mardi, février 28, 2006

 

Un taxi pour Tobrouk.

Les éditons Atlas sortent la collection Ventura, le premier numéro est à 3.00 € : un occasion à ne pas rater… "Désert de Libye, 1942. Égarés dans le désert, quatre soldats des Forces Françaises Libres s’emparent d’un blindé de l’Afrika Korps. Ils font prisonnier son officier allemand qui attire bientôt leur sympathie, à mesure qu’ils doivent survivre ensemble, pris constamment entre deux feux… Un Taxi pour Tobrouk (Fr.-GB-Esp. 1961) de Denys de la Patellière, ce grand classique du cinéma français populaire "de qualité", n’a pas pris une ride. Mieux, sa vigueur semble inaltérable et on ne s’ennuie pas une seconde au cours des 88’ que dure approximativement le film en vidéo. On l’a vu récemment au milieu d’un public d’âge et de culture très variés, en partie composé de professionnels mais aussi de public "normal" : eh bien les réactions étaient, tout compte fait, sans doute assez proches de celles que le film devait provoquer dans une salle de boulevard de 1961, signe évident de sa valeur intemporelle - celle qui caractérise les classiques authentiques. On fut donc admiratif devant la beauté – enfin restituée telle qu’en elle-même après tant d’années de recadrage ignoble par la télévision - de la photographie en DyaliScope N&B. du grand Marcel Grignon et de son chef-opérateur Charles-Henri Montel. La mise en scène de Denys de la Patellière (ici assisté de Pierre Granier-Deferre) est sobre, agrémentée de courts mouvements de grues limités strictement à la révélation d’un détail ou à la nécessité de l’avancement du récit, et traduit une merveilleuse capacité à rendre l’isolement du petit groupe dans le désert de jour comme de nuit mais aussi à filmer un aspect toujours nouveau de ce même désert. Ce qui pourrait sembler le même change tout le temps : psychologie et décors se dynamisent réciproquement et admirablement. Une mise en scène équilibrée mais qui atteint régulièrement une virtuosité digne d’un Anglais ou d’un Américain de la même époque sans effort ! On fut non moins admiratif du dialogue signé Michel Audiard dont c’était l’âge d’or authentique : ni trop vulgaire, ni trop racoleur, souvent aussi profond que brillant, hésitant entre chaleur humaine et cynisme, argot populaire et réflexions philosophiques de haute volée, rendues bien compréhensibles pour un "grand public". On le fut naturellement à nouveau du jeu des grands comédiens principaux : Lino Ventura, Maurice Biraud, Hardy Krüger, Charles Aznavour tous remarquables d’authenticité, de chaleur et de vérité humaine. Seul German Cobos paraît un peu empesé et monolithique mais c’est aussi son rôle qui le veut et il le sert à la perfection, doublé en post-synchro par … Marcel Bozzufi, l’un des meilleurs acteurs français d’une part et l’un des meilleurs doubleurs français de films étrangers de l’autre, mais aussi – la preuve – utilisé comme post-synchronisateur par ses propres compatriotes. Le scénario est charpenté et minuté comme celui d’un film de John Ford et le plan final – une superposition classique pourtant – est magnifique de puissance lyrique. Qui n’a pas vu Un Taxi pour Tobrouk ne connaît pas vraiment le cinéma français dans ce qu’il a de plus classique mais aussi, peut-être, de plus universel. "

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