mardi, janvier 17, 2006

 

Naoki urasawa's Monster.

Monster passe enfin sur Canal, en clair, au mois de février (sans doute à la même heure que Samourai champloo) "Düsseldorf, 1986. Le docteur Kenzo Tenma est l’étoile montante du Eisler Memorial Hospital : ce jeune et brillant neuro-chirurgien a quitté son Japon natal pour réaliser la grande carrière que lui prédit déjà le directeur du Eisler, chaperon et mentor de l’interne. Admiré par ses pairs pour ses extraordinaires capacités, Tenma envisage sereinement la vie, pourquoi pas au bras de la séduisante fille du directeur. Ses convictions se fissurent parfois au contact de souffrances négligées au profit de l’opération qui pourrait encore accroître sa renommée. Ebranlé par le décés d’un ouvrier turc alors qu’il soignait un VIP, Tenma décide de privilégier les malades à sa carrière et arrache à la mort un enfant blessé d’une balle dans la tête alors que le maire de la ville est admis en même temps à l’hôpital. Mais si grâce à Tenma l’enfant est sauvé, le maire lui décède. Ce choix va causer la chute de Tenma. Désapprouvé par le directeur, relegué à une fonction subalterne et victime des humiliations du clan du directeur, Tenma ne peut plus se consoler qu’auprès de sa conscience, sa girlfriend l’ayant plaqué illico. Mais il a sauvé Johann, étrange rescapé avec sa soeur jumelle de l’horrible assassinat de ses parents. Quelques jours plus tard, le directeur et ses deux assistants sont à leur tour assassinés, laissant la place libre à Tenma pour diriger le service de chirurgie. Dans la confusion, les deux jumeaux disparaissent. Neuf annnées ont passées. Si le souvenir de ces évènements est encore vivace dans la mémoire du docteur, Tenma témoigne quotidiennement de ses qualités humaines et médicales auprès des patients du Eisler. Mais le passé se rappelle soudain au chirurgien : des meurtres en série commis aux environs semblent mettre en cause Johann, l’enfant autrefois sauvé. Et si Tenma avait permis au Mal de survivre ? Amazing EmpathyMan ! Le résumé qui précède en a peut-être déjà perdu quelqu’uns en route. Et la métaphore vaut d’être filée, tant Tenma en est là au début d’un long (déjà 18 volumes au Japon) chemin de croix. Sa faute ? Etre responsable de la (sur)vie de Monster. Son rachat passe dès lors par la mort de Johann, qui entretient avec son sauveur une relation complexe. Tout d’abord horrifié par les agissements de Johann, Tenma découvre progressivement le lourd passé du monstre. La gâchette ne sera peut-être finalement pas si facile à presser pour doc Tenma, plus habitué à sauver des vies qu’à les prendre. Insaisissable et diabolique, Monster est le seul qui semble véritablement savoir où va le manga tant Urasawa Naoki y aborde tous les genres : on passe du feuilleton professionnel à la E.R. au polar, via le drame sentimental avec un détour par le bon vieux krimi où Horst Tappert ne dépareillerait pas. En fuite depuis qu’il est suspecté des meurtres commis par Monster, Tenma croise en chemin une faune qui, prise dans la tourmente, laissera souvent des plumes pour avoir partagé la route du bon docteur. Tenma peut légitimement s’interroger sur le bien fondé de sa croisade tant il est souvent l’élément déclencheur de drames certes latents, mais qui avaient trouvé un équilibre dans l’oubli ou le compromis. Alors qu’il a déjà contrarié le destin qui avait voulu la mort de Monster, Tenma, vampirisé par son combat, participe au chaos qu’il prétend éteindre. Quis custodiet ipsos custodes, "qui nous protège de nos gardiens" dirait l’autre (merci maman pour le latin au lycée, tu avais raison ça sert dans la vie).Victoire Vérité ? - Présent ! Urasawa place son récit dans un cadre géographique qui doit constituer le must de l’exostisme chez nos amis nippons. L’Allemagne fait de toute évidence rêver les scénaristes jap si l’on en croit les manifestations d’une germanophilie inattendue que ce soit dans les jeux vidéo (la série des Xenogears/Xenosaga s’agrémente de titres en allemand des plus folklos, le récent Chaos Legion affuble son héros du doux nom de...Sieg Warheit !) ou comme ici dans le manga. Eloignement propre à tous les fantasmes, contrée nimbée d’un romantisme gothique et peuplée de guerrières à couettes, toujours est-il qu’Urasawa utilise son décor comme un théâtre de faux-semblants : la réunification des deux Allemagnes qui constitue le paysage historique du manga traîne son cortège de fantômes. Les personnages ont souvent eu deux vies, une en ex-RDA et une dans l’Allemagne réunifiée, si bien que personne n’est réellement qui il prétend être. Enfin, Monster et sa géographie particulière fait bien évidemment référence à son glorieux prédécesseur, le si célèbre Docteur Mabuse. Génie du mal, manipulant complices et innocents comme des marionnettes, on est souvent tenté de suspecter Monster de disposer lui-aussi de dons surhumains. Bien qu’il soit le personnage central, on voit finalement très peu Monster dans les premiers tomes. Ce hors-champ contribue bien sûr à renforcer le mythe et à le rendre encore plus terrifiant. Naoki Urasawa, qui avait sans doute encore dix minutes à lui, publie un autre must read, 20th Century Boys, tout aussi recommandable. La seule question qui subsiste n’est pas de savoir si Monster est une référence ou si Urasawa est un auteur à part, mais bien de déterminer à quoi carbure notre mangaka. Un gars énervant, quoi.

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