vendredi, octobre 14, 2005

 

Bettie Page story

Il y a des destins fascinants, et Bettie Page en est le plus bel exemple. De même que cette pauvre actrice qui jouait Lois Lane dans le film Superman, et qui, après avoir transformée sa maison au bord de la mer en une gigantesque boite à partouze (avec Spielberg, Coppola, de Palma comme bons clients), à sombré dans la folie. En effet, elle est retrouvée errante, déambulant le regard hagard, tenant des discours incohérents la bave aux lèvres et le crâne rasé. "Point de ralliement des Scorcese, Coppola, Lucas et Spielberg dans les années 70, le petit loft en bord de mer de Margot Kidder (Lois Lane dans SUPERMAN le film) a connu son lot d'orgies et de seringues usagées). En pleine effervescence seventies, les ex-etudiants en cinéma de USC et UCLA fomentaient leur révolution contre le régime des studios. Mal sapés, barbus, bouillonnant d'idées sur le monde et la façon la plus radicale de le changer, ils élirent domicile dans une petite maison de Malibu Beach tenue par les apprenties actrices Margot Kidder et Jennifer Salt. Il s'y tenait des fêtes permanentes qu'on aurait facilement pu confondre avec des orgies tant le sexe et la drogue coulaient à flot. C'est là que Coppola et Lucas ont mis en branle la machine American Zoetrope. C'est encore là que le jeune Spielberg (qui, en bon nerd, évitait tout excès de femmes et de stupéfiants) a pitché à ses amis les grandes lignes de "JAWS". C'est enfin là, à Noel, que de Palma déposa au pied du sapin le script de "Sisters", qu'il destinait à Margot et Jennifer. Des années plus tard, Kidder, peut-être émue de voir ses vieux amis constituer la nouvelle aristocratie hollywoodienne sans elle, sombra dans la folie. Un jour d'avril 1996, on la retrouve dans le jardin d'une maison qui ne lui appartenait pas, la mine errante et la tête rasée. Ses cheveux, elle les a taillés au rasoir." article paru dans le N°2 de SCORE de Septembre 2004. Par où commencer quand on veut parler de Bettie Page ? Surtout dans son cas, alors qu’une simple photographie vaut mille mots. Évidemment, Bettie n’a jamais tourné dans un seul film d’horreur (en fait, elle n’a tourné que dans trois "musicals" et plusieurs courts métrages), mais encore à ce jour, elle est vénérée par une multitude de "fans" à travers le monde. À l’époque, je lisais le magazine français MÉTAL HURLANT (qui m’a fortement influencé dans mes écrits, pour le meilleur et pour le pire), autant pour leurs pages B.D. de science-fiction que par leurs critiques culturelles implacables et hilarantes. Dans un numéro, quelqu’un donnait une appréciation d’un fascicule américain publié par Belier Press en 1980 qui avait comme sujet un mannequin "underground" des années 50 nommée Betty Page. L’auteur la présentait comme "le plus beau corps à avoir été photographié depuis l’invention de la caméra". Cette chevelure, je l’avais vue reproduite dans maints "comic-books" et autres oeuvres artistiques qui se devaient de présenter une femme fatale ou jeune beauté ténébreuse irrésistible. Peu de temps après, j’ai pu mettre la main sur le magazine de cinéma PREVUE, édité par Jim Steranko. Ce dernier vendait multitude de bouquins portant sur le cinéma, acteurs, modèles, B.D., etc., dans les dernières pages de son zine. Et voilà qu’il rendait disponible ces fameux fascicules de Bettie Page, pour la somme incroyable à l’époque de 7,00$ U.S.! Une fortune! Je m’en suis commandé deux et en peu de temps, à leur réception, je suis devenu un fan des photographies "érotiques" des années 1950. Érotique est un bien grand mot pour décrire les photos coquines de l’époque: la nudité était majoritairement plus suggérée que démontrée. Une rumeur populaire demeurait qu’elle s’était convertie à la religion catholique et priait pour ses péchés dans un couvent depuis ce temps. Bettie Page a précisé elle-même que l’écriture favorite de son prénom est bien B-E-T-T-I-E, et non B-E-T-T-Y. Pourtant pendant sa carrière, c’est bien BETTY que l’on retrouvait inscrit sur une multitude de couvertures de magazines. Bettie Mae Page est née le 22 avril 1923 à Nashville, Tennessee, aux États-Unis, la deuxième enfant de six. Étant la plus vieille des filles, Bettie se retrouve chargée de s’occuper des plus jeunes, alors que la situation financière des ses parents est extrêmement précaire et que les Page déménagent fréquemment. Edna Mae Pirtle et Walter Roy Page se chicanent continuellement et il paraît que leur problème principal était la fréquence de leurs relations sexuelles (lui n’en avait jamais assez, elle si). À cause de la dépression qui régne au États-Unis, les talents de mécanicien automobile de Roy sont peu en demande. Sans emploi de la part du paternel, la famille est mise à la porte de leur maison louée à Tulsa et se retrouve sur la grande route, sans le sou. Le père décide de voler une automobile pour conduire sa large famille chez sa mère, retournant au Tennessee. Il se fait arrêter le lendemain, ignorant qu’il venait de confisquer la bagnole d’un shérif local! Il passera les deux prochaines années en tôle à Atlanta. Toute la bande Page habite donc avec la grand-mère jusqu’à temps que Roy sort de prison en 1931. Elle rencontre en 1945 un homme nommé Art Grayson, qui se présente comme étant un ancien metteur en scène de films à l’époque du muet. Impliqué dans une agence de publicité, il suggère à Bettie d’utiliser un contact à la Fox pour un projet qu’il avait entendu parler. Elle pose à son bureau et reçoit peu de temps après une offre du célèbre