mercredi, novembre 09, 2005

 

The Avengers.

Emma est vraiment plus jolie que Tara. "A l'automne de 1960, le directeur de la fiction de la chaîne britannique ABC, Sydney Newman, veut développer un nouveau concept et remplacer la série télévisée "Police Surgeon" dont l'audience reste faible malgré la côte de popularité dont bénéficie de sa vedette, Ian Hendry. Sydney Newman pense à une nouvelle série inspirée à la fois des romans noirs d'espionnage d'Ian Fleming et de John Le Carré, et dont le vedette resterait Ian Hendry. Ces cogitations font de Sydney Newman le père de cette série qui, non contente de révolutionner la télévision britannique, va connaître un succès mondial : "The Avengers" son titre original. L'idée de Newman est alors d'associer un personnage droit et moral à un partenaire cynique et amoral ; un médecin et un espion : le docteur David Keel (Ian Hendry) et l'agent John Steed, une opposition de caractères qui pourrait se développer en tension entre l'humour et le drame. Mais qui peut endosser le rôle du scélérat ? Newman se souvient d'un comédien qu'il a connu dans son Canada natal : Patrick Macnee. La diffusion du premier épisode a lieu le 7 Janvier 1961. Les critiques ne sont pas excellentes mais l'accueil du public est chaleureux. Commande est prise pour le tournage de 39 épisodes. Il y en aura 26. Une grève déclenchée par le syndicat des comédiens britanniques a stoppé la production. Sept mois plus tard, la production reprend. Ian Hendry est parti faire du cinéma. Jon Rollason le remplace. Il assure le rôle du docteur Martin King dans trois épisodes ( ils ont été écrits pour le docteur Keel pendant la grève)... mais Newman cherche une autre combinaison. Et il a une idée de génie : le nouveau partenaire de Steed sera une femme. Révolutionnaire ! Doublement révolutionnaire, si elles sont deux. C'est ainsi que l'anthropologue Cathy Gale (Honor Blackman) et la chanteuse de cabaret Venus Smith (Julie Stevens) vont rentrer en scène aux côtés de John Steed. Sur les 26 épisodes de la deuxième saison, Honor Blackman en tourne 17 contre 6 pour Julie Stevens. Cathy Gale est plébiscitée par le public. Seule partenaire au final, elle n'aura plus à partager l'agent Steed. La troisième saison (avril 1963 - mars 1964) voit la consécration de "The Avengers". La série entre dans l'histoire des sixties. D'une part, Patrick Macnee et Honor Blackman obtiennent du Variety Club le titre le plus prestigieux pour un acteur de l'époque en Angleterre : Personnalité de l'Année. D'autre part, la série commence à se vendre à l'étranger. Un tel succès appelle une quatrième saison (décembre 1964 - mars 1966)... La gloire n'a pas que des avantages. La performance de Honor Blackman dans le rôle de Cathy Gale lui a valu l'intérêt d'Hollywood. On lui a proposé de jouer Pussy Galore aux côtés de Sean Connery dans le prochain James Bond : Goldfinger. Avec Blackman, Gale est partie. Il faut à nouveau trouver une partenaire à John Steed. La nouvelle amatrice de charme et de choc s'appellera M-Appeal (man appeal), ou si vous préférez : Emma Peel (charmeuse d'hommes). La très belle Elizabeth Shepherd est choisie pour le rôle. Elle tournera un épisode. Elle est aussitôt remplacée par une tragédienne, Diana Rigg. Le courant va passer très vite entre la nouvelle venue et Patrick Macnee (il compte déjà 78 épisodes à son actif) et la série parfaitement en phase avec son époque, voire en avance sur elle, sera bientôt à son apogée. Une vente aux USA se profile à l'horizon. Les chaînes américaines diffusent de plus en plus d'émissions en couleurs. Il faut se mettre au diapason. Avec la cinquième saison (janvier 1967 - septembre 1967), c'est chose faite. "The Avengers" sera la première série britannique à être diffusée, par la chaîne ABC, en prime time à travers tout le territoire. La série sera vendue dans plus de 70 pays. A la fin de la quatrième saison, Diana Rigg