jeudi, novembre 08, 2007
Cowardcounty 27th district (rayon l'effet idéomoteur).
Au réveil quand j’ai entendu la chanson de Hugues Aufray sur l’épervier, je savais déjà en me levant que la journée d'hier allait être une journée compliquée. D’abord parce que Hugues Aufray aurait pu être mon papa et puis parce que j’ai toujours eu un rapport assez étrange avec ce curieux animal. Pour pleins de raisons qui vont sans doute vous faire penser que je travaille du chapeau il est vrai que je marque toujours un temps d’arrêt dès que j’entends prononcer le mot Epervier. Pourquoi ? Je vais la faire courte : Un soir d’été quatre ados se pressent chez un cinquième pour faire tourner les tables et faire joujou avec les esprits. Un scrabble en guise de Ouija et le tour est joué. Nous tous le doigt sur un verre. Lumière éteinte noir complet le verre se met à bouger et frappe un lettre à chaque fois nous rallumons la lumière. Les lettres forment le mot "épervier" dans un premier temps. Puis le mot "lâche" dans un second. Mes amis regagnent leurs pénates, j'avoue avoir pas mal fumé ce soir là cependant je n’arrive toujours pas à expliquer comment j’ai réussi à ouvrir un bouquin de 200 pages au pif et que mon doigt se colle pile-poil sur ce putain de mot alors qu’il n’y est fait allusion qu’une seule fois dans tout le récit, ni encore comment moins de cinq minutes plus tard en allumant la télé je tombe sur un "histoires naturelles" consacré à la chasse à l’épervier au Maroc. Et surtout je ne capte pas comment cet espèce de gros oiseau est venu se fracasser contre mon pare-brise la nuit suivante. En pleine nuit, la campagne bouffée par le brouillard, je demande à mon amie de l’époque : "Putain à ton avis c’est quoi comme oiseau tu crois ?" Elle me répond "un aigle". Elle était blonde. Donc voila sans doute un curieux concours de circonstances mais toujours est-il que depuis ce jour là à chaque fois que j’entend ce mot il m’arrive une couille. Mais revenons au présent et il n’y à toujours pas de place pour se garer au boulot, trois jeunes cons que je laisse traverser, pas un pour me faire un signe de remerciement, un autre force le passage sans un mot d’excuse. Pas de sourire ce matin : que du -1° Les courses sont aussi compliquées que les paniers de la marque Leclerc. En plus il n'y en a plus. Ah si un seul, mais pas fichu de rentrer une pizza à l'intérieur puisqu’ils ont optés pour l’élégant design en forme de haricot. Pas forcement pratique pour transporter tout objet aux folles courbes rondes mais visiblement tout le monde s’en branle. Moi qui suis agoraphobe je me retrouve par conséquent plongé en apnée dans un supermarché bondé de zombies en pleine après midi. Je passe rapidement sur les odeurs et la chaleur qui me soulève le cœur... La priorité à droite ne fonctionnant visiblement pas avec les caddies pas grave je m’approche tout de même des rayons concernés en enjambant des corps inertes. La caisse vers laquelle je me dirige est sur le point de fermer et il est absolument hors de question qu’elle fasse une exception pour moi et mes deux malheureux articles bien entendu. Les gens ne s’aiment plus. Le policier n’aime pas les jeunes. Les jeunes n’aiment pas la police. Les professionnels du social n’aiment pas les pauvres. Les pauvres détestent les riches (et inversement) Les couleurs ne se mélangent que très peu entres elles et les caissières n’aiment plus les clients. Le monde est en train de s’effondrer du "je m’en foutisme". Vous achetez un produit, si vous etes livré : tant mieux, c’est de la chance sinon tant pis pour vous pas de chance. Moi qui pensais que la chance n’avait rien à voir avec la thune que je peux donner en règle générale. Bien sûr il n’y a plus de poches à vendre et bien sûr je ne retrouve plus ma bagnole puisque je n’ai bien évidemment pas pris le temps de noter la lettre correspondant à la rangée de cette foutue voiture. Je finis par retrouver ma Twingo alors que je cherchais une Clio bilan j’ai quand même perdu deux heures. Méthode Coué. Chaud/ Froid/Il pleut. Tout va bien. Cool/Cool/La journée n’est pas finie. Je reviens sur mon lieu de travail. Etant donné que j’habite le trou du cul du monde je suppose (à tort) qu’il doit bien rester une petite place un mardi après midi de novembre dans ce foutu parking de merde. Ben faut croire que non. Faut avouer que j'ai pas le pot aujourd'hui. Obligé de me garer à la filhole pour les connaisseurs pour les autres ça sera juste le trou du cul du trou du cul du monde. Putain tout ça pour trois tartes de merde et quatre pauvres bouteilles de cidre. C’est à vous écœurer de fêter votre anniversaire. J’arrive tant bien que mal à me glisser entre les voitures du parking plein à dégueuler je me faufile dans le lieu de repos pardon de travail pour découper ces cons de tartes. Après avoir pété trois coustifs pour un seul gâteau basque je manque de me faire énucléer par ma jeune collègue n’ayant jamais ouvert une bouteille de cidre de sa vie. Je finis simplement cette folie pétrie de bonnes intentions, de communion entre professionnels du social en me vautrant lamentablement de ma chaise ce qui à chaque fois a le don de susciter l’hilarité de mes bien chers convives et en aucun cas l'envie de venir m’aider à me relever ni me demander si je me suis pas claqué une vertèbre. Le monde est compliqué. Les gens n'en ont plus rien à foutre de rien. Là où notre société droite comme un I allait jadis au plus court. Désormais, elle préfère partouzer avec les soucis et les règles. Un peu comme la notice d’un jeu pour les mômes coincée tout au fond d’un incroyable noeud de serpents.
Comments:
<< Home
j'avais échappé au tournage de table!
Tant mieux, nos contemporains manquent tellement d'esprit que je doute de nos ancêtres... à moins de chopper le grand Léonard ou l'immense Claude-Achille...
Enregistrer un commentaire
Tant mieux, nos contemporains manquent tellement d'esprit que je doute de nos ancêtres... à moins de chopper le grand Léonard ou l'immense Claude-Achille...
<< Home