vendredi, décembre 23, 2005

 

Coke en stock ?

Aqui presente : Ladies & Gentlemen, would you please welcome la bête noire de Georges W.Bush !!! Mister "cocalero" Evo Morales. Ce dernier pourrait être le premier Indien président de la Bolivie. Le second tour parlementaire l'opposera à l'ex-président conservateur Sanchez de Lozada, - A 42 ans, le paysan "cocalero" (producteur de coca) Evo Morales, Indien aymara d'extrême gauche frappé d'un veto américain, pourrait être le premier autochtone président de la Bolivie. Son score inattendu de 20,94% à l'élection présidentielle du 30 juin, dont les résultats sont enfin connus, le classe deuxième sur onze candidats, derrière les 22,46% de l'ex-président conservateur Gonzalo Sanchez de Lozada. Aucun des deux candidats les mieux classés n'ayant obtenu la majorité absolue, le Congrès bolivien les départagera au début du mois août. L'arbitre principal de ce second tour parlementaire sera la gauche sociale-démocrate. Qu'il accède ou non à la magistrature suprême, Evo Morales a déjà gagné. Il vient en effet de marquer un point de rupture dans l'histoire politique bolivienne. Pour la première fois en effet, les Indiens, soit 65% de la population de Bolivie, ont pris conscience qu'ils peuvent prendre le pouvoir par la voie des urnes. D'autant plus qu'un autre candidat indien, Felipe Quispe, se classe 5e de la présidentielle avec 6% des suffrages. L'impact psychologique de cette nouvelle réalité est renforcé par le fait que, contrairement au président péruvien Alejandro Toledo, également d'origine autochtone, Evo Morales et Felipe Quispe sont antioccidentaux et adversaires de l'économie de marché. Tous deux applaudirent les attentats terroristes du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis. Les conséquences de leur émergence politique pourraient franchir les frontières boliviennes et se faire sentir principalement au Pérou et en Equateur, où les communautés indiennes marginalisées sont numériquement fortes. L'ascension d'Evo Morales souligne aussi la montée en Amérique du Sud d'un sentiment à la fois anti-establishment et anti-néolibéral constaté au Pérou, en Argentine et au Brésil. Dans ce dernier pays, première puissance latino-américaine, tous les sondages relatifs à l'élection présidentielle d'octobre annoncent depuis plusieurs mois la victoire de Luiz Inacio Lula da Silva, président d'honneur du Parti des travailleurs (PT), le plus grand parti de gauche d'Amérique latine.Quatre jours avant le scrutin du 30 juin, l'ambassadeur des Etats-Unis en Bolivie, Manuel Rocha, lançait un veto contre Evo Morales, déclarant publiquement: "Je veux rappeler à l'électeur bolivien que s'il élit ceux qui veulent que la Bolivie redevienne exportatrice de cocaïne, il mettra en péril le futur de l'aide des Etats-Unis". Cette menace, qui a soulevé le tollé de toute la classe politique bolivienne, ne pouvait viser qu'Evo Morales, leader de 30.000 familles indiennes de Bolivie qui veulent continuer à cultiver la coca (dont on extrait la cocaïne), malgré la politique officielle de "coca zéro" soutenue par les Etats-Unis. Evo Morales est persuadé que l'ingérence peu diplomatique de l'ambassadeur américain lui a apporté ce qu'il appelle "un flot de votes anti-impérialistes". Les analystes politiques le croient aussi. Le 30 juin, Evo Morales a également obtenu 35 des 157 députés et sénateurs du Congrès bolivien, élus sur la liste du Mouvement vers le socialisme (Movimiento al Socialismo, MAS) du dirigeant "cocalero". Il lui faudrait l'appui d'au moins 80 élus pour être désigné président de la République lors de la session parlementaire qui s'ouvrira le 3 août. La Nouvelle force républicaine (Nueva Fuerza Republicana, NFR, 27 élus) de l'ex-capitaine Manfred Reyes Villa n'écarte pas un soutien à Evo Morales et se refuse en tout cas à appuyer son concurrent conservateur Gonzalo Sanchez de Lozada, dont le Mouvement nationaliste révolutionnaire (Movimiento Nacionalista Revolucionario, MNR) compte 47 représentants. Dans ces conditions, l'arbitre principal du second tour parlementaire sera le Mouvement de gauche révolutionnaire (Movimiento de Izquierda Revolucionaria, MIR, 32 élus) de l'ex-président social-démocrate Jaime Paz Zamora. "Je suis très content et très impressionné par le résultat des élections, obtenu grâce aux six fédérations (de producteurs de coca) du Chapare et aux autres organisations qui ont fait campagne dans tout le pays" déclare Evo Morales aux journalistes. Selon lui, son succès reflète l'opposition des paysans à l'élimination de la coca et "le prochain gouvernement devra en tenir compte". Alors que l'exécutif bolivien prétend avoir détruit la quasi totalité des 40.000 hectares de coca de la région du Chapare, Evo Morales revendique le droit, pour chacune des 30.000 familles de "cocaleros", d'en conserver un cato (parcelle de 1.600 mètres carrés) à des fins légales de "consommation traditionnelle et médicale". L'échec des programmes de substitution de la coca et la misère des paysans expliquent tant la revendication d'Evo Morales que la réapparition de cultures clandestines dans des zones que l'on croyait peu propices à la coca. L'ambassadeur américain Manuel Rocha, que les Boliviens surnomment parfois le "vice-roi", accuse Evo Morales de faire partie de ceux qui "veulent vendre au monde le mensonge selon lequel la culture de la coca au Chapare est innocente". Le diplomate a élargi son ingérence dans la politique colombienne en recommandant aux responsables de plusieurs partis de ne pas voter pour Evo Morales lors du prochain second tour parlementaire. Cette démarche a été confirmée mardi par le leader du NFR, Manfred Reyes Villa. Le 20 juillet, c'est à Chimore, au centre du Chapare, à un kilomètre seulement de la base militaro-policière de la Force antidrogues abritant une dizaine de conseillers américains, que le MAS d'Evo Morales célébrera son succès électoral. Rassemblant "cocaleros", communistes, trotskistes, castristes, nationalistes, indigénistes et des "sans terre", le MAS prône notamment le moratoire de la dette extérieure bolivienne, la renationalisation des grandes industries et du gaz naturel déjà exporté vers le Brésil et bientôt vers l'Amérique du Nord, le contrôle étatique des grandes propriétés terriennes et la promotion des traditions culturelles indiennes andines et amazoniennes comme alternative au modèle occidental.

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