studio de venir à Los Angeles. Rendue là-bas, elle est déçue de la façon dont les responsables la maquille, mais bénéficie quand même d’un "screen test", où son lourd accent du Sud est en évidence. Elle sera victime de la malédiction du "casting couch", où un producteur lui offre un rôle si elle accepte d’être gentille avec lui… Horrifiée, elle quitte le studio, sachant qu’une chance inespérée vient peut-être de lui filer entre les mains. De retour à San Francisco, Bettie prend de cours de mannequin et décroche son premier contrat de modèle pour un fourreur qui l’engage pour parader ses manteaux de fourrures devant des clientes. Est-ce que le mot fourreur a retenu votre attention? Ne vous ai-je pas signalé qu’il n’y aurait rien d’explicite? Bettie arrive encore deuxième à un concours de beauté, gagnant 50$ en bonds pour la guerre. Ces petits succès lui assure un travail mieux rémunéré pour une autre entreprise de vêtements. En avril 1946, Bettie annonce à son époux Billy, maintenant de retour de la Deuxième Guerre Mondiale, qu’elle ne l’aime plus. Elle vient d’avoir une courte relation avec un autre soldat, ce que son mari se doutait et le rendait fou le soir, à la caserne. Un mois après, elle lui annonce qu’elle est enceinte. Billy nie être le père de cet enfant et part pour Nashville. Il écrit sans cesse à Bettie, la suppliant de venir le rejoindre. Finalement, Bettie accepte, rejetant les offres d’un deuxième studio, Warner. Mais le tumulte continue à régner, au point que Bettie fait une fausse couche. Elle requitte son mari pour aboutir à Miami, demandant le divorce. Une opportunité de travailler comme secrétaire en Haiti s’offre à elle. Il y habitera pendant quatre mois, oubliant les préjudices raciaux venant de son enfance dans le Sud des États-Unis. Il paraît qu’elle aurait assisté à une cérémonie vaudou! De retour à Miami, Bettie participe pour la première fois à un numéro de club de nuit avec le comédien Jackie Whalen. Avec 50$ en poche, elle décide de tenter sa chance à New York, alors qu’un nouveau médium de communication débutait au pays : la télévision. En 1947, Bettie se retrouve à Manhattan, ayant trouvé un autre emploi de secrétaire. Peu de temps après son arrivée, elle se fait demander par un inconnu si elle veut aller danser. Naïve, elle accepte. Bientôt, elle se retrouve avec cinq types louches dans une cour d’école un soir, qui ont l’intention d’abuser d’elle. Elle leur assure qu’elle a ses règles: ils lui demandent alors une session de sexe oral. Bettie retourne chez elle en pleurs et téléphone à Billy pour l’avertir qu’elle revient sur-le-champ à Nashville. Encore une fois, son retour la confronte à l’éternelle jalousie de son époux, qu’elle divorcera finalement peu après Bettie retourne à New York! Trouve un emploi de... secrétaire! Et prend même des cours de claquettes! Tombe en amour avec un péruvien déjà marié ayant des enfants! Hubba! Sa femme s’aperçoit après des mois de la situation, euh, délicate. Engueule Bettie, etc. Cette dernière voit disparaître celui qu’elle considérera toujours l’amour de sa vie. Déçue, elle retourne en Floride, où son ex-mari tentera une réconciliation (étant devenu vendeur de souliers). Mais rien ne marche. Pratiquement sans le sou, que fait Bettie? Elle retourne à New York, troisième prise! Je me félicite d’avoir si bien titrée cette deuxième partie. Cette fois-ci, Bettie se plonge dans le monde théâtral, ayant des petits rôles dans des pièces et travaillant comme aide générale. En octobre 1950, en flânant à Coney Island, Bettie rencontre Jerry Tibbs, un policier noir de Harlem qui s’amusait à faire de la photo amateur. Elle devient son modèle et verra ainsi sa vie changer de bout en bout. Il est responsable de la coiffure typique de Bettie, alors qu’elle portait encore ses cheveux séparés dans le milieu, ce qu’il considérait comme lui donnant trop une grosse face ronde. Pouvait-il s’imaginer à quel point il venait de changer le monde de la photographie et l’existence nocturne de milliers d’hommes autour du monde? Ses premières photos de Bettie apparaissent dans un journal de Harlem et connaissent un vif succès. Encore une fois, Bettie arrive deuxième à un concours de beauté (Miss New York 1951). Elle crée ses propres bikinis. Tibbs la présente à d’autres photographes, qui s’arrachent les services de Bettie. À cette époque existait des "camera clubs" où quelques amateurs se cotisaient pour payer des modèles et prendre des photos, que ce soit à l’extérieur comme à l’intérieur. Il arrivait parfois que, moyennant une somme supplémentaire, la jeune personne engagée pouvait être persuadée à retirer quelques pièces de vêtements... Pour une session, les amateurs devaient débourser 4$ ou 5$. Pour une session extérieure, 8$. Ainsi, Bettie récoltait entre 10$ et 25$ de l’heure, dépendant du lieu. Il va sans dire qu’elle abandonne son travail de secrétaire en peu de temps. Sportive, Bettie préfére les sessions extérieures, principalement sur des plages. Elle devient la favorite des photographes, pour sa bonne humeur et son entrain à poser. L’ultime sujet photogénique. De plus, poser nue ne semble pas un problème, tant qu’elle se retrouve avec des gens avec qui elle a confiance. En décembre 1951, qui d’autre que Billy Neal revient dans le portrait, pour encore hanter Bettie. Il se fait arrêter par la police alors qu’il attend son ex-épouse devant son logement. Il passe une nuit en prison et retourne chez Bettie le lendemain. Il tape à sa porte sans cesse (elle ne veut pas lui répondre) et