lundi, février 06, 2006

 

Jeepers Creepers I&II.

Week-end films qui font peur avec les deux nanards de Msieur Salva qui doit avoir des problèmes avec son zizi. (Merci film de culte) "C'est les vacances, Darry et Trish, frère et sœur, rentrent en voiture chez leurs parents. Seulement, la route qu'ils ont choisie est interminable, et surtout terriblement déserte. Le seul véhicule qu'ils aperçoivent, et qui les dépasse, est un camion pourri qui manque de les pousser dans le fossé... Avec Jeepers Creepers, Victor Salva semble avoir fait sienne la devise "toujours plus loin, toujours plus fort". De l'anodin, l'enchaînement des circonstances, et surtout des imprudences, fait, comme souvent pour ce type de production, basculer le film dans une spirale de l'horreur. Au sein de ce schéma classique, le réalisateur pose brillamment une ambiance qu'il s'évertue à détruire par la suite dans un tourbillon fou furieux. À tel point qu'il ne se passe jamais vraiment ce à quoi on s'attend, mais autre chose de plus incroyable encore. Au bout d'un moment, on se rend compte qu'il peut se produire absolument tout et n'importe quoi, sans la moindre limite scénaristique. Cette liberté que prend Victor Salva crée une sorte de suspense du pire, les évènements s'enchaînant sans qu'on ait le temps de se rendre compte de la minceur d'un scénario archi-linéaire. Le menu de Jeepers Creepers en plus d'être animé est assez réussi esthétiquement, mais malheureusement montre beaucoup trop de passages du film, des passages clef qui nuisent grandement au suspense ! Si vous n'avez pas encore vu le film, on ne saurait que trop vous conseiller de vous déplacer rapidement dans les menus pour choisir la langue et de tout de suite lancer le film ! C'est quand même incroyable que sous prétexte de faire un menu, un éditeur gâche complètement ce qui constitue l'essence de son film. Second coup de gueule : sous prétexte de reproposer systématiquement depuis peu ses films en format respecté ET en format recadré (les Américains en raffolent), il faut sur toutes les éditions récentes de MGM retourner le DVD pour accéder aux suppléments. Imaginez le degré d'énervement quand en plus ils ne volent pas haut... Aucun bonus n'est sous-titré. En plus des filmographies plutôt complètes, on ne trouve sur la face A que le commentaire audio du réalisateur Victor Salva : celui-ci s'avère plutôt agréable et intéressant à écouter, débordant d'anecdotes mais a vraisemblablement appris son texte par cœur et ne ressort aucune émotion ou quoique ce soit... encore heureux alors que le film ne dure qu'une heure et demie...Le reste des suppléments se trouve sur la face B. Behind the Peepers – The Making-of Jeepers Creepers : Outre ses qualités techniques surprenantes (format 16/9 et une durée de 59 minutes), ce making-of s'avère très instructif et assez complet. En plus des diverses motivations du réalisateur scénariste, on y découvre les auditions des acteurs, la fabrication du Creeper, la création de la musique (les amateurs trouveront quelques minutes avec musique isolée), et le tournage de quelques séquences, le tout mené par des interviews des différents concepteurs du film, à commencer par Victor Salva (bien plus convaincant que dans son commentaire audio). Les 10 scènes coupées ont toutes quelques points communs : elles sont au format 16/9, la qualité de l'image est très mauvaise et (surtout) l'intérêt de chacune frôle le néant. Dans le domaine du ridicule vous pourrez trouver une scène où l'on entend le Creeper parler et une fin alternative qui nous fait comprendre qu'on a échappé au pire. Pour finir, on trouve une galerie de photos sous forme de vidéo (16/9, 7 minutes), ainsi que les bande-annonces de Jeepers Creepers, Hannibal, et des éditions dvd du Silence des agneaux, Carrie et Terminator. Au final, certes le documentaire est intéressant, mais le reste ne s’avère guère palpitant. Là où beaucoup de films horrifiques jouent la carte de la retenue, de l'ambiance, du suspense, Jeepers Creepers est un électron libre, délire horrifique plein de chaos et d'énergie. On ricane au moins autant qu'on tremble. En somme un vrai bonheur de série B que ne gâche à peine une fin abrupte et bâclée. Tous les 23 ans, une bête surgie des enfers s’en va dévorer sa part de chair fraîche 23 jours durant. Au bout du 22ème, le