jeudi, février 23, 2006

 

Wc ouverts.

Le film qui dégouté ma copine de la plongée. Si besoin était, la vision du DVD d’Open water apporte la preuve irréfutable que découvrir un film en salles puis le redécouvrir chez soi peut chambouler les certitudes ressenties lors de la première découverte. Car Open water fait partie de cette race de films qui prennent leur véritable mesure techniquement (la DV, ça a quand même nettement plus de gueule sur support numérique qu’en salles), mais aussi narrativement et émotionnellement, dans le confort d’une seconde "séance". Petit film indépendant bricolé surtout avec beaucoup d’ingéniosité et de courage, Open water n’est en effet pas du tout ce pseudo-thriller aquatique lorgnant à la fois du côté des Dents de la mer (l’incontournable du genre lorsqu’un aileron apparaît sur une affiche) et du Projet Blair witch (pour le côté "d’après une histoire vraie"), comme l’ont fait croire la campagne promotionnelle du film lors de sa diffusion dans divers festivals puis sa sortie couronnée de succès en salles. Si le long métrage de Chris Kentis possède bien quelques séquences de suspense redoutable (l’attaque nocturne des squales, bien que trop courte, possède une efficacité indéniable, renforcée en DVD par le rendement impressionnant de la piste VO DD 5.1 EX, l’EX ayant ici une importance capitale), le sujet du film, une fois qu’on en a découvert le dénouement (attention désormais aux énormes spoilers pour ceux qui n’auront pas encore vu le film), est tout autre qu’un simple survival en mer. Bien loin de l’exercice de style annoncé ou espéré, la seconde vision d’Open water dévoile une œuvre et un regard dur et tragique sur le couple. Le spectateur ayant désormais en tête le destin des deux infortunés héros, les vingt premières minutes du film – montrant de la manière la plus quelconque les prémices du départ en vacances du couple et son intimité tout aussi banale lors de leur dernière nuit (séquences qui apparaissaient comme insupportablement longues au cinéma) – possèdent désormais une connotation émouvante, même si cinématographiquement cela reste toujours bien maladroit. Et une fois en mer, seul aux côtés de Daniel et Susan, on assiste, gêné, mal à l’aise et même presque peiné à l’inexorable échec d’un couple en crise venu resouder leurs liens intimes et qui finira par se retrouver uniquement dans la mort. Alors que, depuis la nuit des temps, le cinéma hollywoodien aime à montrer des couples affrontant les pires obstacles pour finir main dans la main, prêts à repartir pour de nouvelles aventures (le même concept est appliqué à tous les bons buddy movie qui se respectent), Open water dresse le portrait douloureux d’un échec quasi total, non sans avoir joué auparavant durant une petite heure avec les nerfs de ses protagonistes (interprétés par un duo de comédiens excellents) et les nôtres. À l’instar d’une technique de haute tenue, l’édition DVD d’Open water propose des bonus des plus méritants dans leur capacité à cerner de manière concise (même si trop expéditifs dans l’ensemble) le processus de création bien spécifique du film de Chris Kentis. Le jeune réalisateur, justement, on le retrouve aux côtés de sa productrice de femme, Laura Lau, dans un des deux commentaires audio du DVD (VO non sous-titrée dans les deux cas) pour un flot quasi interrompu d’anecdotes de tournage quelque peu atténuées par une valse parfois un peu trop imposante de remarques autosatisfaisantes. L’autre piste commentée permet aux deux acteurs du film, Blanchard Ryan et Daniel Travis, de nous livrer leur expérience forcément fascinante du tournage. Malgré de nombreux blancs (qui auraient finalement justifié la présence d’un montage des deux commentaires), les deux comédiens ont suffisamment d’informations pertinentes (excellent passage où Ryan évoque son aversion pour les requins) pour rendre le commentaire relativement captivant jusqu’au bout… si l'on est un mordu du film. Les sept scènes inédites, dont un début différent et malheureusement non retenu qui aurait placé le film sur le mode du flash-back avec connaissance du dénouement, sont quasi exclusivement consacrées aux relations du couple en vacances la veille de leur expédition sous-marine. Seule une courte séquence de 27s se déroule en plein milieu de l’océan sans que l’on sache vraiment où elle aurait pu figurer dans le récit. Parmi les trois modules vidéo proposés, on ne retiendra pas grand-chose de celui consacré à la recette pour dénicher un bon film indépendant, recette que les grands pontes de Lions Gate Films interviewés semblent connaître sur le bout des doigts, mais qu’ils ont bien du mal (ou simplement fort logiquement pas envie) à dévoiler, restant volontairement très vagues et superficiels. Le court document (moins de 3min) montrant Chris Kentis en plein tournage avec les squales est relativement impressionnant et permet de compenser finalement le manque d’images sur la question du making of. Toutefois, ce dernier est sans aucun doute le bonus le plus intéressant de l’édition, car en moins de 16min il parvient avec un intérêt quasi constant à retracer toute la genèse d’Open water, des débuts amateurs (Kentis et sa femme choisissant leur équipement sur Internet, se renseignant sur les possibilités du numérique…) au dénouement heureux et au triomphe du film (acheté par Lions Gate, plébiscité par bon nombre de critiques américaines, dont Variety…). Open water en DVD n’a vraiment pas la même identité visuelle que Open water en salles. Souffrant d’une diffusion sur support 35mm qui trahissait considérablement le look très spécifique du tournage en DV avec des couleurs peu flashy, un grain trop présent et une définition relativement médiocre, Open water retrouve de sa superbe en DVD. L’image, sans être parfaite, loin de là (un manque de précision évident dans les détails lorsque ça bouge trop), possède désormais des couleurs bien saturées, très vives (les combinaisons du couple en tête), une très belle luminosité, le tout encodé avec un soin manifeste.

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