vendredi, février 17, 2006

 

Infernal affairs trilogy.

Je viens de terminer la trilogie : le premier est une bombe, la préquel est formidable et le dernier est craignos. "Premier épisode d'une trilogie, rarement un film policier de cette envergure n'aura été aussi prenant et réussi. Tony Leung Chiu-Wai (In The Mood for Love, Hero) et Andy Lau (Fulltime Killer) se partagent l'affiche, aux côtés d'une distribution impeccable. Ming (Andy Lau) et Yan (Tony Leung Chiu-wai) sont tous deux issus de l’académie de police de Hong Kong. Le premier connaît un début de carrière exemplaire, multipliant les prix et les éloges de ses supérieurs. Le second, tout aussi brillant, a été choisi par le superintendent Wong (Anthony Wong) pour infiltrer la bande d’un dangereux parrain de la drogue, Sam (Eric Tsang). Le problème vient de ce que Ming est lui aussi un indic, mais pour le compte de Sam. Chaque camp ignorant qui est la taupe de l'autre, la chasse peut commencer… Présenté hors compétition en clôture du Festival du film asiatique de Deauville en 2003 puis à Udine lors de la 5ème édition du Far East Film où il récolta le prix du film le plus populaire, Infernal Affairs de Andrew Law (The Stormriders) et Alan Mak ( A War Named Desire) aurait mérité à ce moment son lot de récompenses, à commencer par un Prix d’interprétation pour les deux stars du film, Tony Leung et Andy Lau, qui sont tout simplement impossibles à départager ! Certes, le jury des Hong Kong Films Awards l’a fait quelques semaines plus tard (Tony Leung a été désigné vainqueur,) mais les délibérations ont dû être longues et houleuses. Rarement, en effet, deux acteurs n’auront aussi bien réussi à partager la première place à l’écran. Le match nul est d’autant plus fantastique que, en dehors du duel classique qui existe toujours lorsqu’un film réunit deux grosses stars et où chacun cherche à tirer la couverture de son côté, le thème même du film est proprement le duel. L'opposition ici est entre un policier qui se sent contraint de trahir son clan (la police) pour venir en aide à un mafioso sans scrupule et, de l’autre côté, un autre policier contraint d’obéir à son supérieur hiérarchique en faisant ami-ami avec le même mafioso sans scrupule. Duel, duquel par définition un seul peut sortir vainqueur. Infernal Affairs joue la carte de la confrontation à tous les niveaux. Nous, spectateurs, savons qui est la taupe dans chaque clan. C'est à partir de cette simple idée que le film arrive à nous tenir en haleine, nous poussant dans le stress constant que l'un des deux se fasse prendre. L'aspect dramatique de l'histoire, chacune des taupes est coincée depuis dix ans dans l'autre camp et n'aspire qu'à une vie normale, renforce l'intensité de l'intrigue. Tony Leung Chi-wai trouve donc ici un rôle similaire à celui qu'il tenait tout juste dix ans plus tôt, dans le classique de John Woo A toute épreuve : une scène d'ailleurs, la discussion entre Yan et le superintendant, est clairement un hommage (réussi) au film du réalisateur de The Killer. Plus encore, la crapule que Tony Leung infiltrait dix ans plus tôt était interprétée par Anthony Wong... qui joue ici le superintendant ! Si le jeu de Tony Leung impressionne toujours autant, par sa sobriété toute en nuance, la surprise vient d’Andy Lau. Producteur du film, il était légitime de s’attendre de la star de Fulltime Killer à une nouvelle démonstration d’excentricité. Une tactique comme une autre pour se démarquer et faire contraste avec la personnalité de Tony Leung. Mais Andy semble avoir retenu la leçon du film de Johnny To qui avait tourné à l’avantage de son partenaire Japonais. En choisissant de jouer le jeu de Tony, c'est à dire sobre et nuancé, il décroche le gros lot, nous surprend chaque seconde, et nous livre ici ce qui constitue tout simplement son meilleur rôle. Andrew Lau qui n'avait pas tourné un bon film depuis des lustres revient à son genre de prédilection, le polar, dont il livra un des sommets dix ans plus tôt avec Jacky Cheung (To Live & Die In Tsim Tsa Tsui). Très malin dans sa construction, Infernal Affairs est un polar magistral aux fausses allures de série B, qui réussit à installer le spectateur au cœur d’un suspense psychologique d’une rare efficacité. Le sens visuel du cinéaste et de son partenaire Alan Mak (qui signe également le scénario du film et de sa préquelle prévue pour Juillet 2003), associé au talent de monteur de Danny Pang (réalisateur du clipesque Nothing To Lose / 1+1=0), aboutit à un équilibre parfait entre des plans à la beauté époustouflante (la scène finale sur les toit entre autres) et ceux plus intimistes, destinés à capter les réactions les plus furtives des personnages. La bande originale signée Comfort Chan très réussie (en particulier la chorale qui résonne aux différents moments clés du film), colle au plus près des images tout en transcendant leur potentiel émotionnel. Prix de la meilleure mise en scène, du meilleure montage, de la meilleure chanson (Andy Lau & Tony Leung dont les carrière respectives de chanteurs sont toujours aussi populaires auprès du public local… De nombreuses catégories où le nom d’Infernal Affairs mérite à juste titre de figurer en première place. Même les acteurs secondaires sont à l’honneur. Anthony Wong (un prix pour lui également pour son personnage de chef de police aux accents paternalistes vis-à-vis de celui de Tony Leung) en particulier qui se montre très impressionnant en dépit d’un rôle plus court que les autres. Eric Tsang livre une interprétation plus extravertie de mafioso, dans la continuité de Cop On A Mission, un polar au point de départ assez similaire (Daniel Wu y incarne un flic undercover qui doit faire tomber un parrain de la mafia incarné par Tsang) où il cabotinait beaucoup plus. Coindence ou vif intérêt pour le ''nouveau'' polar de Hong Kong, les droits de remake américains ont été acheté pour les deux films (également pour The Mission, un incontournable de cette nouvelle vague). Dans Infernal Affairs, Eric Tsang dégage une inquiétante présence qui contraste fortement avec sa petite taille et sa bonhomie habituellement mises en valeur dans ses films. Seules les femmes – Sammi Cheng et Kelly Chan - sont laissées pour compte dans des rôles qui se réduisent à des apparitions cameo, destinées à rameuter les fans des deux actrices/chanteuses. On sent dans ces scènes un peu lourdes (surtout le parrallèle entre l'histoire qu'écrit Sammi Cheng et celle que vit Andy Lau concernant sa personnailté instable) que le film lorgne sur le Heat de Michael Mann. Elles constituent la seule petite déception de ce très grand film, qui revitalisa l'industrie du ciné HK dont l'année 2002 fût l'une des plus désastreuses en terme de box-office et de qualité, et qui on l'espère redonnera ses lettres de noblesse au film policier chinois dans nos contrées.

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