vendredi, décembre 23, 2005
Florent Emilio Siri.
Viril mais toujours correct, ce jeune homme tombe deux claques visuelles (même nid de guêpes qui reste à mes yeux le vrai remake d'Assault et même avec ce connard de Naceri, le film reste une petite bombe). Otage sort en DVD et Février et c'est une bonne nouvelle... "Après des études à la Sorbonne, Florent Emilio Siri devient réalisateur. Il commence par travailler sur des clips musicaux (pour IAM, Pow Wow, Alliance Ethnik, Wu-Tang Clan,...), puis signe en 1992 le documentaire 'Mort lente', dont l'action se déroule en Lorraine, sa région d'origine. Florent Emilio Siri filme à nouveau ses terres natales en 1998, pour son premier long métrage de fiction, intitulé 'Une minute de silence'. Cette histoire d'amitié entre un mineur polonais (Benoît Magimel) et son collègue italien (Bruno Putzulu) est primée aux festivals de Namur et de Belfort. C'est grâce à ce film qu'il remporte le 'Prix Cyril Collard'. En 2002, il retrouve Benoît Magimel pour le film d'action 'Nid de guêpes'. Un groupe de bandits se retrouve coincé dans un entrepôt avec des forces de police, leur prisonnier et les "envahisseurs" qui tentent de rentrer pour le libérer... Plutôt que de s'étaler encore une fois sur l'éternelle question du potentiel renouveau du film de genre français, mieux vaut considérer le film comme quelconque. Il n'y a aucun sous-entendu péjoratif ici. Certes le film n'est pas ce qu'on fait de plus nouveau ou de plus original, mais il possède une touche qui fait naître l'intérêt dont aurait pu manquer un énième film de gunfights sans scénario béton. Le scénario ici parvient cependant à être habile. On a cent fois été confronté à ce genre de situation, et l'on s'attend donc à retrouver les clichés du genre. Mais à l'exception de quelques faiblesses ou quelques plaisirs que se fait le réalisateur, le film parvient à éviter les pièges habituels. La structure rappellera au choix Assaut de John Carpenter ou le jeu vidéo Counter-strike, c'est aussi basique que ça, mais cela ne signifie pas pour autant que c'est banal. Disons juste que cette idée de base déjà vue est ici parfaitement exploitée pour un film qui est au final un exercice de style entièrement réussi. Le film met un certain temps à démarrer, se perdant un peu dans ce mystère qu'il tente de garder autour des différents personnages présentés en parallèle, mais la première attaque survient avec une telle force qu'on sort littéralement de la possible léthargie dans laquelle on commençait à sombrer, pour ne plus se voir laisser un moment pour souffler. À l'exception de quelques trêves succinctes, permettant à l'action de mieux s'organiser pour une encore plus grande efficacité, la mise en scène ne se relâche jamais. À travers un découpage et un montage exemplaire, l'ambiance est parfaitement tenue de bout en bout, grâce également à une photo optant pour le sombre, nous plongeant plus profondément dans cette atmosphère. Le suspense du huis clos est à son comble. Les acteurs, en majorité des membres de cette nouvelle génération qu'on nous vend depuis quelques années, évoluent avec justesse, sans aucune esbroufe (à l'image de la mise en scène), autour d'un Pascal Greggory grandiose, tout en retenue. L'ensemble compose un groupe de "résistants" adroitement représentés, face à cet ennemi omniprésent et terrifiant, traité à la manière d'une masse bestiale, les fameuses "guêpes", grouillant autour du lieu restreint, tentant de rentrer afin de sauver leur "reine". L'action que nous offre le film est soignée, par l'intermédiaire d'une mise en scène carrée, qui ne cède jamais à l'effet de style superflu, adoptant plutôt une approche brutale, le tout dans une obscurité étouffante. C'est cette représentation qui fait en partie l'intérêt et la nouveauté relative de ce Nid de guêpes. En 2005, sort Otage, autre grosse claque « Jeff Talley, autrefois négociateur d’otages pour la police de Los Angeles, s’est retiré dans une petite ville. Lorsqu’un vol de voiture dérape et se transforme en prise d’otages, Talley devra reprendre du service et faire avec les données inattendues