finira par se battre avec un autre locataire en bas de pyjama. Billy se fait arrêter par les agents de l’ordre. Quelques jours plus tard, il part une bagarre dans un bar et se voit traîner pour une troisième fois devant le même juge exaspéré qui lui ordonne de retourner à Nashville. Quelques photos de Bettie atterriront sur le bureau d’un éditeur de magazines "cheesecake" (Robert Harrison. Ses principales publications s’intitulaient Wink, Flirt, Beauty Parade et Eyeful. Il engage Bettie pour poser dans de petits scénarios absurdes (habituellement deux pages), avec de l’emphase sur des vêtements sexy et les décolletés généreux. Bettie se plait à jouer la comédie pour ces projets, faisant la grimace, la moue, feignant la surprise, la joie, etc. avec une exagération charmante. N’oublions pas que le marché de revues pour hommes de ces temps prudes ne présentait rien de trop controversé. Playboy allait apparaître dans quelques années. À l’époque, un type désirant se procurer des photos de filles plus ou moins à poil devait se rabattre sur de rares magazines d’"art", montrant des modèles photographiées nues dans le prétexte de donner des trucs de caméra (quoique les poils pubiens étaient souvent "dissimulés" par trucage). En peu de temps, l’image de Bettie se retrouva partout, autant sur des cartes postales que sur des pochettes de disques, autant sur des calendriers destinés aux garagistes que sur des couvertures de romans d’amour bon marché. La Bettiemania en est a son plus fort alors qu’elle fera la rencontre d’Irving Klaw. Ce petit homme bedonnant était propriétaire d’une boutique qui vendait des photographies et des souvenirs de stars d’Hollywood, entreprise nommée Movie Star News. Pendant la dernière grande guerre, il avait fait une fortune en vendant des photos de "pin-ups" (particulièrement Rita Hayworth et Betty Grable) aux soldats américains stationnés à l’étranger. Avec le temps, Klaw pu s’apercevoir que des requêtes pour des sujets féminins ligotées et bâillonnées lui arrivaient de partout. Pour fournir à la demande, il décide de créer son propre produit avec des modèles venant des magazines de Robert Harrison ou encore des "strip-teaseuses" de la région. Bien entendu, c’est avec Klaw que Bettie passa à la postérité. Klaw vendait ses petites photos S&M (très innocentes de nos jours) 40 sous. Pour huit photos différentes, on devait débourser 2 dollars, une fortune à l’époque. De plus, il éditait un catalogue bi-annuel où le client potentiel pouvait sélectionner ses poses favorites. Klaw rendait aussi disponibles des mini-films tournés lors des sessions photographiques, avec des titres tels que Dominant Betty Dances With Whip ou Betty Gets Bound and Kidnapped. Encore aujourd’hui, c’est son travail avec Klaw (qui dirigeait la "business" avec sa soeur Paula) qui rend Bettie populaire aux yeux des gens. Elle pouvait représenter une méchante dominatrice ou une innocente victime avec le même talent, prenant le tout avec humour. Paula Klaw était en charge d’attacher les modèles et plus souvent qu’autrement, n’importe lequel zigoto se serait défait des noeuds mous de la frangine d’Irving. Les deux étaient considérés charmants et soucieux du confort de leurs modèles. Aucune vulgarité déplacée dans leurs rangs, aucune nudité. La plupart des sessions de photos/films se déroulaient le samedi, pouvant durer jusqu’à six heures complètes. Les modèles récoltaient 50 dollars pour leur travail, qui résultait à environ 300 photos et au moins un court métrage. La légende veut que Bettie était toujours en retard, soucieuse de son apparence et particulièrement intéressée à peigner sans cesse ses tresses sombres. Une de ses histoires favorites est son souvenir d’avoir été accidentellement blessée par un autre modèle lors du tournage d’un film de lutteuses, l’autre fille ayant atterrie sur un genou de Bettie. Un médecin recommanda à Bettie une opération. Mais en attendant son entrée à l’hôpital, elle entendit une voix sourde alors qu’elle était chez elle lui dire: "Bettie, Bettie, tu peux redresser ta jambe". Miraculeusement, la douleur disparut et Bettie se retrouva guérie, selon elle par le concours imprévu de Notre Seigneur. À travers tout cela, notre héroïne favorite désire toujours être actrice. Toujours les deux mêmes obstacles se dressent devant elle: son fort accent de la campagne et son refus de s’abaisser à exécuter des faveurs sexuelles à tel ou tel producteur. En 1952, Bettie retourne à Miami pour prendre des vacances. Quelles vacances? D’autres photos seront prises d’elle, batifolant sur la plage. Elle tourne même une publicité télévisée de cigarettes, par dessus le marché. D’autres cartes postales seront créées, qui sont vendues pendant encore deux autres décennies. Retournant à New York, Bettie continue à prendre des cours d’arts dramatiques, notamment avec l’acteur Robert Culp. Elle commence a être connue dans le milieu, et peut participer au Jackie Gleason Show à la télé. Son début au cinéma ne correspond pas nécessairement à ce dont elle rêvait dans sa jeunesse au Tennessee: elle a une scène coquine (dans un bain rempli de bulles) pour le film de série B Strip-O-Rama, espèce de spectacle burlesque porté sur pellicule. Gros succès commercial tout de même, rapportant non loin de 80,000$ au "box-office"! Irving Klaw mijote alors deux productions similaires, Varietease et Teaserama, avec Bettie et des effeuilleuses à silhouette légendaire, telles que Lili St.Cyr et Tempest Storm. Ces films sont très intéressants à regarder