vendredi, juin 30, 2006
Voorhees uncle ben's.
Cas d'école malgré lui, Jason Voorhees est à lui tout seul un emblème, pour ne pas dire un mythe, du cinéma d'horreur B, Z ou tout autre lettre de l'alphabet située entre. Faisant tour à tour des ravages dans la jeune population de sa région, au box office mondial et fatalement dans bon nombre de portefeuilles bien heureux, le monstre fait 25 ans après le tournage du premier épisode, l'objet en zone 1 d'une édition ultimate chargée comme une mule et soigneusement concoctée par Paramount, détentrice des 8 premiers films. Un succès tout simplement monstrueux pour ce qui n'était pourtant au départ qu'un coup de poker. Bien que la méthode soit aujourd'hui pratiquée d'une manière éhontée, il était assez couillu dans la fin des années 70 de vendre un film sur son simple titre et une date sans même savoir à l'avance de quoi l'on va parler. C'est pourtant ce que Sean Cunningham, ami et producteur de Wes Craven pour La dernière maison sur la gauche, s'est fixé comme objectif en voulant se remplir les poches sur un budget minuscule, et sur ce qu'il considérait comme un titre génial : Vendredi 13 ! Si l'idée s'avère assez originale pour être exploitée, le déroulement du film ne pourrait guère convaincre, puisque trop proche Halloween, s'il n'avait pas été nettement plus loin dans l'excès. Cunningham n'est pas ce qu'on pourrait appeler un as de la caméra , sa réalisation simple ne fait décidément pas le poids avec celle de Carpenter mais il possède dans sa manche une importante carte en la personne de Tom Savini, l'enfant terrible du maquillage. On décide alors de ne pas lésiner sur le gore, de suivre une supposée héroïne principale comme son ombre pendant un quart d'heure pour finalement l'égorger sauvagement en gros plan, et d'en rajouter toujours et encore plus pendant le reste du film jusqu'à l'ultime décapitation de la meurtrière. Une meurtrière oui, nous ne vendrons sans doute pas la mèche en dévoilant que ce n'est pas Jason qui décime le groupe de monos dans le premier film mais sa propre maman (en ce sens Scream a du gâcher la surprise à beaucoup de jeunes spectateurs) car, comme l'a souvent laisser sous entendre Freud, c'est vers la fibre maternelle qu'il faut chercher les explications de certains maux. 1958, Jason Voorhees est un petit garçon trisomique de 11 ans sujet aux moqueries de ses camarades qui finiront par jeter le malheureux dans le Crystal Lake, attraction principale d'un camp de vacances, où il se noiera sans que personne ne lui vienne en aide. Occupés à se faire des papouilles dans des cabanons, les jeunes gens responsables du petit Jason ne découvriront sa disparition que bien après. Madame Voorhees reviendra donc 20 ans plus tard pour charcuter d'autre monos qui, bien entendu dans leur état actuel ne pourront définitivement pas surveiller quiconque à l'exception d'une seule qui enverra la vieille dame dans les cordes une bonne fois pour toutes. Un film affreusement banal qui aurait probablement coulé dans les profondeurs du lac encore plus rapidement que l'enfant si l'intervention de ce dernier fut pas rajoutée dans le script au dernier moment, et pour cause: c'est à ces 10 secondes que Vendredi 13 doit son succès et sa renommée. 10 secondes avec lesquelles le bouche à oreille convainc un nombre incalculable de badauds de vivre l'un des plus beaux sursauts de leur vie comme on en avait pas vu depuis la scène de "l'escalier" dans Psychose. Au même titre qu'un simple tour de manège on encourage vivement le public à subir ce court instant de terreur qui fonctionne toujours aussi efficacement aujourd'hui avec ses ingrédients savamment dosés : l'enfant, le montage, la situation et une musique à la fois terrifiante et fataliste, tout y est! Succès oblige une suite est immédiatement mise en chantier Friday part 2 (Le tueur du vendredi chez nous) pour l'année suivante par un spécialiste du genre, Steve Miner qui signera également le troisième volet et le dernier épisode potable de Halloween en date, H20. Jason qui visiblement n'était pas mort, avait sans doute du rester tranquillement terré toutes ces années dans les bois puisque c'est la douloureuse perte de sa maman qui le pousse à se manifester. Pas encore très habitué à l'exercice et absout d'un véritable charisme, ce dernier arrive toutefois à régler ses comptes familiaux en massacrant la survivante du premier film puis en s'entraînant réellement sur les nouveaux moniteurs du camp. Dans un souci de fraternité Jason se trouve un ami handicapé à qui il va apprendre ce que "se fendre la gueule" signifie, car fauteuil roulant ou pas, le