de la soirée. Lorsque les premiers noms du générique apparaissent avec un détourage bizarre sur fond noir, on se demande pourquoi cela paraît si cheap, si "film d'action des années 80". Alors le véritable générique, une animation que l’on ne révèlera pas, fait son apparition et c'est tout de suite autre chose. A la fois classe et délibérément ancré dans un esprit de série B, ce bref "pré-film" annonce d’emblée l'ambition d'un film qui jamais n'essaiera de viser trop haut, que ce soit dans sa forme, à la fois léchée et sans esbroufe, soignée mais sans fioritures, ou dans son scénario, qui ne prend jamais trop conscience de lui-même, évitant ainsi de tomber dans le film-concept ou dans l'accumulation de twists superflus. Au cours des deux heures qui suivront, Otage fera preuve d’une proximité avec les polars sans concession des années 70. Noir, violent, parcouru de scènes, de situations, d’événements rares dans le cinéma d'action et les thrillers d'aujourd'hui, le film de Florent Siri est dur, cruel, vrai. Tout du moins sonne-t-il vrai, malgré un parti-pris scénaristique assez fort. Et c’est là que réside la force du film. A partir d'un roman peuplé de nombreux personnages, Doug Richardson et le cinéaste se sont concentrés sur un protagoniste principal, son passé, son parcours, en un mot, son histoire. Sans jamais trop s'attarder sur son tourment, sans jamais surdoser dans la présence d'un trauma, ils cernent le personnage à la perfection, aidés par un Bruce Willis exemplaire, taciturne comme dans les meilleurs de ses films récents (notamment ses films avec M. Night Shyamalan), hanté. Sans verser dans l’introspection, l’intrigue fait de lui son moteur. Il est de tous les plans et le spectateur est avec lui. Otage n'est pas un film de personnages mais ils ne sont pas pour autant laissés pour compte. Même les méchants, dessinés d’après des archétypes, sont correctement traités. Ainsi, quand tel ou tel personnage semble too much, le script fait très habilement passer la pilule, justifiée par ce que l’on pourrait décrire comme une prise en compte de l'expérience des personnages en tant que spectateurs. Autrement dit, on a là l'un des rares films où certains protagonistes se comportent d'une manière qui pourrait paraître peu crédible. Que ce soit les ressources de l'un, ou la folie d'un autre, cela peut s’expliquer par le fait que ces protagonistes ont vu des films, ont joué à des jeux vidéos, etc. C’est pourquoi lorsque l’un des preneurs d’otages commence à se comporter comme un psychopathe issu d'un film d’horreur à tendance fantastique, l’acteur l’interprète presque littéralement comme un monstre et la mise en scène sublime le tout par des plans eux aussi provenant du cinéma d’épouvante. "Le métier de réalisateur est de rendre crédible une réalité complètement fabriquée", disait David Fincher. C’est très exactement l’exploit accompli ici par Siri, qui exploite son scénario à la perfection. On retrouve la tension omniprésente de Nid de guêpes, cette même habileté dans la gestion de l’espace. En traversant l’Atlantique, le cinéaste a emmené avec lui son chef opérateur, son monteur et son compositeur, une gageure pour un "émigré". Si sa courte filmographie ne témoigne pas pour le moment de thèmes particuliers, une certaine personnalité s’en dégage néanmoins dans l’esthétique. C'est sombre, c'est chaud. Ça ralentit seulement quand il faut, ça explose seulement quand il y a besoin. Efficace, précise, l’œuvre ne s’impose pas comme un quelconque renouveau et se situe sur la frontière de son propre parti-pris, ce qui la rendra fragile aux yeux des spectateurs les plus réticents. Cependant, elle fait preuve d’assez d’originalité par le biais de détails peu communs dans le genre, pour créer la surprise. Avec son précédent film, Florent Siri signait un remake officieux de l’Assaut de John Carpenter, un thriller de 1976 mêlant à l’univers policier une qualité fantastique que l’on retrouvait dans Nid de guêpes. Il en va de même avec Otage. Si le bourdonnement des guêpes a disparu, les monstres ne manquent pas de faire irruption dans la réalité.