aujourd’hui, alors que nous vivons à l’époque des danses-contacts dans des petites cabines privées, genre Toucher n’est pas péché... Au printemps 1954, Bettie rencontre Bunny Yeager, une charmante photographe blonde, ancien modèle elle-même. C’est avec Bunny que Bettie créera ses photos de qualité les plus immortelles. Ensemble, elles sont responsables de la fameuse collection où Bettie est vêtue comme Princesse de la jungle et s’amuse notamment avec un léopard, avant de se faire capturer par une vilaine tribu d’indigènes cannibales! Également, Bettie sera la Playmate de Janvier 1955 pour Playboy, coiffée seulement d’un chapeau de Père Noël, encore gracieuseté de la caméra de Bunny. À New York, Bettie fréquente les studios d’Herbert Berghof, qui enseigne aux comédiens le "method acting", très populaire à l’époque, notamment chez Marlon Brando, James Dean et Paul Newman. Quand le spectacle Lil’ Abner est annoncé sur Broadway, Berghof supplie Bettie d’auditionner pour le rôle de Moonbeam McSwine, parfait pour elle, mais elle est trop nerveuse et ne se présente pas. L’excentrique millionnaire Howard Hughes invite Bettie à un autre "screen-test" pour son studio RKO qui n’aboutira à rien. La célébrité de Bettie allait prendre un tournant inattendu dans les mois suivants, alors que le gouvernement américain était en pleine période de "purification" interne. Après les chasses aux communistes du sénateur Joseph McCarthy, un de ses confrères. En avril 1954, Kefauver avait réussit à faire interdire les "comic books" d’horreur (maintenant considérés classiques) Tales from the Crypt, Vault of Horror et compagnie, prétextant que ces publications rendaient toute la population juvénile américaine délinquante et demi-folle. Il allait maintenant s’attarder sur un certain Irving Klaw... Le FBI portait un oeil vigilant sur Irving Klaw depuis quelques années, à cause de ses catalogues proposant des photos à caractère fétiche de jeunes femmes en lingerie ligotées, sujet éternellement incompris. Des agents "undercover" tentaient régulièrement de lui commander des trucs plus explicites, mais Klaw refusait, n’ayant rien de tel disponible à ses bureaux. D’ailleurs, il défendait ses photos d’être considérées pornographiques. Avec Kefauver, je nomme le Grand Chef du FBI lui-même J. Edgar Hoover (encore soupçonné à ce jour d’être travesti amateur et de faire la Folle les dimanches) à se mettre de la partie. De plus, les enjeux politiques d’un tel dossier chaud et juteux devaient plaire au sieur Kefauver. Il se mit à se lamenter sur le sort des petites filles qui fréquentaient la boutique des Klaw (petites filles qui désiraient seulement acheter des photos de Clark Gable ou Bozo le Clown et qui n’avaient aucune idée des autres possibilités d’achat), exposées à des saletés immorales. Deux agents cognent à la porte du logement de Bettie, en tentant de la piéger pour qu’elle se tourne contre Irving Klaw. Offensée, elle avoue la vérité, déclarant qu’aucune nudité n’était permise pendant les séances de photographies. Les inspecteurs postaux s’impliquèrent à coeur joie dans le dossier. Le 24 mai 1955, Paula et Irving Klaw, ainsi que Bettie Page, se présentent à la Cour. Klaw est accusé d’être un roi de la pornographie, ses photos provoquant le crime, pouvant inciter à des comportements désaxés et même au meurtre. Il est cuisiné de main de maître, alors qu’on lui pose toutes sortes de questions, lui demandant s’il engageait des mineures, s’il désirait publier du matériel explicite, etc. Klaw tient bon, se dissimulant derrière le "Fifth Amendment" américain sur la liberté expression. Et en vérité, Bettie est soulagée de ne pas avoir à comparaître devant ses impitoyables accusateurs. Finalement, Klaw n’est accusé que de "mépris envers la Cour", mais ce n’est que triste victoire, sa réputation étant maintenant entachée de vilaine façon. Ironiquement, la compagnie qui traitait ses photos avait aussi comme client Walt Disney Company. Devinez qui ils ont décidé de garder? Tout cela lui donnera plein de problèmes pendant de nombreuses années, malgré un déménagement de son quartier général et un arrêt sur les produits S/M en 1957; il sera même arrêté en 1963 et remit en liberté à condition qu’il détruise son inventaire de photos sado/masos (il vendait à ce moment des anciens clichés) Il mourra en 1966, malade et piteux. En 1956, Bettie retourne travailler brièvement avec ses contacts de Miami, dont Bunny Yeager. À son retour chez elle, elle rompt avec les Klaw. Ses rêves de devenir actrice sont de plus en plus inatteignables, après le procès. Certains sources admettent que le comportement de la pin-up est de plus en plus inquiétant. Un de ses copains jure l’avoir vue avec l’intention de se jeter par une fenêtre dans le but de voler (?). De plus, elle est harcelée pour un désaxé, à un point tel qu’elle sert d’appât de concours avec le FBI pour le capturer. Un garçon troublé de 16 ans tombera dans leurs pattes. Et par-dessus le marché, Bettie (qui ne buvait pas) se retrouve photographiée dans des positions embarrassantes alors que quelqu’un l’aurait incitée à boire. Une décision est alors prise en décembre 1957: Bettie Page quitte New York et sa carrière de modèle. Elle se réfugie à son cottage à Fort Lauderdale, où un photographe amateur prend quelques photos d’elle sur la plage, qui apparaîtront dans le magazine Skin Diver en juin 1958, les dernières photos de Bettie dans une publication professionnelle. Ce même mois, Bettie redevient enseignante à l’école publique de Monroe County