lundi, décembre 19, 2005
Lycanthropie compulsive.
Je ne sais pas trop pourquoi mais comme chaque hiver, à la même période, Je me repasse pour la 43eme fois la trilogie des Fantomas et le Loup garou de Londres, surtout pour la première demi-heure qui est formidable. Le DVD est plutôt pas mal fichu, transfers de bonne qualité et des bonus assez amusants. John Landis me fait toujours marrer…“I see a bad moon rising. I see trouble on the way. I see earthquakes and lightnin’. I see bad times today" Deux jeunes américains, David et Jack, font un voyage en Europe censé durer trois mois. Au beau milieu des landes Galloises, ils tombent sur un tout petit village et décident de se restaurer avant la nuit dans un pub. Les locaux les accueillent avec suspicion mais quelques blagues douteuses mettent rapidement tout le monde à l’aise. Jack pose alors une question à propos de l’existence d’un pentacle sur le mur et les deux amis seront rapidement mis à la porte avec un avertissement : Méfiez-vous de la lune et restez sur la route. Dans la pénombre, ils dévient de leur trajet et Jack se fait attaquer par un loup monstrueux. Juste au moment où la bête s’en prend à David, elle est tuée par les villageois. Avant de perdre connaissance, David s’aperçoit que le monstre s’est transformé en homme… Par cette intro des plus efficaces débute l’un des films de loups-garous modernes les plus connus et peut-être, des plus appréciés. Il n’est pas dur de comprendre pourquoi. La mise en scène de John Landis est diablement efficace, mêlant la simplicité avec des images subjectives brutales, ou tout simplement en se reposant sur des grognements féroces tandis que la terreur affecte les acteurs et, par extension, le spectateur. "Don’t go around tonight Well it’s bound to take your life There’s a bad moon on the rise" Lorsque David se réveille à l’hôpital trois semaines plus tard, il apprend que son ami est mort et il commence à avoir des visions effrayantes d’un Jack déchiqueté qui lui dit qu’il est désormais touché par la malédiction du loup-garou et qu’il lui faut mourir afin de briser la lignée. De plus, David est assailli par des rêves de lui-même courant nu dans une forêt et s’attaquant à des biches. Dans une séquence de cauchemar particulièrement horrible, il se retrouve chez lui et toute sa famille se fait mitrailler par des soldats loups-garous. Son infirmière, Alex (radieuse Jenny Agutter), va le prendre sous son aile et l’installer chez elle. Ils vont rapidement entamer une relation amoureuse, ponctuée par les visions horrifiques de Jack, évoquant la culpabilité de David d’avoir tenté de s’enfuir tandis que son ami se faisait massacrer. Jack va également servir d’informateur pour ce qui arrive à David qui refuse de croire en ses paroles. Mais il ne pourra ignorer les évènements ignobles se déroulant autour de lui, le menant à sa perte inévitable. Evidemment, ce film n’aurait pas la réputation qu’il a sans la séquence de transformation de David, vraiment impressionnante pour l’époque. Les effets spéciaux sont réalisés par Rick Baker et rien ne nous est épargné des membres qui s’allongent, des oreilles qui poussent, des poils qui recouvrent bientôt tout son corps, de la gueule monstrueuse qui prend forme, filmé tantôt en plans larges, tantôt en plans subjectifs. Le tout est accompagné par les hurlements d’agonie de Jack qui nous fendent le cœur sur fond musical de la douce mélodie Blue Moon. Atroce, maintes fois copié, mais rarement égalé. "I hear hurricanes ablowin’ I know the end is coming soon I hear rivers overflowin’ I hear the voice of rage and ruin" Durant la nuit, David/le loup-garou va tuer six personnes, dont un homme dans le métro dans une course-poursuite très efficace mais malheureusement trop courte. Et le lendemain, il va se réveiller au zoo, dans la cage des loups, tout nu. Il aura recours à des ballons et une veste de femme seyante pour rentrer, Landis mêlant habilement l’horreur et l’humour sans fioritures ni en rajoutant, ce qui ne peut que nous faire sourire, voire même rire tout court. "Hope you got your things together Hope you are quite prepared to die. Looks like we’re in for nasty weather One eye is taken for an eye" Un soin particulier a été apporté à la musique, dont les chansons présentes comportent toutes le mot Moon dans leur titre. Ainsi, nous retrouvons Bad Moon Rising de Creedence Clearwater Revival dont j’ai repris les paroles ici parce que je trouve qu’elles évoquent à merveille l’esprit mélancolique et sinistre du film. Il y a également Moondance de Van Morrison et trois versions du magnifique Blue Moon par Sam Cooke, Bobby Vinton et The Marcels. Landis voulait inclure Moonshadow de Cat Stevens et Blue Moon par Bob Dylan, mais les deux artistes ont malheureusement refusé. Pour finir, quelques anecdotes. Le scénario fut écrit en 1969 par un Landis tout juste âgé de 19 ans. Lorsque le film entra en production, le studio insista pour avoir Dan Aykroyd dans le rôle de David et John Belushi dans celui de Jack. Landis refusa, nous évitant peut-être de justesse le premier musical bestial portant le titre douteux de Blue Moon Brothers… Il tourna lui-même le film porno aperçu dans le cinéma à la fin, intitulé See you next Wednesday, une phrase récurrente dans ses films, et dont on voit une affiche durant l’attaque du métro. Le décor réel où est situé l’appartement d’Alex se trouve sur Lupus Street, lupus étant le mot latin pour loup. Le film fut tourné en 9 semaines, dont le début dans le village existant de Crickadarn qui ne possédait pas de pub. Un cottage vide fut transformé, le résultat attirant même trois touristes assoiffés ! Il fut baptisé "The Slaughtered Lamb", ou "L'agneau abattu", un clin d'oeil du webmaster de ces lieux ? "Don’t go around tonight. Well it’s bound to take your life. There’s a bad moon on the rise"