boogeyman ne fait pas de favoritisme, tout le monde y passe et effectivement tout comme dans le premier épisode, seule une jeune fille va oser affronter celui qui n'est pas encore le monolithe que l'on connaît aujourd'hui puisque dans l'épisode en question le personnage prend la fuite devant une tronçonneuse et panique sérieusement lorsque ses proies tentent de se rebeller. Un manque certain d'originalité qui sortira là encore la tête de l'eau sur un stupéfiant coup de poker identique au premier film. Voorhees surgit d'où on ne l'attend pas pour le frisson final. Il fallait bien ça pour compenser le grotesque de son accoutrement de bûcheron avec un sac de toile comme cagoule. Enième succès, donc énième suite. C'est enfin dans le troisième film Friday part 3, rebaptisé Le tueur du vendredi 2 en France (ce qui créé forcement un léger décalage dans les chiffres) que ce sacré Jason va enfin porter ce qui est l'un des éléments des fêtes d'halloween les plus populaires : le masque de hockey. Arrivée en grande pompe oblige, le film est proposé en 3D (d'où son second titre français Meurtres en 3 dimensions), et si le bonhomme possède enfin tous les attributs nécessaires à sa renommée, la qualité ne sera malheureusement pas complètement au rendez vous. Suivant un effet de mode bien ancré dans les années 80, le troisième épisode de Jason s'exerce donc à l'exercice un peu casse-gueule du film "qui fait encore plus peur en relief" avec tous les inconvénients que cela comporte dont celui de filer un sacré mal de crâne au spectateur via un procédé loin d'être au point dans un contexte nocturne. L'autre inconvénient de la chose réside dans le concept de proposer d'ignobles gros plans sur des objets divers et variés censés surgir sur le spectateur, mais qui deviennent plus que grotesque hors contexte lorsque l'on regarde le film à plat, quelques effets gratuits qui n'entachent pas la réalisation globale mais manquent cruellement de finesse. Dernière déconfiture de l'épisode, et pas des moindres : la volonté de foutre à nouveau les pétoches au dernier moment mais en utilisant la seule méthode qu'il fallait éviter. On assiste alors impuissant à un remake du premier film ou dans son canoë la dernière survivante se fait agripper, non pas par Jason qui pète la forme plus que jamais, mais par notre bonne vieille Madame Voorhees surgie d'entre les zombies avec la tête bien attachée cette fois ci. L'effet tombe à l'eau (c'est le cas de le dire) et relève encore moins le niveau d'un film beaucoup trop redondant avec les premiers épisodes. Les chiffres s'avèrent beaucoup moins glorieux qu'auparavant et la Paramount est pressée de voir disparaître le Boogeyman une bonne fois pour toutes, manque de bol, celui-ci respire la santé à la fin du film et c'est certain, les fans en redemanderont. On met alors les petits plats dans les grands : les petits seront ceux de Corey Feldman, l'enfant star de la télé devenu depuis une icône des teenagers des années 80 ; les grands, ceux de Tom Savini chargé de défigurer notre bon Jason pour Friday the 13th The final chapter (final étant rapidement devenu un terme galvaudé dans la série). Si le bougre s'en sort à merveille avec le maquillage, c'est au détriment du scénariste qui visiblement s'est longtemps tourné les pouces, cumulant poursuites à travers les bois et autres sauvageries (très réussies par ailleurs) sans grande conviction pour aboutir à la mort totale de celui que l'on croyait indestructible. Revirement de situation, et le raisonnement des producteurs étant une science inexacte, Vendredi 13 numéro 4 s'en sort bien plus honorablement que son prédécesseur et tout le monde est chaud pour remettre les couverts une cinquième fois. Pour la toute première fois, un épisode de la série écope d'un vrai scénario mais probablement pas le bon : Tommy Jarvis, le personnage de Feldman dans le film précédent, devenu adulte souffre encore de troubles suite à ce qu'il a du faire pour se défendre et ne cesse d'apercevoir Jason un peu partout. Interné dans un centre de déficients mentaux aux abords de Crystal Lake (quelle idée…), Tommy et les autres occupants ne peuvent se remettre de la dispute ayant entraîné le meurtre d'un des leurs, le massacre de jeunes gens aux alentour n'arrangeant rien. Creusant un peu plus en profondeur la personnalité de son héros, les créateurs de la série cherchent ainsi à créer un ennemi récurant au tueur fou qui ne sera malheureusement jamais à la hauteur des personnages de Jamie Lee Curtis dans Halloween ou celui de Heather Langenkamp dans Freddy. Toujours dans un premier degré n'ayant décidément pas sa