à Key West. Elle donne sa démission 90 jours plus tard. Par la suite, Bettie devient fonctionnaire et travaille à la base navale de Key West. Elle épouse en novembre Armond Carlyle Walterson, 13 ans plus jeune qu’elle, type qu’elle avait connu pendant un de ses nombreux pélerinages en Floride. Cette union dure à peine un mois et demi. Se disputant à la veille du Jour de l’An, Bettie quitte le foyer en rage et aboutit peu après devant une église. Pénétrant à l’intérieur, toutes les frustrations refoulées remontent dans son esprit et elle décide de se reconvertir à la religion et d’accepter Notre Seigneur Jésus Christ comme son sauveur personnel. À l’été 1959, Bettie va habiter avec son frère Jimmie en Californie et s’enrôle au Bible Institute of Los Angeles, où elle travaillera et suivra des cours de religion. Encore une fois dans son existence elle déménage, cette fois à Chicago en juin 1961, toujours en dénichant des emplois de secrétariat et en suivant des cours bibliques. Elle travaillera même pour le révérend Billy Graham. Et on redéménage en Oregon, s’enrôlant au Multnomah School of the Bible, s’occupant souvent de filles-mères. D’anciennes connaissances de tous ces endroits qualifient Bettie de "quelqu’un hanté par son passé", mais soulignent sa passion à aider les âmes en détresse. Également, Bettie a en tête de devenir missionnaire. Bettie retourne vivre à Nashville, alors âgée de 40 ans. Elle visite son père qui souffre du diabète à un tel point que ses jambes ont été amputées. Curieusement, lui aussi vit une intense période de foi religieuse. Père et fille peuvent faire la paix entre eux, malgré un passé incestueux. À la fin de l’année 1963, Bettie contacte Billy Neal, son premier mari, pour lui demander s’il veut l’épouser une seconde fois. Lui, toujours vite sur le piton et également divorcé d’une autre femme nommée Betty (!), finira par accepter. Le plan de Bettie est le suivant: convertir Billy à la religion catholique, et ensuite devenir missionnaire avec lui. Évidemment, il ne veut rien savoir et de nombreuses disputes s’ensuivent. La dernière est particulièrement violente, alors que Billy étrangle Bettie de ses mains pendant que cette dernière lui décrit des visions de l’Enfer. Durée de ce second mariage: un mois. Nouvelle destination de Bettie Page: Miami. En août 1966, Bettie rencontre Harry Lear au Miami’s Palace Ballroom. Harry est un vétéran de la Deuxième Guerre Mondiale, père de trois enfants et récemment divorcé, travaillant pour Bell en Floride et aussi pour une maison funéraire en tant que chauffeur. Ils sont mariés à la Saint-Valentin de 1967 et combien voulez-vous pariez sur le succès de cette union? Tout semble bien aller avec le mari, mais les trois enfants, selon Bettie, ne voulait rien savoir d’elle et se faisait monter la tête par leur mère naturelle. De plus, Bettie incite tout le monde à la prière à de fréquentes occasions. En 1969, la famille tente de se réconcilier pendant un voyage les transportant jusqu’au Québec. Peu après, d’après Harry, Bettie commença à inventer des paraboles religieuses et à se déclarer prophète. En janvier 1972, c’est le divorce. Et Bettie se retrouve à Boca Raton, dans une autre communauté religieuse. Quelques jours plus tard, elle est arrêtée parce qu’on la trouve se promenant avec un pistolet et avertissant tout le monde que la colère de Dieu sera terrible. Son ex-mari Harry la recueille et elle dort sur le sofa. Mais le 13 avril 1972, Bettie ordonne à Harry et ses trois enfants de se tenir devant une image de Jésus et prier. Elle les menace d’un couteau de boucher. Bettie sera pensionnaire d’un établissement psychiatrique pendant quatre mois, pour retourner vivre avec Harry, qui lui avait fait construire une pièce juste pour elle. Elle est encore arrêtée le 28 octobre, battant son mari et cassant tout dans la maison. Elle accepte volontairement de retourner à l’institut psychiatrique et y passera un autre six mois. Encore une fois, elle retourne à sa pièce chez Harry, acceptant de faire le ménage pour payer pour sa chambre. La passion de jardinage s’empare d’elle, ainsi que son amour pour son caniche Po. Quand Harry décide de déménager en 1978, Bettie va vivre chez son frère Jimmie à Santa Monica. La longue liste de domiciles différents pour Bettie allait se poursuivre. En 1979, elle habite dans un "trailer" et le 19 avril, elle attaque avec un couteau le vieux couple qui sont ses locateurs, les blessant tout les deux aux mains. Bettie est promenée d’asile en asile en attendant son procès. Elle est jugée coupable de l’assaut, mais s’en sort car le juge la déclare affaiblie mentalement. Libérée, elle doit être suivie par des psychiatres. En mars 1982, Bettie est employée comme femme de ménage chez Leonie Haddad, une récente veuve de 62 ans, vivant à Santa Monica en Californie. Le 12 juin de la même année, Bettie attaque son employeuse avec un couteau à pain, la blessant au visage et à une main. Encore une fois arrêtée, elle retourne à l’institut psychiatrique Patton State et passe en cour pour tentative de meurtre le 26 septembre 1983. Elle est considérée dangereuse pour autrui et écope d’une sentence de 10 ans à Patton State. Elle devient hystérique en entendant la sentence et lance des injures à tout le monde qui l’entoure. Les médecins la traitant la considère comme schizophrène et paranoïaque. En 1992, elle redevient libre à l’âge de 69 ans, apparemment guérie de ses pulsions violentes et de son fanatisme religieux. C’est une fin d’histoire assez triste, et