mercredi, janvier 11, 2006
2006 : AMI dirige déja le monde.
Quelques potes d'enfances, l'un d'entre eux gourou d'une secte millénariste, et c'est la fin du monde..."Sommes nous les adultes qu'on rêvait de devenir ? Si les enfants que nous étions voyaient les adultes que nous sommes, ils rigoleraient peut être… ". C'est cette question que se pose Kenji en découvrant une boîte contenant tous les souvenirs que lui et ses amis avaient enterrés là il y a 28 ans. Une boîte où trône un étrange symbole : un œil surplombé d'une main dont l'index pointe vers le ciel. Ce même symbole qui fait énormément parler de lui en ce moment. Des meurtres étranges, des disparitions, des attentats semblent liés à ce symbole, liés à une personne qu'on appelle Ami. Dans un autre coffret venant du passé, Kenji va retrouver un cahier où lui et ses amis notaient tous leurs délires d'enfants. Ils se voyaient adultes, sauvant le monde contre une force extraterrestre ou déjouant des complots contre l'humanité. Des jeux de mômes innocents et sans grand intérêt en somme… sauf que l'intégralité de ces délires prend vie dans la réalité d'aujourd'hui. Kenji se sent tout à coup responsable de tous ces accidents. Qui pourrait s'amuser à rendre réel de simples rêveries d'enfants ? Désormais l'heure n'est plus à la flemmardise, Kenji quitte son tablier de tenancier de convini pour endosser celui de "super héros". Seul, il tente de convaincre ses anciens camarade de classe de s'associer à lui pour combattre Ami. Mais pour cela, ils doivent découvrir qui se cache derrière ce pseudonyme. Il est évident que c'est l'un d'entre eux, mais leur mémoire leurs joue quelques tours et trouver le véritable coupable ne sera pas de tout repos. Surtout que l'organisation qu'ils combattent est incroyablement bien organisée et que le pire est à venir. Comment a-t-on pu vivre sans Urusawa ? C'est ce que je me demandais à chaque fois que je lisais un chapitre de ce manga. Cet auteur est formidable, et maîtrise parfaitement son métier. Son sens de la narration vous accroche à votre fauteuil, impossible de ne pas ressentir le suspens et l'angoisse qu'il tente de nous faire percevoir. Ses dessins et sa mise en scène vous plonge totalement dans un univers "réaliste" mais palpitant. Urusawa contrôle totalement son œuvre pour mieux nous duper, nous passionner et nous emmener là où il en a envie. Et pour cela il utilise un procédé de narration très original. Surfant à travers 3 époques capitales pour l'histoire de l'humanité, il dévoile pièce par pièce les éléments de ce thriller haletant. Le 31 décembre 2000, Ami réussit son pari fou de répandre la terreur sur le monde et de s’imposer aux yeux de tous comme le sauveur de l’humanité. Au contraire, ceux qui avaient tenté de s’opposer à lui, Kenji et ses amis, passent pour d’effroyables terroristes. Ils connaissaient les plans d’Ami car ceux-ci étaient directement inspirés d’un “cahier de prédiction” que Kenji et ses copains avaient rédigé alors qu’ils étaient çà l’école primaire. Kenji est mort dans l’opération mais ses amis ont survécu, souvent clandestinement. En 2014, un petit groupe d’opposants s’est reconstitué, en particulier autour de Kanna, la nièce de Kenji. Ensemble ils vont tenter, une nouvelle fois, de faire échouer Ami qui semble devoir s’en prendre au pape lors de sa visite au Japon et faire bientôt basculer le monde de l’ère chrétienne à l’ère Ami. Comparé à Monster, la précédente œuvre de l’auteur japonais Naoki Urasawa, 20th Century Boy est construit de façon plus complexe avec des allers et retours permanents dans le temps. Du coup, le suspense a été plus long à se mettre en place… Une première fois, la série semblait devoir atteindre un climax avec l’imminence du changement de millénaire. Mais l’auteur avait désamorcé ce suspens en pratiquant une incroyable ellipse. Ce quinzième volume constitue un second point de tension maximale avec le voyage et l’assassinat prévu du pape. Les rebondissements se multiplient (et pas des moindres), mais malgré les apparences Ami avance toujours. Inexorablement. Effroyablement. Heureux ceux qui ont lu Century Boys car ils ont découvert parmi les premiers une des plus grandes œuvres de la bande dessinée (Prix d’Angoulême de la meilleure série en 2004). Mais Heureux également, ceux qui n’ont pas encore lu 20th Century Boys car ils auront l’inégalable plaisir d’en dévorer les volumes les uns après les autres, sans rupture, et pourront ainsi en apprécier au mieux toutes les subtilités.