mercredi, février 15, 2006

 

Man on fire.

Hunch achète en double. Je laisse rien traîner. "Ancien soldat américain, John Crease part pour l’Amérique Latine afin de devenir le garde du corps d’une petite fille de dix ans, Pita. Kidnappée par les flics corrompus, celle-ci est tuée suite au payement d’une rançon qui tourne mal. Crease décide alors de prendre les choses en main afin de venger la mort de l’enfant. Man on Fire de Tony Scott est la seconde adaptation du roman éponyme de A.J. Quinnell. Elle fait suite à celle réalisée en 1987 par Elie Chouraqui avec Scott Glenn (John Crease), Joe Pesci, Jonathan Pryce et Danny Aielo. Tony Scott nous livre, en apparence, son Bodyguard dans une version bien moins aseptisée que celle de Mick Jackson qui mettait en vedette Kevin Costner et la chanteuse Whitney Houston, et surtout sans concession directement liées au box office (le film est Rated R). Et tout cela est bel et bien confirmé après une première partie, exposition et présentation des personnages. Scott ne laisse pas une bien grande place au sentimentalisme, et ce, même si certains trouveront les cinquante premières minutes un rien longuettes. Denzel Washington se montre très à l’aise dans la peau de ce personnage sombre et complexe, rongé par l’alcoolisme et animé par une soif de vengeance. Et une chose est certaine, son interprétation aurait mérité d’être mieux exploité par le scénario : « Creasy’s art is Death. He is about to paint is masterpiece (Christopher Walken) » - voilà le pitch qui suivra l’heure d’exposition du film et il faut bien reconnaître que c’est un peu léger. Brian Helgeland aime le thème de la vengeance, il nous l’a prouvé avec le puissant scénario de Mystic River. Mais ici, il suit une ligne bien trop narrative et surtout, il ne sait pas s’arrêter et fait beaucoup trop long (là où Chouraqui faisait une heure et demie, il fait tout de même deux heures et vingt minutes). Pour palier à cette ligne scénaristique un peu trop simpliste (« tu as touché un cheveu de la petite, tu es mort »), Tony Scott adopte un montage bien plus proche de True Romance, voire 21 Grammes que de Top Gun. Mais ce dernier se révèle parfois un rien énervant par son manque de lisibilité et son côté « Je me fais mon Natural Born Killer ». Car au regard de sa filmographie, le réalisateur semble se chercher un style depuis quelques films tout en navigant entre films de commande ou autre blockbusters et films plus personnels. Il adopte ici le registre de la violence « gratuite », déjà présente dans True Romance et renforce donc ce sentiment par un montage un rien névrotique et sous extas. Certaines scènes font passer Michael Madsen dans Reservoir Dogs (dans la scène de l’oreille) pour un enfant de cœur tant Denzel Washington met du cœur à l’ouvrage. Malgré tout, il faut admettre que Man on fire fait partie de cette seconde catégorie et l’on se surprend à se demander ce qu’aurait donné le film avec vingt minutes de moins. Le film n’en reste pas moins haletant, prenant et magnifiquement interprété. La petite Dakota Fanning (Taken (Disparition), Trapped) vole littéralement la vedette à Denzel Washington dans la première partie du film et ce dernier atteint une nouvelle fois un niveau de sobriété défiant toute concurrence et procure au personnage de Creasy une force psychologique à l’épreuve des balles. On aurait donc juste souhaité un scénario un peu plus élaboré, fouillé et un personnage qui ne soit pas aussi « invincible » que ce super-héros que devient Washington au fil du métrage car on est par moments bien proche d’un Rambo ultra-violent.

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