que je ne me permettrai pas de juger ni d’interpréter. Les principaux évènements depuis la "disparition" de Bettie en 1957 n’ont été dévoilés que dans les quelques dernières années. Personne ne savait exactement ce qui était arrivé avec elle pendant de longues décennies. Des rumeurs farfelues de suicide, de victime de meurtre par la mafia ou de membre de culte satanique flottaient régulièrement dans l’air. Finalement, ceux qui présumaient une reconversion à la religion avait vu juste. Un peu trop juste, même. Pendant toutes les années soixante, des photos de Bettie continuaient de circuler, toujours en demande, toujours appréciées. Par contre, avec l’arrivée de produits XXX la décennie suivante, la nouvelle permissivité visuelle de matériel pornographique prit le dessus. La curiosité du public allait être satisfaite par le "hardcore" et le dévoilement des parties génitales féminines dans des magazines pour hommes tels que Hustler ou Penthouse. C’est entre 1978 et 1980 que sont publiés les volumes de Betty Page Private Peeks, dont j’ai parlé au tout début et qui font toujours partie de ma propre collection. La graine venait d’être semée, si je peux dire, pour un regain d’intérêt sur Bettie Page. Des artistes-peintres comme Olivia de Berardinis ou encore Robert Blue allaient s’inspirer de vieilles photographies pour reproduire Bettie dans de saisissantes oeuvres graphiques. Dave Stevens allait également utiliser l’image de Bettie pour un personnage de sa série B.D. The Rocketeer. Peu de temps après, divers produits furent introduits sur le marché, notamment des t-shirts, des posters, des figurines, des cartes, "comics books" (dont l’hallucinant Tor Meets Betty: "Tor Wants Chicken!"), etc. Un certain Greg Theakston se mit à publier le magazine The Betty Pages en 1989, qui rencontra un vif succès. En fait, Theakston est principalement responsable de l’engouement général pour Bettie et décida de se mettre à sa recherche, du moins découvrir ce qui était arrivé d’elle. Il put éclairci une bonne partie des origines familiales de son sujet et en arriva à la conclusion que Bettie était encore vivante, mais sûrement peu intéressée à partager son passé avec autrui. Le journaliste du Tennessee Tommy Goldsmith entra dans la danse, réussissant à obtenir un entretien avec un des frères de Bettie, Jack. Tout cela se déroule au moment où Bettie redevient libre en 1992. Elle accorde finalement une entrevue écrite avec Theakston qui sera reproduite dans un numéro de The Betty Pages et une autre entrevue par cassette audio pour l’émission télévisée Lifestyle of the Rich and Famous (!). Même Entertainment Tonight font une histoire sur elle, montrant un extrait d’un vieux court-métrage où Bettie danse frénétiquement. Stupeur mondialle, Bettie Page est encore vivante! Depuis ce temps, elle refuse de se faire photographier, se trouvant trop grosse et ne voulant pas briser l’image classique de sa beauté des années 50 et décevoir les fans. La chaîne E! Entertainment Television produit une biographie de deux heures sur Bettie en 1997 (très intéressante, d’ailleurs). En peu de temps, Bettie et son frère Jack se retrouvèrent inondés de propositions de divers individus/entreprises qui cherchent à les aider à gérer le côté gestion/marketing de l’Univers Bettie Page. Pendant des années, des centaines de produits avec l’effigie de Bettie se sont vendus sans que la principale intéressée ne récolte le moindre sou des profits (le fait qu’elle ignorait complètement l’existence de ces produits n’est pas une raison qu’autrui profite financièrement de son image). Avec un "retour" inattendu, pourquoi ne récolterait-elle pas les dividendes de toutes ces ventes? Je n’entrerai pas en détails dans les problèmes que les Page ont eu pour trouver quelqu’un de fiable, mais je peux dire que Hugh Hefner (éternel gourou en robe de chambre et ascot de Playboy) a été un personnage-clé pour épauler Bettie à travers un marasme incompréhensible de droits non payés, de produits non approuvés, de fausses représentations et de poursuites légales qui auraient été infinies. Aux dernières nouvelles, Bettie vit maintenant confortablement dans la région de Los Angeles, encore médusée de sa popularité présente dans diverses couches de la population. Et il semblerait que son émission favorite est Xena Warrior Princess! Malgré ses profondes convictions religieuses, il est intéressant de noter qu’elle ne regrette rien de son époque de modèle photographique, ne semble éprouver aucune honte envers ses photos S/M. Pour elle, tout cela n’était qu’un travail payant et amusant. Ce qui a joué en faveur de Bettie, curieusement, est le fait qu’elle a été un mystère pendant si longtemps, qu’elle en était arrivée à un statut de légende mythique, une beauté perdue mais toutefois immortelle. Elle est au Panthéon des plus belles femmes du siècle (avec Marilyn Monroe, Sophia Loren, Raquel Welch, Brigitte Bardot et compagnie) et pourtant, elle n’a tourné dans aucun film, aucune production télévisée majeure, n’ai jamais été une chanteuse populaire. Par contre, toutes ces photographies noir & blanc des années 50, souvent naïves et maladroites, avec comme décor de très ordinaires salons familiaux de l’époque, ne se sont jamais effacées de l’esprit des amateurs. Encore aujourd’hui des produits à son effigie envahissent le marché, allant de simples briquets colorés à des CD-ROM élaborés compilant des courts métrages d’Irving Klaw. J’espère juste qu’elle finira ses jours encore plus heureuse qu’elle ne l’a jamais été.

