinture de cette triple vie (nazi, agent des services secrets américains et terrifiant citoyen bolivien à l’influence grandissante), Kevin Macdonald, choisissant l’angle documentaire car bien plus parlant qu’une fiction que l’on jugerait abracadabrantesque vu les faits, ne narre pas seulement la vie d’une figure, mais à travers elle, celle d’un monde malade, aux fondations rongées par l’appât du gain et de la supériorité stratégique et idéologique. Tentant d’être le plus impartial possible grâce à une galerie de témoignages aussi nombreux que poignants, le réalisateur fait la lumière sur certaines pratiques, à la fois inexcusables et souvent passées sous silence de la récupération de l’idéologie et des moyens de l’armée nazie au profit d’autres luttes, à la barbe du public et de la loi."

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