mercredi, décembre 21, 2005

 

Mort de froid en 2005

La mise en place d’une maraude à Marmande me donne l’occasion de parler de ma honte face à ça. J’ai lu ça dans le monde.fr. "Lundi 28 novembre, Sylvain Schiltz a été enterré. Il repose désormais dans le caveau familial au cimetière de Revigny-sur-Ornain, dans la Meuse. Sa famille et des proches ont assisté à la cérémonie religieuse qui a honoré "dignement", souligne sa mère Lucienne, la mémoire de cet homme de 38 ans, mort frigorifié dans sa voiture, le 24 novembre, à La Grande-Résie, en Haute-Saône. Errant au volant de son véhicule, à bord duquel il transportait quelques victuailles, sans domicile et sans travail, il a succombé par 5 à la première offensive du froid dans la nuit du 23 au 24 novembre. Il a fallu que Sylvain meure pour que la société se préoccupe de son sort. Il a fallu qu'il meure pour que sa famille, originaire de Revigny-sur-Ornain, apprenne qu'il avait été expulsé de son domicile le 31 octobre. Il a fallu qu'il meure pour que la seule personne proche de lui, Lyonnel Turillon, découvre qu'il galérait depuis trois semaines au hasard des routes entre Dole (Jura) et Gray (Haute-Saône) en quête de survie. Il a fallu qu'il meure pour que les services sociaux évoquent le cas de ce SDF, qu'ils affirment pourtant, aujourd'hui, avoir essayé d'aider. "On lui avait fait une proposition de relogement, mais il refusait qu'on s'occupe de lui, il ne répondait pas aux courriers", a déclaré Lucien Giudicelli, directeur du cabinet du préfet de Haute-Saône. Depuis quatre ans, Sylvain Schiltz vivait à Dampierre-sur-Salon, dans ce département, seul dans un studio du lotissement des Sablots, pour lequel il payait un loyer mensuel d'un peu plus de 100 euros. Le maire de ce village de 1 300 habitants, Jean-Pierre Maupin (UMP), n'avait pas "entendu parler de lui". Dampierre est un village "sans problèmes", souligne M. Maupin, qui s'enorgueillit des deux usines spécialisées dans la fabrique de charpentes métalliques. Au centre trône la "Tour", haute de huit étages d'acier et de verre et au sommet de laquelle un hôtel propose ses trois étoiles. En cette fin novembre, la salle panoramique et la terrasse fermée offrent à la vue un paysage valonné blanchi de neige et de brume. "Je n'ai su qu'il habitait dans ma commune que huit jours avant son expulsion, lorsque j'ai reçu l'arrêté à la fin du mois d'octobre", indique M. Maupin. Le maire plaide la bonne foi. "Il n'est jamais venu en mairie demander quoi que ce soit", assure-t-il. Selon lui, Sylvain Schiltz n'était pas complètement démuni. Il bénéficiait de ses indemnités de chômage et d'une allocation logement. "L'assistante sociale m'a assuré que sa situation ne relevait pas de l'urgence", se justifie M. Maupin. Cette fonctionnaire s'était rendue à son domicile, mais avait trouvé porte close. Sous le coup d'une procédure d'expulsion pour non-paiement de loyer, prononcée par le tribunal de Gray en juillet 2004, Sylvain Schiltz avait été mis à la rue, quinze mois plus tard, sur injonction d'huissier, juste avant la trêve hivernale. Né dans une famille de neuf enfants, Sylvain Schiltz avait quitté la Lorraine il y a près de cinq ans. "Il était parti parce qu'il ne trouvait pas de travail", explique sa mère, informée du décès de son fils par les gendarmes dans la matinée du 25 novembre. "Il faisait des boulots d'intérim dans les espaces verts ou dans les usines, mais jamais rien de fixe", se souvient-elle. Il était arrivé à Dampierre par l'entremise d'un ami, Lyonnel Turillon. Celui-ci l'avait recommandé auprès d'un centre de formation qui préparait au CAP de gestion des déchets et de propreté urbaine. Sylvain l'avait décroché en 2003, au terme d'une formation de quinze mois, et effectuait depuis des remplacements dans les diverses déchetteries de la région. "Sylvain était très secret, dit de lui celui qui fut l'une de ses rares relations. Il ne disait rien sur lui ni sur sa famille." La dernière fois qu'il l'a croisé, c'était il y a trois semaines. Après avoir été délogé par les gendarmes, Sylvain s'était présenté chez Lyonnel avec ses meubles. "Je suis dans la merde. Je ne sais pas où les mettre", lui avait-il dit. Il les avait laissés dans la cour et s'en était allé sans donner de nouvelles. Jusqu'à ce qu'on découvre son cadavre à l'orée d'un bois. " Que le état français puisse laisser crever des gens de faim et de froid à l’aube de 2006 me donne envie de gerber…Honte à vous messieurs les politiques, j’espère que vous y penserez avant de vous endormir dans vos draps de soie et étouffez vous avec un os de dinde…

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