jeudi, août 31, 2006
Bevilacqua.
J’aime bien ce mec, l’air sévère, le cheveu en arrière et la stache toujours impec, Paul Smith noir cintré qui cache un aigle old school façon Ed Hardy sur le haut du bras. Je crois qu’à cinquante balais j’aimerais bien lui ressembler. "Christophe, de son vrai nom Daniel Bevilacqua, est un chanteur français né le 13 octobre 1945 à Juvisy-sur-Orge, en banlieue parisienne. Il est le fils d'un entrepreneur en maçonnerie d'origine italienne. Très jeune, il est fasciné par l'"American way of life", tel qu'il est dépeint dans les films qu'il va souvent voir au cinéma. Vers ses 8 ans, Edith Piaf et Gilbert Bécaud sont ses premières idoles, bientôt supplantés par le blues, véritable révélation pour l'adolescent: il découvre Robert Johnson et surtout John Lee Hooker. A la fin des années 1950, comme bien des gens de sa génération (celle du baby-boom de l'après-guerre), il est alors marqué par Elvis Presley et James Dean, tout en développant une passion sincère pour le rock des pionniers de la maison Sun et le blues (il reconnaîtra avoir également été influencé par Georges Brassens). Ayant trouvé sa vocation (de son propre aveu, il ne sera qu'un médiocre écolier), il fonde un groupe amateur appellé Danny Baby et les Hooligans, où il chante le plus souvent en yaourt (du faux anglais) tout en s'accompagnant à la guitare. Après son service militaire, il entame une carrière de chanteur en solo. En 1963, il enregistre son premier 45 tours sur le label de la célèbre salle parisienne, Golf Drouot. "Reviens Sophie", inspirée par la musique noire américaine passe totalement inaperçu. En 1965, il devient une vedette avec la ballade "Aline", chronologiquement un des premiers slows de l'été en France avec le "J'entends siffler le train" de Richard Anthony. Le succès colossal de ce titre (il s'en vendra 1 million d'exemplaires) dont il a écrit paroles et musiques lui vaudra quelque temps plus tard un procès pour plagiat du chanteur Jacky Moulière, qu'il perdra mais gagnera en appel à la fin des années 1970. D'autres succès suivront à un rythme plus ou moins régulier: "Les marionnettes", "J'ai entendu la mer" ou "Excusez-moi, Monsieur le professeur".Grisé par sa réussite, il vit alors à 100 à l'heure, au propre et au figuré, ses démêlés avec la maréchaussée parisienne pour excès de vitesse au volant de ses Ferrari Testarossa et Lamborghini faisant partie intégrante de sa légende. Séducteur impénitent, il a une liaison avec la chanteuse Michèle Torr, qui aura de lui un fils appellé Romain né le 18 juin 1967 - quatre ans plus tard, il épousera Véronique, avec laquelle il aura une fille appellée Lucie. En 1967, il signe la bande originale du film "La route de Salina", de Georges Lautner, sa seule incursion dans le domaine cinématographique jusqu'à présent. Au début des années 1970, sa popularité fléchit pendant une courte période, durant laquelle il se laisse pousser une moustache qui, avec sa longue chevelure blonde, peaufinera son image de latin lover et représente accessoirement un hommage à l'industriel italien Enzo Ferrari. Le déclic se produit à nouveau pour Christophe lorsque son producteur Francis Dreyfus lui adjoint les services du jeune parolier Jean Michel Jarre, avec lequel il écrit l'album "Les paradis perdus", très influencé par le rock anglo-saxon de l'époque (Pink Floyd, Lou Reed). En 1973, il voulait mourir, comme le démontre cet extrait de l'album "Les Paradis Perdus": "À chaque pas la nuit tombe Sur mes cheveux collés Dans ces phares qui éclairent Ma guitare mouillée Même la mort Est trempée Je veux partir avant que vienne l'heure Je quitterai ce monde qui se meurt Je veux mourir avant longtemps Loin de ce bruit loin de ces gens Je n'ai pas eu le temps de vivre" Le succès est à nouveau au