vendredi, janvier 13, 2006

 

La tormenta.

J'aime bien cette idée de calme avant la tempête et l'aube de destins audacieux. "Hawaï, ses cocktails, sa mer bleue et son sable chaud. Allongés sur des chaises longues, deux légendes du box office préparent un énorme coup cinématographique. Le 25 mai 1977, jour de la sortie nord-américaine de STAR WARS, Georges Lucas est à Hawaï, à l’hôtel Mauna Kea. Une seule envie : fuir la pression. Médiatique mais surtout personnelle. Car il a investi, dans son opéra galactique, sa vision du cinéma et son avenir dans le métier. Le soi-même, il reçoit un coup de fil de la Fox : les chiffres sont au-delà des espérances. Dans la chambre d’à côté, un autre homme en pleine ascension prend des vacances. Steven Spielberg vient de terminer le tournage de Rencontres du troisième type. Ce dernier, fasciné par le film Piranha, à en tête de tourner un film d’horreur avec un extraterrestre qui à la faculté de tuer tout ce qu’il touche avec un doigt brillant. Ce n’est que le lendemain matin qu’il apprendra de la bouche de Lucas les résultats de Star Wars. Les deux hommes se connaissent et s’apprécient. Euphoriques, ils échangent leurs désirs de cinéastes. Spielberg explique qu’avant de mettre en scène JAWS, il avait souhaité réaliser un épisode de James Bond. La United artist lui avait rétorqué que le personnage était la chasse gardée des Anglais. Lucas lui répond alors : « J’ai mieux que ça ». Il évoque une idée à laquelle il songe depuis longtemps : Celle d’un archéologue qui parcourt le monde à la recherche des plus beaux trésors de l’humanité. La genèse de ce personnage remonte à 1973. Après le succès d’American Graffiti, Lucas se penche sur son concept de base. Sa réflexion est interrompue lorsque lui vient l’idée d’adapter Flash Gordon. Luttant des mois pour obtenir les droits, Lucas échoue et entame l’écriture de la Saga Star Wars. Ce n’est que des années plus tard qu’il repense à son projet d’origine. Mais, très occupé, il laisse Philip Kaufman trouver une trame : l’aventurier partira à la recherche de l’arche perdue contenant les tables des dix commandements. Kaufman, d’abord envisagé comme réalisateur, cède sa place à Spielberg. Les aventuriers de l’arche perdue, devient le bébé du duo le plus en vogue de l’époque. Sur les conseils de Spielberg, Lucas embauche Lawrence Kasdan pour écrire un scénario. Lucas est enthousiaste à la première lecture des aventures d’Indiana Smith. Spielberg craint que l’on fasse le rapprochement avec Nevada Smith, un personnage incarné par Steve Mc Queen dans le film éponyme de 1966. Indiana (le nom du chien de Lucas) reste et Smith devient Jones, et les caractéristiques du personnage se dessinent. Son atout principal : l’antagonisme entre son statut de professeur en archéologie plongé dans ses livres et sa position d’aventurier capable d’aller au bout du monde pour alimenter les musées. Seul désaccord, Lucas veut en faire un homme à femmes, une sorte de James Bond dont la vie de luxe est le premier mobile à ses déplacements périlleux. Spielberg voudrait lui donner un aspect moins classe, plus taciturne, quitte à en faire un alcoolique. Indiana Jones ne sera finalement ni vraiment porté sur la bouteille, ni un inconditionnel du smoking, sans pour autant se priver d’une femme toujours prête à lui tenir tête ou d’un verre de temps en temps. Kasdan livre son script définitif à l’été 1979. Avec l’aide du producteur Frank Marshall, l’équipe part à la recherche d’un studio. Michael Eisner Président de la Paramount accepte de financer entièrement le film. Pour équilibrer le contrat, il demande, en échange des risques financiers qu’il prend, à détenir les droits d’une éventuelle suite. Lucas ne transige pas et doit se plier à ses exigences. Une victoire d’autant plus inattendue qu’à l’époque Spielberg n’a plus l’image du réalisateur générateur de bénéfices. Le tournage de son dernier film, 