monstre entend bien finir son cycle en beauté. Jeepers Creepers 2 ne perd pas de temps et charcute le nerf tant qu’il est encore à vif. Le récit se passe donc le lendemain des événements relatés dans le premier épisode. Pourtant, d’un jour à l’autre, bien des choses ont changé. Jeepers Creepers, premier du nom, usait des cordes du genre dans un souci d’efficacité maximale, étalant à merveille chaque situation pour en récolter les fruits horrifiques les plus insidieux, ceux d’une peur qui s’installe plutôt que d’une frayeur qui sursaute, ceux de la nuit infinie et de la noirceur sans phare. Aucun second degré et une équation minimale: deux jeunes gens, une rivière de goudron, un no man’s land. Le conte de fée dans toute sa cruauté, ses frères et sœurs perdus sur le chemin de la maison, ses vieilles aux chats, ses diseuses de bonne aventure, l’ombre inquiétante des arbres, et une mélodie désuète qui annonce l’horreur. Mais le conte s’est refermé et la page est tournée. Le nouveau récit est plus brut (exit les longues scènes tendues), plus purement spectaculaire, et encore plus personnel. Si le premier épisode était un conte aux accents homosexuels, Jeepers Creepers 2 lève le doute et érige son monstre en figure d’allégorie gay. Ou comment Victor Salva s’en va revêtir le costume de son propre monstre. Salva et ses déboires privés, et la toile blanche comme exorcisme. L’horreur y est purement sexuelle, enfant de la même pulsion. Le monstre enfile du jeune garçon dans Jeepers Creepers, soit: le coming out consommé, le sérieux peut commencer. Salva renverse ainsi un cinéma horrifique à perspective hétérosexuelle, avec ses pénétrations diverses de nymphes pulpeuses, en odyssée homosexuelle à codes. Le monstre est blagueur et s’en joue avec une joyeuse ironie. Le car est rempli de jeunes joueurs de basket-ball prêts à consommer, il est d’ailleurs conduit par une camionneuse virago comme groom à la sexualité ambiguë. Les pom-pom girls sont rapidement mises de côté, ce qui intéresse conjointement Salva et son monstre, c’est la chair masculine. Complicité virile de la pause-pipi, torses nus et musclés offerts au soleil, amuse-gueules sur le car, dégaines taillées pour des couvertures de Têtu, la galerie gay ouvre son rideau. Le monstre lèche la vitrine et son appétit ne fait plus guère de doute quant à sa nature avant tout charnelle - le miroir est d’ailleurs quasi renversé lorsque la désignation des victimes par le mangeur tourne à l’outing éhonté. Salva filmait il y a 8 ans La Nature de la bête et ses obsessions n’ont que peu changé depuis. Sous l’apparence simplette d’une suite à frissons, il y a ce désir intime de continuer à peindre les ombres du monstre (celui de son double et de l’abus sexuel comme sommet d’horreur), et cette belle volonté d’auteur d’explorer un genre pour en faire circuler le sang. Cela étant dit, le sexe et ses volutes sont une chose, l’action et son adrénaline en sont une autre – et il faut bien nourrir le public. Jeepers Creepers 2 devient ainsi un véritable Creeper Show, Salva ayant bien compris quelle était la star du filon. Son identité ayant déjà été révélée dans le premier film, il n’y avait aucune raison pour jouer sur ce tableau-ci une nouvelle fois. Salva ouvre ainsi sur un champ de Creepers pour mieux pointer la nature christique (du moins picturale) de son icône, ouverture sanctifiée pour un monstre dont les talents seront déployés au fil des minutes, le réalisateur exploitant à merveille l’aspect mutant de la bête (digestion et assimilation des "aliments", la régénération etc.). Pourtant, ce grand carnaval constitue à la fois la force énergique et inventive autant que la faiblesse frustrante du film. L’enthousiasme de Salva ne fait pas de doute, mais il semble avoir oublié que la tôle froissée ne fait peur à personne, tandis que les divers traitements de la chair ont eu hier encore leur effet. L’humour courageusement contourné lors du premier volet fait quelques incursions parfois efficaces, mais qui participent à éteindre l’engrenage de la peur. En somme, la terreur tendue du premier contre l’énergie brute du deuxième, histoire de détourner l’attention de la véritable horreur, celle qui reste dans l’ombre mais dont on perçoit malgré tout les lointains hurlements.

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