menace une première fois de partir. Elle avait découvert que le caméraman gagnait plus d'argent qu'elle. Fin 1967, elle quitte la série. L'équipe de production (Albert Fennell et Brian Clemens) est remplacée pour que la série retrouve des bases scénaristiques plus réalistes. Le nouveau chargé de production, John Bryce, un ancien des trois premières saisons, tiendra le temps de trois épisodes. Fennell et Clemens sont priés de revenir. Ils ont désormais tous pouvoirs. Albert Fennell et Brian Clemens découvrent la remplaçante de Diana Rigg : Linda Thorson, une jeune comédienne de vingt ans. Elle sera la jeune diplômée de l'Ecole des espions, Tara King (du nom que l'actrice a choisi), et la première partenaire professionnelle de John Steed. La sixième saison (novembre 1967 - mars 1969) comprend 33 épisodes. Elle sera d'abord diffusée aux USA et ensuite en Grande-Bretagne. Les producteurs qui comptent sur l'argent américain composent au mieux avec les conditions qui leur sont posées. Mais la série essuie un revers aux USA face au très populaire "Laugh-In" diffusée sur une chaîne rivale. Le diffuseur américain de la série, ABC (qui n'a rien à voir avec son homonyme britannique), décide de ne pas faire valoir son option sur une future saison. Privés de cette source de financement, les producteurs mettent un terme à la série, après 161 épisodes qui auront marqué la décennie.
"John Steed, la crème des agents britanniques, n'a pas toujours été le gentleman honorable au sourire suave, à la tenue impeccable, aux gestes retenus qui déjoue les complots les plus diaboliques comme on joue au croquet (d’un moulinet de parapluie avec un haussement du sourcil). Quand il propose au Docteur Keel de l'aider à venger sa fiancée dans ""Hot Snow"" (le premier épisode de la série), Steed porte l’imperméable mastic et utilise les méthodes douteuses de l’espion. C'est un homme de l’ombre, un personnage cynique, manipulateur et impitoyable. Mais déjà, Steed compte plus sur la finesse que sur un éventuel gadget sophistiqué pour démêler une affaire. Au fil des épisodes le personnage Steed va évoluer avec la série. D'autres aspects de sa personnalité sont mis en lumière. A part quelques allusions à d’audacieuses prouesses de guerre et à quelques affaires juteuses par la suite, le passé de Steed restera un mystère. Mais il apparaîtra peu à peu en homme de biens assuré de son indépendance qui affiche une certaine coquetterie et un goût prononcé pour les grands crus viticoles ou automobiles. Il va glisser insensiblement vers le personnage de l’espion gentleman et charmeur dont l’humour à froid et le flegme sont le dernier rempart du royaume contre les forces du mal."

« Cathy Gale est veuve. Son mari a été tué dans leur ferme au Kenya. Anthropologue de formation, Cathy rentre à Londres pour occuper un poste au British Museum. C’est là qu’elle rencontre un certain John Steed… très occupé, à cette époque, à une chasse au Sorcier. En prenant une part active à la capture de celui-ci, elle devient d’emblée le compagnon d’arme et de charme de l’agent Steed. Cathy Gale est tout ce que le public attend d’un héros d'aventures. Elle est intelligente. Elle a du caractère. Elle est indépendante. Elle pratique le judo en Maître et manie le pistolet en professionnelle. En plus, ce qui ne gâche rien, elle est belle, gracieuse, bienveillante… et sexy. Bref, c’est une Femme ! Bien qu’elle se montre impitoyable envers les ennemis déclarés (en témoignent le revolver qu’elle porte haut sur la cuisse ou les atami qu’elle distribue avec force et précision), Cathy favorise chez Steed un certain adoucissement sinon des mœurs, du moins de l’humeur. Se tisseront entre eux de véritables liens d’affection et de respect… Mais les meilleures choses ont une fin. Après maintes aventures, Cathy s'envolera pour de longues vacances au soleil laissant à Steed le soin de se trouver un nouvel amateur inspiré.