1941, a viré à la catastrophe, le budget initial ayant explosé. Heureusement pour le duo, la signature du contrat se fait avant la sortie du film qui sera le plus gros échec commercial du cinéaste. En contre partie de la confiance que leur accorde la Paramount, les deux hommes respectent les conditions imposées : 18 millions de Dollars de budget pour 85 jours de tournage. Mieux, ils vont économiser 10% de la somme et terminer le film avec douze jours d’avance sur le calendrier- en rusant, puisqu’ils suppriment des scènes prévues qu’ils savaient ne pas être indispensables. Le choix de l’acteur principal donne lieu à de nombreuses discussions. Les premières auditions font incontestablement apparaître Jeff Bridges comme le candidat idéal. Les noms de Nick Nolte, Kris Kristofferson et Peter Coyote sont évoqués. Mais Marcia, la femme de Lucas, suggère un inconnu : Tom Selleck. L’acteur, qui vient de terminer Magnum, une série pour laquelle il vient de signer un contrat d’exclusivité avec CBS, est contacté. Les essais sont plus que convaincants et le producteur Frank Marshall tente de trouver un arrangement. Croyant dur comme fer au potentiel de son détective privé, la chaîne de télévision refuse de décaler la première saison d’une année. Tom Selleck doit dire adieu à Indiana Jones. Ironie du sort : Une grève empêchera l’équipe de tourner la série pendant plusieurs semaines alors qu’au même moment Spielberg commencera ses prises de vues. C’est en voyant une copie de Empire strikes back que Spielberg découvre que Harrison Ford est l’homme de la situation. L’acteur passe donc du costume de Han Solo à celui d’Indiana Jones. Le rôle du méchant archéologue français est proposé à Jacques Dutronc. Mais le comédien chanteur est incapable d’aligner deux mots en anglais, dixit Spielberg. Le tournage débute le 23 juin 1980 à la rochelle, avant de partir vers les studios Elstree à Londres où seront tournées de nombreuses séquences, dont la fameuse scène du « puit des âmes » qui renferme l’arche ainsi qu’une quantité incroyable de serpents (6000 exactement, importés du Danemark). D’ailleurs Vivian Kubrick, la fille du réalisateur, s’est plaint auprès de Spielberg du traitement réservé à ces milliers de serpents. La RSPCA oblige la production à installer des poubelles sur le plateau dans lesquelles les serpents sont placés et nourris lorsqu’ils ne tournent pas. Ensuite direction la Tunisie dans une chaleur infernale, plein été oblige. Près des lieux où a été construit le village de Luke Skywalker sont reconstituées les rues du Caire. Lors de la séquence de poursuite dans les rues du Caire, Indiana Jones doit se débarrasser d’un individu gênant en faisant preuve de son habileté à manier le fouet. Les conditions de tournage en Tunisie ont épuisé Harrison Ford, atteint de dysenterie. Il propose alors à Spielberg de tuer directement le « méchant » d’un coup de pistolet. Ou comment une scène d’action se transforme en scène comique culte. Autre anecdote, les références à STAR WARS sont nombreuses. Parmi elles, l’avion avec lequel Indy quitte l’Amérique du Sud a pour nom OB-CPO en hommage à Obiwan et C3po. Dans la salle du puit des âmes, l’un des hiéroglyphes représente les droides R2D2 et C3PO. Pour la première fois de sa vie, Spielberg utilise une seconde équipe pour tourner la célèbre poursuite en camion. A sa sortie au Etats-Unis le 12 juin 1981, Raiders of the lost Ark attire une foule nombreuse (242 millions de recettes sur le continent Américain, plus de 6 millions d’entrées en France) et obtient la reconnaissance du métier (cinq Oscars et des nominations en tant que meilleur réalisateur et meilleur film). Bilan : Georges Lucas devient le producteur le plus riche de la planète, Steven Spielberg le réalisateur le plus courtisé, Harrison Ford la star numéro un. Un peu de repos à Hawaï, ça vous change la vie…

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