Comments:
C'est quoi ces conneries sur Margot Kidder. Elle n'est pas devenue folle. Elle a eu un trou de trois jours, c'est tout. Et des partouzes dans sa baraque, c'est fortement exagéré...
 
"Point de ralliement des Scorcese, Coppola, Lucas et Spielberg dans les années 70, le petit loft en bord de mer de Margot Kidder (Lois Lane dans SUPERMAN le film) a connu son lot d'orgies et de seringues usagées). En pleine effervescence seventies, les ex-etudiants en cinéma de USC et UCLA fomentaient leur révolution contre le régime des studios. Mal sapés, barbus, bouillonnant d'idées sur le monde et la façon la plus radicale de le changer, ils élirent domicile dans une petite maison de Malibu Beach tenue par les apprenties actrices Margot Kidder et Jennifer Salt. Il s'y tenait des fêtes permanentes qu'on aurait facilement pu confondre avec des orgies tant le sexe et la drogue coulaient à flot. C'est là que Coppola et Lucas ont mis en branle la machine American Zoetrope. C'est encore là que le jeune Spielberg (qui, en bon nerd, évitait tout excès de femmes et de stupéfiants) a pitché à ses amis les grandes lignes de "JAWS". C'est enfin là, à Noel, que de Palma déposa au pied du sapin le script de "Sisters", qu'il destinait à Margot et Jennifer. Des années plus tard, Kidder, peut-être émue de voir ses vieux amis constituer la nouvelle aristocratie hollywoodienne sans elle, sombra dans la folie. Un jour d'avril 1996, on la retrouve dans le jardin d'une maison qui ne lui appartenait pas, la mine errante et la tête rasée. Ses cheveux, elle les a taillés au rasoir." article paru dans le N°2 de SCORE de Septembre 2004.