Tout comme Cathy Gale, son aînée, Emma Peel est une femme en avance sur son temps. A 21 ans, elle préside le conseil d’administration de l’entreprise familiale, Knights Industries. Elle semble avoir toujours mené une vie trépidante. Dotée d’un solide bagage intellectuel (en sciences notamment), Emma a un penchant certain pour l’art difficile du bridge. Elle ne dédaigne pas non plus cultiver son corps et pratique en experte les arts martiaux. Elle est parfaite pour le rôle qui consiste à épauler Steed dans sa lutte contre les malfrats et les crapules en tous genres. Emma Peel conduit sa vie (et sa Lotus Elan quand il s’agit de poursuivre un dangereux criminel) à deux cents à l’heure. Elle ne perd jamais son sang-froid ou sans humour, y compris dans les situations les plus délicates. Elle est drôle. Elle ne connaît pas la peur. En un mot, elle est irrésistible. Emma sort de la vie de Steed le triste jour (pour Steed) où Monsieur Peel, son mari pilote d’essai (Il avait disparu trois ans auparavant au-dessus de la jungle amazonienne) refait son apparition.
Tara King est particulière. Jusque-là John Steed n’avait œuvré qu’avec des amateurs : les médecins David Keel ou Martin King, la chanteuse Venus Smith, l’anthropologue Cathy Gale, la présidente du conseil d’administration mais néanmoins aventurière Emma Peel. Il travaillera désormais avec une professionnelle. Tara King est une jeune recrue du Ministère qui a choisi le métier d’espion. Formée dans un pensionnat chic aux finesses de pilotage d’avion ou du ski alpin, elle s’est entraînée depuis au maniement des armes et aux combats de toutes sortes. C’est une belle jeune femme pétillante et vive qui devient rapidement la complice de Steed. Elle installe entre eux un rapport qui ira au-delà de l’admiration réciproque ou de l’affection qui le liait à Cathy Gale ou Emma Peel. John Steed devient le mentor de Tara King et fera d’elle un agent pétrie de charme mais d’une efficacité redoutable. N’est-ce pas elle qui s’envole avec Steed vers les étoiles à bord d’une fusée faite maison ?
1ere saison 1961
« Impers Mastic et Chapeau Mou », petites pépées, alcool au kilo, cigarettes à gogo… Au départ, "Chapeau melon et bottes de cuir" est un thriller entre le film d’espionnage et le film policier.L'association de deux héros (les « Avengers ») que tout oppose en apparence : un médecin (David Keel) et un espion (John Steed). La tension que suscite cette association et l’humour noir que cultive le tandem de choc avec un malin plaisir, va tout de suite forcer l’attention du public et donner à la série ses lettres de noblesse. A l’époque Steed l’homme de l’ombre, cède la vedette à Keel l’idéaliste mais, au fil des épisodes, Patrick Macnee va faire subir à son personnage les transformations qui deviendront par la suite la marque de reconnaissance de la série. Steed, en glissant insensiblement du personnage de l’espion couleur muraille au gentleman élégant et décalé (« Chapeau Melon et Parapluie »), devient en fin de saison le personnage incontournable de la série.
2eme saison 1962-1963
Lorsque démarre la deuxième saison, un vent de renouveau a déjà soufflé sur "Chapeau melon et bottes de cuir". Keel s’est envolé. Steed est resté et a hérité de deux partenaires. Son cœur balance entre Venus Smith, la chanteuse de cabaret, et Cathy Gale, l’anthropologue du British Museum. D’emblée, c’est l’intégrité passionnée de Madame Gale qui charme le public. Son mépris évident pour les méthodes (ou les mœurs dissolues ?) de Steed maintient la recette d’humour et de tension qui a fait le succès de la première saison. Steed, sous une apparence désormais élégante, reste un manipulateur qui n’a de cesse de placer Cathy dans les situations qui lui semblent favorables pour débusquer les méchants. Si Cathy, malgré le poudrier qui cache souvent un pistolet, sait toujours garder les mains propres, Steed, comme à l’accoutumée, n’hésite pas à se les salir. Il est à noter également que les scénaristes ont doté chacun des héros d’un appartement ; que Steed garde un gentil toutou à la maison et que Cathy Gale collectionne les objets d’art africains.