place dans cet univers, ce Friday Part 5: A new Beginnining cumule ensuite les meurtres sans surprise et dans un ennui palpable. Pour la première fois également, la saga joue la carte du twist final : Jason n'est pas Jason mais le père de la première victime du centre pour attardés ! (On aurait du le voir venir, ce n'est pas le même masque) Un petit mic-mac scénaristique relevant le niveau mais beaucoup trop fade sur sa longueur et surtout beaucoup trop irrespectueux vis-à-vis du personnage. Les fans poussent la gueulante et la saga Jason semble anéantie à tout jamais tant il n'y a plus rien à raconter sur le sujet. Il est vrai qu'avec l'épaisseur du sujet, il est encore difficile de croire que l'on ai pu faire cinq films pratiquement identiques les uns aux autres et sur lesquels a été étendue la psychologie de son personnage alors qu'il était probable de le faire sur un seul. Toutefois l'affaire s'avère gentiment rentable pour que soit signé une sixième partie. Bien que la banalité de l'ensemble semblerait ne rien apporter de plus, même si quinze autres films devaient suivre, Tom McLoughin à qui l'on a donné les pleins pouvoir offre une dimension nouvelle à Jason à travers le fantastique pur et dur. Une dimension qui sera celle que l'on connaît tous et qui est à l'origine de savoureuses soirées marathon entre potes, parsemée d'un gore plus grossier, d'un véritable humour au degré de lecture inqualifiable, de délires meurtriers plus poussés et qui offrira surtout à Jason la stature qui lui sied le mieux, celle d'un bulldozer que rien n'arrête sans émotion ni le moindre sentiment de pitié. Si le bougre tuait par vengeance, maintenant cela n'est plus que réflexe : tout ce qui le croise n'a aucune raison de survivre. C'est également ce ton nouveau qui permet aujourd'hui encore, bien des années après son exploitation abusive, à la série d'obtenir son statut culte et d'offrir son de lot surprises bien des années après, ne serait-ce que par son casting qui tient encore dans ses filets des gens comme Kevin Bacon ou Crispin Glover. Friday part 6: Jason lives (Jason le mort vivant) donne le ton dès le début avec une résurrection des plus improbables causée par celui qui était envisagé comme son pire ennemi, Tommy Jarvis. Un pieu en métal enfoncé dans une carcasse bien desséchée, un coup de foudre frappant au bon endroit et c'est reparti pour un tour, Jason est à nouveau frais avec comme point d'orgue au prégénérique un clin d'œil à James Bond des plus appréciables. Le réalisateur enchaîne ensuite avec brio les meilleurs clichés du genre (shérif borné et son adjoint débile, couple isolé au beau milieu des bois en pleine nuit, le fossoyeur alcoolo, etc.) et abandonne définitivement les résumés à rallonge des épisodes précédents sans délaisser une mise en scène qui pour la première fois tiens toutes ses promesses. Devenu zombie, ou mieux encore un monstre, Jason Voorhees peut être alors traité avec une liberté plus grande dans Friday part 7 The new blood (Un nouveau défi) où n'ayant vraiment plus rien d'humain ce dernier affronte une jeune fille sujette à la télékinésie dans un combat annonciateur de ce que sera (ou aurait du être) Freddy contre Jason. Si d'une règle générale cet épisode n'apporte rien de plus à la série, si ce n'est l'arrivée de Kane Hodder, le comédien le plus célèbre ayant endossé le costume du tueur fou, le soin esthétique apporté à "la créature" vaut largement le détour puisque son réalisateur est également concepteur d'effets spéciaux sur un nombre incroyable de films dont le Z mais défoulant Carnosaur. Dernier film produit par la Paramount, Friday part 8 Jason takes Manhattan (L'ultime retour) permet à un membre de cette jeune génération de réalisateurs connaissant tellement la série par cœur qu'ils en comprennent les défauts, de sortir une bonne fois pour toute notre ami au-delà de Crystal Lake dont les moindre recoins ont beaucoup trop été fouillés sur sept films. Embarqué sur une croisière qui s'amuse nettement moins que lui, Jason se farcira la moitié de l'équipage avant de débarquer à New York histoire de se faire les dents sur la population de la grosse pomme. Ces trois derniers épisodes étant pourtant supérieurs à tous les précédents, Paramount décide de rendre les droits à Cunningham, préférant s'atteler à des succès plus convaincants et rentables comme la saga Jack Ryan ou bien encore les films des ZAZ. Le papa de Vendredi 13 ayant récupéré son rejeton favori va donc s'en donner à cœur joie pour lui faire vivre de toutes nouvelles aventures pour le moins tordues, et plus précisément des palliatifs à l'idée collective