mercredi, juillet 05, 2006

 

One + One vs Sympathy for the devil.

Plutôt intéressante cette periode pour les stones, un premier film promo sur Satan, Jagger se rétracte au dernier moment, pas M.Faithfull. Reste pas grand chose du projet quelques images ainsi qu'une B.O. Grosso merdo à la même periode suivront le douloureux épisode d'Altamont et la rencontre avec Godard "Soyons clairs : les documentairess sur les Rolling Stones ne manquent pas. Qu'il s'agisse de Gimme Shelter, de David & Albert Maysles ou encore l'illustre Cocksucker Blues, de Robert Frank (censuré par Mick Jagger), les films ne manquent point. Mais personne n'a su filmer les Stones comme Godard dans cette curiosité foudroyante qui souligne une fois n'est pas coutume le souci formel d'un cinéaste constamment en quête (et c'est ça qui est beau). Avant d'être un film, c'est une série d'anecdotes et, surtout, d'anicroches. Au départ, Godard était venu à Londres, à la fin de l'année 1968, pour réaliser un film sur la légalisation de l'avortement, initié par la productrice Eleni Collard. La loi autorisant l'avortement ayant été votée peu après l'arrivée du cinéaste, ce projet est devenu caduc. Finalement, on lui propose de venir en Angleterre pour monter un projet qui consiste à filmer parallèlement les Rolling Stones dans leur studio pendant qu'ils enregistrent Sympathy for the devil, point d'orgue de leur album Beggars Banquet, et des incantations politiques où on peut entendre (entre autres) les Black Panthers, Anne Wiazemski etc. Un concept on ne peut plus conceptuel qui à fortiori sied à Godard. Or, Godard est au moment où on le réclame en pleine manifestation de mai 68 et n'a pas tout le temps idoine pour aller à Londres et réaliser ce dessein. Godard demeure intransigeant sur ce plan et provoque la colère de ses producteurs d'alors qui finissent par désapprouver sévèrement le matériau final fomenté. Les mêmes producteurs décident de le modifier, de changer le générique de début, d'ajouter une version définitive du tube des Stones et surtout, sacrilège, de toucher à l'image finale d'Anne Waizemski. Or, c'est contraire à la démarche de Godard qui voulait, lui, diffuser une version intermédiaire et non finie du tube des Stones. Comme prévu, la colère gronde. Le cinéaste découvre le film fini rebaptisé Sympathy for the devil, dégoûté, et assassine verbalement ses collègues et file une beigne à son producteur. Il renie le film fini et ne fera que vendre la sienne, à savoir One + One. Et le film alors ? Précipité pour happy-fews ou grand film Godardien dans toute sa splendeur abîmée ? Il appartient bien sûr à la seconde catégorie. Par la grâce de superbes plans-séquences, Godard opère une dichotomie annoncée par son titre. Les scènes de répétitions des Stones se cognent à des séquences de pop politique (au gré de longs travellings autour de Eve Democracy (Anne Wiazemsky), il filme un entretien politique dans un cadre agreste). Son but était de mettre en opposition la musique (les Stones donc) et la politique (les Black Panthers, déclamateurs de slogans révolutionnaires), histoire de sonder deux éléments a priori dissemblables où d'un côté on cherche la création et l'aboutissement et de l'autre, on détruit les valeurs et on manifeste un mépris souverain envers tout ce qui représente l'ordre et l'autorité. En somme, deux mondes qui ne parviennent pas à communiquer (les Rolling Stones restent cloîtrés dans leur zique et les éléments périphériques dans leurs discours autistes). Et le résultat séduit l'œil et stimule délicieusement l'intellect. Après ce film, le cinéaste a rejoint le groupe militant Dziga Vertov, signataire d'œuvres collectives produites hors des circuits officiels, et poursuit ses recherches dans la sphère privée en tournant avec sa compagne Anne-Marie Mieville des films extrêmement intimes. Sous ses dehors inoffensifs, One+One / Sympathy for the devil constitue en réalité le film qui a marqué le plus fortement son auteur, déjà rétif à tout compromis. Le propos désespéré (toute révolution est automatiquement vouée à l'échec) appuie encore plus férocement un nihilisme latent."

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