vendredi, septembre 01, 2006
La voix Férré.
Quand j'étais petit mon père me disait "Tu vois fiston, ce mec est un des derniers" alors moi je le regardais comme une espèce en voie de disparition un peu comme si je découvrais le dernier diplodocus. Tous cela c'était bien avant que je capte les idées du Monsieur, ce subtil mélange d'amour et de mort. Ce mot qui n'existe plus en 2006 : L'anarchie. "Léo Ferré, né à Monaco le 24 août 1916, décédé en Italie à Castellina in Chianti le 14 juillet 1993, à l'âge de 76 ans, est un poète et musicien monégasque, auteur-compositeur-interprète de chansons. Il vit principalement dans le Lot (46), et finit sa vie en Toscane. Dans ses textes, Ferré mêle le lyrisme à l'argot, l'amour à l'anarchie. Occupant une place centrale dans le monde de la chanson française, il est sans doute une des références absolues dans ce domaine. Á partir du moment où il reprend son contrat à Eddy Barclay, période des immenses succès (Avec le temps et C'est extra), il se réalise pleinement en tant qu'artiste ; sa musique et ses textes deviennent débridés : longues litanies enflammées comptant parmi les moments les plus intenses de la chanson française. En sa qualité d'auteur, Ferré est reconnu comme un poète marquant du XXe siècle, avec une expression originale, puissante et personnelle de la poésie. Mettant en musique Rimbaud, Baudelaire, Louis Aragon, Apollinaire, Rutebeuf, Pierre Seghers, Jean-Roger Caussimon, et quelques autres, il contribue à les faire connaître et aimer d'un public élargi. Il est également compositeur : d'opéras avec La Vie d'artiste (inédit) et L'Opéra du pauvre, d'un oratorio avec La Chanson du Mal aimé, sur le texte d'Apollinaire. Souvent orchestrateur de ses compositions, il dirige des orchestres symphoniques, lors de représentations en Italie, en France, au Canada, en Espagne, en Suisse et en Belgique. Son fils Mathieu, avec les Éditions "La Mémoire et la Mer", ressort l'œuvre de son père avec les pochettes originales. Léo est chanté par de très nombreux artistes comme Marc Ogeret, Bernard Lavilliers, Hubert-Félix Thiéfaine, Ann Gaëtan, Michel Buzon ou Philippe Léotard. "Se demander si "on aime" Untel ou untel revient à s'interroger sur le plaisir qu'il nous procure. Avec Léo Ferré, il n'y a aucun doute possible : le plaisir est immense. D'abord un plaisir abstrait, cérébral. On est happé par le sens des mots. Puis une sensation plus physique qui est un effet du plaisir cérébral et qui parle au corps lui-même. Typiquement on appelle cela la jouissance. Et puis cet homme superbe à qui l'âge ne donne pas, comme on dit bêtement, une "éternelle jeunesse", mais une tonalité de liberté absolue, une grâce incomparable qui va bien au-delà de la vie et de la mort elle-mêmes. Léo Ferré a ce don extrême de dire des choses simples en révélant ses affects et ses expériences dont nous nous sentons les complices. C'est ce qu'[on] devrait montrer : ce complot d'affects, [...] cette culture de la joie, cette dénonciation radicale des pouvoirs, ce glissement progressif vers un plaisir qui est le contraire de la mort. Ce que je peux exprimer bêtement par : j'aime Léo Ferré. Non parce qu'il est bête d'aimer Léo Ferré, mais parce que c'est dire bêtement une complicité qui peut mettre l'ordre en péril. Ferré est dangereux parce qu'il y a chez lui une violence (maîtrisée) qui s'appelle le courage de dire. Il perçoit partout, dans le monde, dans la vie individuelle, l'intolérable. C'est un homme de passion habité par la sérénité. C'est un plongeur de l'émotion qui utilise les mots comme des grains de sable dansant dans la poussière du visible." (Gilles Deleuze)