mercredi, novembre 09, 2005
Hubert Bonisseur de la Bath.
Tiens, j’ai acheté ça. "Ce coffret Gaumont comporte certains des meilleurs films mettant en scène l’espion français OSS 117 imaginé par le romancier Jean Bruce. Ses aventures originales avaient été éditées par les éditions Fleuve noir puis par celles des Presses de la Cité, ensuite prolongées par sa veuve Josette chez ce second éditeur, avec un succès populaire jamais dément Il s’agit, dans l’ordre chronologique justement adopté par ce coffret, de : · OSS 117 se déchaîne (Fr.-Ital. 1963) d’André Hunebelle avec Kerwin Mathews, Irina Demich, Nadia Sanders, Daniel Emilfork (d’après "OSS 117 prend le maquis" de Jean Bruce) · Banco à Bangkok pour OSS 117 (Fr.-Ital. 1964) d’André Hunebelle avec Kerwin Mathews, Pier Angeli, Robert Hossein, Dominique Wilms (d’après "Lila de Calcutta" de Jean Bruce) · Furia à Bahia pour OSS 117 (Fr.-Ital. 1965) d’André Hunebelle avec Frederick Stafford, Mylène Demongeot, François Maistre, Raymond Pellegrin, Perette Pradier (d’après "Dernier quart d’heure" de Jean Bruce)· Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 (Fr.-Ital. 1966) de Michel Boisrond avec Frederick Stafford, Marina Vlady, Jitsinko Yoshimura, Valery Inkijinoff, Henri Serre (d’après le roman de Jean Bruce adapté, entre autres co-scénaristes, par Terence Young !) · Pas de roses pour OSS 117 (Fr.-Ital. 1968) d’André Hunebelle avec John Gavin, Margareth Lee, Robert Hossein, Curd Jurgens, Luciana Paluzzi, Rosalba Neri (d’après "Pas de rose à Ispahan" de Josette Bruce).i. C’est tantôt Kerwin Mathews (le héros de Jack the Giant Killer [Jack le tueur de géants] (USA 1962) de Nathan Juran), tantôt Frederick Stafford (qui jouera admirablement un rôle similaire dans le Topaz (L’étau) (USA 1969) d’Alfred Hitchcock), tantôt John Gavin (l’amant de Janet Leigh dans Psycho [Psychose] (USA 1960) d’Alfred Hitchcock) qui tiennent le rôle vedette d’OSS 117 dans ces 5 films. Avouons qu’ils s’en tirent très bien tous les trois, entourés de seconds rôles tous plus savoureux les uns que les autres ! Admirable casting pour tous ces titres ! Le travail d’Hunebelle est souvent magnifique lorsque ses directeurs de la photographie emploient le format Scope 2.35. La mise en scène de celui signé Michel Boisrond et de celui co-réalisé par Hunebelle (Fantomasman) et Jean-Pierre Desagnat (le papa de Vincent, le pote de Michael) est un cran en dessous de celle des trois premiers Hunebelle "purs" de ce coffret même si le producteur-réalisateur a soigneusement gardé l’œil, c’est évident, sur le tournage. La qualité de ses castings est souvent hallucinante de richesse : on y croise les acteurs les plus surprenants – c’est tout le charme restitué des coproductions internationales de l’époque. La variété des décors et des extérieurs naturels est un constant plaisir des yeux. Ceux de Bangkok, par exemple, rendent nostalgiques : la ville telle qu’on la voit en 1964 est toute différente de la mégapole actuelle ! Le caractère parfois authentiquement "serialesque" et fantastique des scénarios - par-delà leurs allusions évidentes au contexte historique et politique de la défunte "guerre froide" - mérite d’être souligné. Robert Hossein en savant fou voulant dominer le monde grâce au bacille de la peste (Banco à Bangkok pour OSS 117) ou encore François Maistre en chef d’une armée disciplinée préparant l’invasion du monde depuis la jungle brésilienne (Furia à Bahia pour OSS 117) s’inscrivent directement dans cette lignée. Comme quoi les réalisateurs français pouvaient rivaliser avec les productions contemporaines anglo-saxonnes et européennes concurrentes pour peu qu’on leur en donnât les moyens. Et c’était ici le cas : la durée même d’un film comme Banco à Bangkok pour OSS 117 en témoigne : pratiquement 2h, ce qui n’était pas courant pour une série B, même luxueuse, à l’époque. Évidemment, cette "intégrale" n’en est pas encore tout à fait une puisqu’il manque par exemple le premier film de la série - OSS 117 n’est pas mort (Fr. 1956 en DyaliScope) de Jean Sacha avec Ivan Desny, Danik Patisson, Magali Noël et Marie Dea ; qu’il manque aussi le plastiquement très beau Le Vicomte règle ses comptes (Fr.-Ital.-Esp. 1967, TechniScope et Technicolor) de Maurice Cloche avec Kerwin Mathews, Sylvia Sorrente et Jean Yanne inspiré, comme son titre ne l’indique pas, par le même héros ; qu’il manque enfin OSS 117 prend des vacances (Fr.-Ital.-Brés. 1970) de Pierre Kalfon avec Luc Merenda, Edwige Fenech, Norma Bengell, Elsa Martinelli et Geneviève Grad - ultime film de la série au casting qui ravirait les puristes amoureux du cinéma-bis ! Il manque en outre, pour qu’on puisse parler "d’intégrale", quelques autres titres moins intéressants réalisés par Michel Clément et Bernard Toublanc-Michel, plus ou moins directement inspirés par le personnage de Jean Bruce. Car une dizaine de films au total s’inspirèrent directement de l’œuvre écrite de Bruce entre 1957 et 1969. Cette édition nous fait en tout cas souhaiter ardemment celle d’un second coffret rapidement, complétant cinéphiliquement celui-là par les titres évoqués supra, tant cette série fait bien revivre une période d’histoire du cinéma européen, passionnante à tous points de vue ! " Pas mal foutu, des bonus à la pelle, une bonne dose de kitch et des actus Gaumont et des bandes annonces mystères (dont une de Jess Franco) avant chaque film (comme les soirées de Mr Eddy) Je ne regrette absolument pas mon achat. Ian Fleming p’tit pd, va.