rendez-vous, la réussite de leur association étant concrétisée en 1975 par l'album et le 45-tours "Les mots bleus", un des sommets de la carrière de Christophe, qui lui permettra de renouveler son public. Il se produit alors à l'Olympia à guichets fermés. Christophe a délaissé son look de jeune homme "comme il faut" des années 60, pour revêtir la panoplie du dandy légèrement décadent chantant d'un air détaché "le Dernier des Bevilacqua" ou le tube "Señorita". Dans un moment de vide intérieur, de son propre aveu, il dérape alors et tombe dans la drogue. En 1978, il publie un de ses albums les plus audacieux, "Le beau bizarre"', qui n'aura pas le succès de ses prédécesseurs mais lui vaudra les louanges de la critique. Les textes sont alors signés Bob Decout. Il collaborera ensuite avec Boris Bergman pour "Samourai" et avec son beau-frère Alan Z Kan pour "Pas vu, pas pris". Entre-temps, à la demande de sa femme Véronique, Christophe ressort en 1980 le 45 tours "Aline" et aligne 3 millions et demi de ventes, à sa grande surprise. En 1983, son troisième plus gros succès en simple sera à nouveau une ballade, "Succès Fous", dont il vend quelques 600 000 copies et qui achèvera de le cataloguer (à tort) comme chanteur pour midinettes. Par la suite, son rythme de travail ne cessera de se ralentir: il publie un album d'adaptations de standards anglo-saxons des années 1940-1950 ("Clichés d'amour"), des 45-tours ("Ne raccroche pas", qui se veut un clin d'oeil a l'adresse de la jeune Stéphanie de Monaco) mais ne fait plus de scène. Il se consacre alors essentiellement à ses collections de juke-boxes, de disques rares et de grands films - sa cinéphilie était bien connue du directeur de la Cinémathèque Française, Henri Langlois, à qui il prêta une copie originale de "La Strada" de Federico Fellini. Mélomane averti, il se tient toujours au courant des dernières nouveautés, afin notamment d'actualiser sa propre musique. Perfectionniste jusqu'à la maniaquerie, il peut passer un an à travailler sur le son d'une simple partie de batterie! Après un 45 tours passé à peu près inaperçu "Chiqué chiqué" en 1988, Christophe change de maison de disques en 1995. De Motors, il passe chez Epic, une division de Sony. En 1996, il publie un album ambitieux mais qui ne fera guère parler de lui, "Bevilacqua", où on l'entend en duo avec son idole : Alan Vega du groupe américain Suicide. Véritable disque d'ambiance, "Bevilacqua" surprend par sa modernité: Christophe y est lui-même et ne ressemble plus au dandy crooner des années 1970. Très intéressé par la techno et les synthétiseurs, attiré par les nombreuses possibilités qu'offrent les ordinateurs, Christophe a pendant de longs mois bricolé et travaillé voix, sons et musique au studio situé dans sa résidence. Ses chansons ne sont pas écrites sur le modèle couplet-refrain-couplet, elles témoignent plutôt d'un esprit torturé, labyrinthique. Cinq ans plus tard, "Comme si la terre penchait" connaîtra un meilleur accueil, même si on est encore loin des scores de vente passés. Il annonce alors son retour sur scène (où il ne s'était pas produit depuis 26 ans) et donne une série de magnifiques concerts à l'Olympia, s'étant entouré d'un excellent groupe pour recréer ses titres les plus célèbres. Le disque "Christophe Live à l'Olympia" publié l'année suivante et le DVD témoignent parfaitement de cette magie retrouvée. En 2004, il chante en duo avec Bashung sur la scène de l'Elysée Montmartre "Les mots bleus" et "Amsterdam". En mars 2005, il apparaît sur la scène de l'Opéra comique pour offrir à Brigitte Fontaine une interprétation inoubliable de la chanson "Hollywood" (paroles de B. Fontaine, musique de Areski Belkacem). En 2006 Sebastien Tellier reprend "la dolce vita" et chante en duo avec lui sur l’émission Campus.