Voir Post "Bettie Page story".


Tu en veux d'autres ? j'en compte trois de plus....

En même temps c'est vous qui avez raison ce n'était pas des partouzes mais des orgies...au temps pour moi...

Et un traitement au Lithium ne laisse rien présager de bon....

Bioman pour vous servir.

Bonsoir.
 
Sexe et drogues n'est pas forcèment synonyme de partouzes.
je te renvoie au bouquin intitulé Le Nouvel Hollywood de Peter Biskind où on trouve le témoignage de Kidder, de sa coloc de l'époque et de pas mal d'autres (Peter Bogdanovitch, anyone?).
Quant à l'anecdote, elle en parle elle-même. C'est vrai qu'elle a été retrouvée comme ça et qu'elle ne se souvenait plus de ce qu'elle avait fait les trois jours précédents, de là à dire qu'elle est devenue folle...
En même temps, c'est Score, hein, un mag où les photo de jolies actrices et les comparaisons bidons abondent au détriment d'articles intéressants et justes.
 
Non du sexe à plusieurs surtout pas, déja qu'a deux c'est déguelasse...

En même temps, pas trouvé d'articles sur Margot Kidder dans les cahiers du cinéma coincé entre deux papiers sur Barbet Schroder et Michael Aneke...

Et puis ton jugement sur SCORE est un peu hatif...c'est un peu comme si dans Mad il n'y avait que du Z et du gore.

Et la presse pas trop intellecto-prout-prout-branchouille à 2€ moi j'aime bien...
Mais c'est vous qui devez avoir raison, score est sans nul doute une merde....

Par contre vous n'aimez pas les jolies actrices ? vous ?

Putain d'hétérosexualité....

Bioman pour vous servir.

Bonsoir.
 
j'adore dire bonsoir.

Bonsoir.
 
Bon, j'ai fait des recherches et il s'avère que Margot Kidder a un trouble bipolaire. Ceci dit, apparemment, rien à voir avec son épisode hagard. Je suis donc prêt à me flageller...

"Et puis ton jugement sur SCORE est un peu hatif...c'est un peu comme si dans Mad il n'y avait que du Z et du gore."

Non, dans Mad, y'a trés peu d'erreurs factuelles, en général, et les articles sont intéressants. Disons que les gars savent de quoi ils parlent, pas comme dans Score où l'imagerie prime.
 
Non rien je ne fais que passer...
 
C'est ici la partouze ?
 
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