lundi, septembre 11, 2006
I - I = II
"Ouais, vous rentrez dans vos chambres et vous vous reposez parce que mine de rien Gavarnie ça vous a bien fatigué à mon avis", bon moi ça me laisse une petite heure pour taper un roupillon avant le dîner…Allez hop ! je m’allonge sur le lit... humm... le soleil passe à travers le vasistas... ça me berce... OFF. ON/ "Damien ! Réveille toi" "Quoi Quékiya ?" "Il s’est passé quelque chose de terrible..." "Oh putain y a un vieux qu’est mort ?" "Non" "Quelqu’un est tombé ? oh la merde et moi qui dormait, putain je vais charger… " "Non... des avions sont tombés sur les tours" "Quoi ? mais y a pas de tours à Cauterets qu’est que tu me fais là…Quelles tours ?" "Je te dis qu’il y a des avions qui s’écrasent un peu partout" "mais où ? je me réveille là, je suis complètement dans le cirage explique moi bordel !" "Ecoute viens voir on va chez le cuistot tout le personnel est devant la télé", au fur et mesure que nous descendons, je déstresse à l’idée qu’il y ait pu arriver quelque chose de terrible au sein du groupe, je m’approche de l’écran et je découvre les images CNN. D’abord je pense à une nouvelle émission du genre "Surprise sur prises" un gigantesque Marcel Beliveau, je réalise pas forcement puisque le son est coupé pour ne pas effrayer le groupe puis je m’assois et commence à capter que c’est grave…Moi qui ait fait mon éducation cinématographique devant des films catastrophes du style "la tour infernale" ou les "die hard" (voir le Nakatomi plazza), je suis sur le cul. Un attentat comme ça c'est de la fiction, y a toujours un gentil pour l'empecher au dernier moment, c'est un plan de Fu Manchu ça peut être que ça...non, c'est serieux, c’est trop mal filmé pour être une connerie...Après je sais plus si les tours étaient déjà tombées ou non quand les télévisions françaises ont attaquées leurs directs, je monte légèrement le son et je découvre par la même occasion le nain Pujadas qui emploi des termes que j’ignore mais je retiens deux mots : "Al Quaida" et "Attentat", nous découvrons que le pentagone est en flamme et que d’autres avions seraient encore en route, c’est le flou général, ma collègue infirmière tente désesperement de joindre sa fille à New York mais avec du recul on comprend qu'à ce moment très précis, la ville est coupée du monde. On se regarde tous et on se demande "On fait quoi ?" J’arrête pas de me dire dans ma tête "Putain c’est une guerre ou quoi ?" "On ne dit rien aux personnes âgées, pas de télé de toute manières elles seront au courant assez tôt, qu’elles passent encore une ou deux nuits tranquilles…" Il faut savoir que tout est amplifié pour une personne en fin de vie, les émotions, les sentiments, la peur… Pour le coup on risquait vraiment l’accident là…Faudrait annoncer ça tout doucement… J’appelle tout le monde pour passer à table, ce soir là nous mangeons en silence, mes collègues, une fois le repas terminé et les seniors couchés se ruent sur l’unique poste TV pour écouter ce qu’il se passe…Moi j’ai un rejet immédiat, je suis écoeuré par les images, il y a une petite colline au dessus du relais où nous nous trouvons, de cette colline on voit toute la ville de Cauterets et les montagnes face à moi, le soleil se couche, tout est calme c’est tellement bizarre de se trouver là dans un lieu si paisible alors que des milliers de personnes ont sans doutes perdues la vie au milieu du chaos…Je fouille dans ma poche j’attrape mon paquet de Winfield et m’en grille une, j’ai même pas l’idée de me dire la fameuse phrase à la con de tous les journaleux "il y aura un avant et un après 11-09" pourtant on était bien ce putain de jour nous étions bien le onzième jour de ce foutu mois de septembre, j’ai pas de portable, pas de radio, pas de net, coupé du monde le jour où il part en couilles c’est bien ma veine... Je me couche en pensant que nous sommes à l’aube d’une troisième guerre mondiale…Et ma dernière pensée avant de m’endormir je me dis "bon maintenant c’est clair M.Night is wrong, les Super héros n’existent vraiment pas…Sinon ils n’auraient pas laissés faire ça…" Et Marvel ils sont dans la merde…" Je coupe la lumière, le bruit du ruisseau me berce, je regarde mon réveil nous sommes le 12-09, le lendemain…