de le confronter face à l'autre croquemitaine égérie des adolescent : Freddy Krueger ! New Line a beau posséder désormais les droits des deux franchises les choses n'avancent pas et histoire de faire patienter tout le monde, sort sur les écrans (américains, cela fait longtemps que les exploitants français ne s'intéressent plus au bougre) l'épisode le plus controversé de toute la saga: Jason goes to hell, the final Friday (Jason va en enfer). En effet sur une heure et demi Jason a une présence physique n'avoisinant que les 2 ou 3 minutes, puisque le reste du temps sont esprit considéré comme une entité maléfique, se ballade de corps en corps pour remonter jusqu'au petit dernier de sa famille. Scénario original, une incartade tolérée si l'ont tient compte du fait que les huit précédents sont quasiment identiques, le neuvième épisode ne convainc toutefois pas les fans si ce n'est son plan final annonciateur de sa future confrontation contre l'homme aux griffes d'acier. S'écoulent ensuite huit longues années durant lesquelles le bonhomme restera terré au fond de son trou et qui ne continuera à ravir que les amateurs de cinéma bis à travers de répétitives séances en vidéo. Tellement répétitives que ses spectateurs en finissent presque par oublier le vide scénaristique qu'est la majeure partie de la saga, regardée désormais comme un porno, à savoir des temps morts souvent interminables et prévisibles pour enfin pouvoir prendre un malin plaisir lors des scènes de meurtres. Et c'est ce genre de vérité qui nous revient violemment en plein visage dans le sympathique mais longuet Jason X en 2001, (sa capture située en 2014 dans le film lui donne un age de 67 ans!!!) où seules les scènes faussement et numériquement gores parviennent à nous amuser malgré un intéressant postulat de départ souligné par le personnage de David Cronenberg cherchant à analyser le système de régénération du personnage. Un épisode qui signe également le retour de l'homme au masque de hockey sur les écrans français. Un constat s'impose tout de même : les boogeymen les plus populaires font désormais un retour fracassant dans les années 2000 (New Line y étant pour quelque chose), et Jason semble être bien parti pour reprendre le flambeau, bien qu'il reste toutefois à savoir comment se débarrasser de cette increvable force de la nature. Toujours est il que l'on sait déjà ce qu'il ne faut pas faire : le laisser se noyer parce qu'il reviendra, décapiter sa mère parce que ça le mettra en rogne, lui planter un couteau dans le dos parce que c'est franchement ridicule, lui fendre le visage en deux parce que de toute façon un autre débile prendra sa place, le déterrer pour s'assurer qu'il est bien mort parce que ça lui laissera le champ libre pour sortir le renoyer parce que ça n'a pas marché quand il était petit et que ça ne marche pas plus quand il est grand, le faire agripper par un autre mort vivant (stupide, on vous l'accorde), le dissoudre dans un torrent d'acide, l'envoyer en enfer ou bien le laisser se consumer tel un météore puisque là encore, plus fort que Terminator, Jason n'aura pas le moindre bobo. L'ultime solution semble effectivement de le faire se confronter à l'autre invincible sale type jusqu'à ce que mort s'en suive et ce n'est malheureusement qu'à cette simple idée que les scénariste de Freddy vs Jason semblent se tenir sans chercher à aller plus loin, si ce n'est un petit retour sur les souffrance du petit Vorhees qui semblait pourtant gentil avant de se noyer. L'occasion est forcement trop belle et aucune des deux créatures n'arrivera à se débarrasser de l'autre, cas de figure qui annihilerait une suite quelconque (quoique rien n'arrête les scénaristes), et c'est néanmoins notre bon Jason qui tient toujours debout en se trimballant la tête de son adversaire nous faisant redouter un éventuel copinage - même si ce dernier nous avait déjà fait profiter de son fétichisme dans le deuxième film puisqu'il y conservait déjà soigneusement les restes de sa mère. A l'heure actuelle moult rumeurs courent à propos d'un (catastrophique?) Freddy vs Jason 2 où interviendrait un troisième élément encore inconnu, Ash de Evil Dead n'ayant été qu'un stupide fantasme, et laissent redouter une éternelle association des personnages qui ne pourront jamais s'épanouir chacun de leur coté. Il reste toutefois à espérer qu'entre de bonnes mains, celles de Cunningham par exemple, Jason traversera d'autres surprenants et originaux degrés de lectures comme le producteur a su le faire à travers les trois derniers épisodes signés Paramount.
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