3eme saison 1963-1964
Cathy Gale occupe maintenant à plein temps la place de l’amatrice de choc et de charme. A tel point qu’on estime parfois que Steed fait pâle figure de l’amazone toute de cuir vêtue qu’est devenue sa partenaire depuis la saison précédente. Le personnage de Steed va devoir s’affirmer un peu plus s’il ne veut pas se retrouver éclipsé. Il va s’appuyer sur la fantaisie qui le caractérise depuis le début pour devenir l’image même d’un dandy, certes très raffiné, mais absolument impitoyable quand il s’agit de combattre l’ennemi. D’autre part, quoiqu’il répugne toujours à se servir d’une arme, Steed va gagner en dureté. Cathy, quant à elle, est devenue ce personnage du "justicier sur sa moto" qui ne cesse de partir en croisade contre le Crime. Les personnages sont mieux dessinés. Les intrigues se sont resserrées. Les éléments superflus sont discrètement oubliés (plus de chien , plus de chef pour Steed). La série repose résolument sur l’interaction des personnages. Le public est aux anges. La côte de popularité de "Chapeau melon et bottes de cuir" ne cesse de grimper.
4eme saison 1965-1966
Steed demeure la quintessence même du flegme britannique. Autour de lui, tout a changé. Sa partenaire Cathy Gale a pris des vacances. Emma Peel, une jeune femme très " mode " et très " sixties ", a fait son apparition. La série qui auparavant était tournée en vidéo, sera désormais tournée en film. Les nouveaux chargés de production ont embauché de nouveaux réalisateurs et de nouveaux scénaristes. Steed et Emma devront affronter de plus en plus de savants fous dévoués à l’Ennemi et de criminels mégalomanes qui veulent conquérir le Monde. Laurie Johnson a créé le thème (depuis mondialement connu) de "Chapeau melon et bottes de cuir" et compose la musique de chaque épisode. Les séances en extérieur se multiplient. La campagne anglaise devient un personnage important dans la série (et une valeur sûre d’exportation vers l’étranger et les USA). "Chapeau melon et bottes de cuir" devient la vitrine du savoir faire britannique : Steed roule en Bentley, Emma fonce en Lotus Elan. Et naturellement les rapports que Steed et Emma entretiennent se sont eux aussi modifiés pour aller vers plus de complicité. La désapprobation hautaine de Cathy Gale s’en est allée. Place à l’ironie désabusée d’Emma Peel.
5eme saison 1967
Et la couleur fut ! Pour cette première saison en couleurs, on demande au styliste Pierre Cardin de créer la ligne de costumes de Steed. Quant à ceux d’Emma, ils devront allier la grâce féminine de ses vêtements de ville à la félinité (haute en couleurs) de ses tenues de combat. La vente de la série à la chaîne américaine ABC explique l’absence des tenues très osées d’Emma qui avaient délicieusement fait scandale pendant la diffusion de la quatrième saison. Par ailleurs, la technique de combat préférée d’Emma n’est plus le judo ou le karaté mais un art martial plus chorégraphique : le kung-fu. Désormais chaque épisode démarre avec un sous-titre de deux lignes qui résume l’action de manière humoristique et avec une scène d’introduction où Steed fait appel à Madame Peel pour une nouvelle aventure. La 5e saison voit l’apparition de vedettes invitées de renommée mondiale, telles Christopher Lee, Donald Sutherland et Charlotte Rampling.
6eme saison 1968
La sixième et dernière saison de "Chapeau melon et bottes de cuir" sera diffusée dans plus de 70 pays. Tara King est une espionne qui vient d’achever sa formation. Elle est visiblement émue de travailler avec l’illustre John Steed. En jeune femme indépendante, elle habite un grand appartement au décor psychédélique. En jeune femme moderne, elle conduit des voitures de sport vite et bien, et si (comme Cathy ou Emma) elle est une femme d’action, elle semble néanmoins cultiver une féminité plus fragile à laquelle Steed ne peut rester insensible. Un nouveau personnage est apparu, ou plutôt, Steed a de nouveau un chef : Mère-Grand (un gros moustachu irascible qui conduit la destinée du Ministère). Il se déplace en fauteuil roulant (poussé par une amazone silencieuse) et établit son Quartier Général dans les lieux les plus insolites (mais jamais sans son bar et ses téléphones).

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