mercredi, mars 01, 2006
Copland.
Raté ce film dimanche soir, du coup acheté le director's cut "Pas facile de casser une image lorsque celle-ci s'effrite peu à peu avec le temps, et bien plus encore lorsque l'on casse la baraque dans un genre aussi démodable que le cinéma d'action. Paradoxe parmi les paradoxes, après avoir ému la terre entière dans Rocky, Sylvester Stallone surprend tout le monde avec ses suites et celles de Rambo en arborant, lui une carrure épatante, et le film un genre totalement nouveau au rythme, au montage à la fois spectaculaire et captivant. Chose rare à l'époque lorsqu'il s'agissait de se mettre des coups de tatane. Il devient alors malgré lui l'icône même du cinéma américain bourrin par excellence à tel point que la plupart du public ne lui connaît que cette facette. Ensuite viennent des Rocky à la chaîne, des hauts et des bas, la superstar jongle avec le box office et les montagnes de muscles tous azimuts n'attirent plus les foules. Entre résurgence soudaine (Cliffhanger) et tentatives de jouer avec lui-même parfois convaincantes (Tango et Cash) parfois consternante (Arrête ou ma mère va tirer) l'homme à la côte de sympathie pourtant maintenue parvient difficilement à tenir le cap. Soudainement arrive Copland, contrebalance du paradoxe précédemment cité puisque Stallone surprend à nouveau tout le monde en laissant fondre ses muscles et en interprétant la catégorie de personnage qui l'avait mis sur le rails à ses débuts, à savoir au profil touchant. Un regard frais sur le film de James Mangold et c'est un sentiment de gaîté qui nous submerge. Non pas que le film soit rose, loin de là, mais tout simplement parce que celui que les bien penseurs prenaient plaisir à assassiner nous prouve à quel point il peut-être très bon, voire extraordinaire si l'on veut s'égarer dans des superlatifs. Il suffisait juste de s'intéresser réellement à l'homme, ne pas le prendre pour le cabot qu'on veut faire croire et lui proposer un film de premier ordre sans chercher à appâter l'oscar, ce que Copland est à tous les niveaux. Stallone à nouveau tient bien évidemment tout le film sur ses épaules, en est fatalement le centre comme souvent mais ici point de starification. Décoiffé, benêt, du bide à revendre, défiguré par un pansement au milieu du visage, à moitié sourdingue et d'une gentillesse infinie à la limite de la crédulité, le brave Shérif Freddy Heflin n'en singularisera que mieux le point de vue extérieur des magouilles policières qui dépasseront autant le spectateur que ce personnage si attachant. Car bien entendu, histoire il y a. Celle du Sherif en question au cœur du fameux Copland, petit bled servant de cure thermale aux flics New Yorkais aux cœur duquel les plus puissants peuvent faire régner là loi puisque le pauvre Freddy n'ose à peine les contrarier. Un train-train qui ne semble gêner personne jusqu'à la bavure qui fait trembler tout le district. Les flics vont mal, on maquille un maximum de preuves pour que tout le monde tente de dormir tranquillement, et les comptes se règlent en famille… à Copland. Une guérilla interne qui fera sortir Freddy de sa carapace peu à peu comme la peluche à l'effigie de l'animal qu'il se trimballe sous le bras et tentera de faire illusion pour prouver que la bonne poire n'est pas juste là pour régler les problèmes de stationnement. Un petit western moderne simple mais d'une efficacité redoutable car mené d'une main de maître, tant sur la narration que sur le traitement des personnages, impeccables sans la moindre exception. Sentiment un peu plus renfloué dans cette director's cut développant un peu plus chacun d'entre eux sans vraie grande scène inédite (le film ne fut raccourci que dans un soucis de programmation des salles de cinéma), mais qui n'en rend le film que meilleur encore. Nécessaire ? Bien entendu, puisque non content de posséder toutes ces qualités le (meilleur) film de James Mangold fait également partie des meilleurs polars de sa génération sans s'emmêler dans les règles du genre. Captivant, admirablement bien interprété, et par un casting de choix qui plus est, sans oublier d'être d'un juste, Copland offre son meilleur rôle depuis des lustres à un Stallone plus touchant que jamais. Rocky Balboa a montré au monde qu'il n'était pas qu'une brute écervelée et le Sherif Freddy dévoile à son petit univers qu'il n'est pas le crétin exempt de talent qu'on veut faire pourtant croire. Ne serait-ce pas là tout simplement la répétitive histoire vraie de leur génial interprète ?"