mercredi, février 08, 2006

 

The descent.

Revu ce film. Une tuerie. "L’incroyable atmosphère (claustrophobie quand tu nous tiens…) fait de the descent une réelle réussite du genre, autant dans un contexte d’œuvre cinématographique pure (la technique appuyant la mise en scène) que dans le registre du divertissement soigné (ceux qui viennent pour avoir peur en auront pour leur argent). Le film s’intéresse à un groupe de six jeunes anglaises adeptes de sports extrêmes venues s’enfermer dans un réseau de grottes, mais c’était sans compter sur un éboulement rendant tout demi-tour impossible, les obligeant à s’aventurer dans les souterrains inexplorés au cœur de la montagne, en quête d’une sortie secondaire. Malheureusement, une menace bien plus dangereuse que les gouffres sans fond et que la caillasse acérée rôde alentours, à la recherche de proies faciles… Alors effectivement, on se croirait presque dans un énième Vendredi 13 avec son groupe de jeunes prisonniers d’un jeu du chat et de la souris en huis-clos naturel. Heureusement, le niveau qualitatif est bien au-dessus de celui des carnages répétitifs du gros au masque de hockey, à commencer par les différents protagonistes, assez éloignés des stéréotypes les plus primaires. Toutes passionnées par une activité commune, mais l’abordant chacune d’une manière distincte, elles constituent un excellent catalyseur au pouvoir d’identification naissant chez le spectateur et qui se reconnaîtra plus chez l’une ou l’autre. Car comme le dit une des filles avant la descente fatidique, "Je suis pas Lara Croft, moi !". Des filles ordinaires qui aiment se faire peur et qui, à l’instar du spectateur venu se repaître de sa dose de terreur cinématographique, abordent le danger et le risque comme un jeu. Mais si nous devions citer un mot, un seul, qui serait capable de cerner parfaitement l’incroyable expérience que représente une projection de The Descent, ce serait sans conteste la notion d’immersion. Très vite, le décor est planté : les six filles paraissent minuscules par rapport au lieu qu’elles comptent explorer. Une idée qui trouvera un contrepoids admirable lorsque celles-ci parcourront les étroites artères reliant les différentes pièces souterraines entre elles. La difficulté pour se frayer un chemin est parfois énorme, la mise en scène très orientée documentaire se charge de nous le faire ressentir. L’état de claustrophobie n’est jamais loin, et lorsque le petit groupe n’est pas coincé entre deux blocs de roche, il demeure enfermé dans un cadre adoptant le format 2:35 qui, on le rappelle, est bien trop large pour transmettre toute la notion de grandeur des lieux, mais qui sert en revanche à merveille la sensation d’étouffement sous-jacente à chaque plan. Plus encore que le cadrage, c’est l’éclairage particulièrement ingénieux qui achève de nous immerger totalement au cœur de l’action. Munies de casques affublés d’une puissante lampe, chacune des protagonistes éclairent la direction vers laquelle elles regardent. Le metteur en scène joue évidemment à merveille de ce procédé, plongeant dans l’ombre les recoins qui n’attireront pas l’attention de ses personnages, tout en sachant que le spectateur, ayant généralement une vue d’ensemble de la scène, aperçoit (à défaut de voir réellement) des éléments passant inaperçus aux yeux du groupe. Un très bon moyen de pointer du doigt une menace éventuelle sans jamais la dévoiler vraiment. Heureusement, le cinéaste varie énormément la palette graphique de son film. Suite au style documentaire et aux multiples jeux d’ombres et de lumières très réalistes, il adopte un ton bien plus fantastique, où le rouge et le vert saturent chaque plan dans une approche expressionniste et très italienne de la composition de l’image. On pense inévitablement à Mario Bava et Dario Argento. Des variations graphiques bienvenues et surtout toujours justifiées dans le contexte. Et quand ce n’est pas une source de lumière qui inonde de rouge le plan, c’est une grosse giclée de sang bien frais. Car The Descent adopte un gore particulièrement crû pour une production cinématographique contemporaine lorsqu’il s’agit de décrire les sévices parfois sadiques mais toujours cruels subis par un groupe dont les ressources (numéraires, physiques, psychologiques) s’amenuisent très rapidement. Egorgements, éviscérations, fractures ouvertes : largement de quoi combler l’attente du fan de gros gore gerbeux qui gicle par tous les orifices. Et histoire de se mettre l’audience un peu plus dans sa poche, le réalisateur se lâche dans un jeu de références désormais inévitable dans ce genre de production. On reconnaîtra ainsi Evil Dead à de nombreuses reprises, mais également Carrie, Phenomena, Delivrance, Alien, Apocalypse Now, Predator, les zombie-movies de Romero et de Fulci, et même Creep et les orcs du Seigneur des Anneaux au rang des références déteignant sur le look des créatures, de façon suffisamment subtile pour ne pas être réellement flagrantes, et mêlées avec de nombreux détails supplémentaires qui aboutissent à un visuel réellement original. Yeux vitreux et peau blanchâtre, tels des spectres hantant chaque photogramme, elles restent imbattables sur leur propre terrain puisque parfaitement adaptées à la vie nocturne. Forcément, la rencontre avec nos six sportives ne pourra qu’être explosive, car si les autochtones représentent bien le sommet de la chaîne alimentaire, leurs capacités d’adaptation s’avèrent trop limitées pour vaincre facilement des personnages humains faisant effectivement office de gibier mais bien plus à même d’utiliser leur cerveau pour profiter des moindres éléments susceptibles de faire pencher la balance de leur côté. Si le clash intervient effectivement très vite dans un "choc des cultures" particulièrement violent, on pourra néanmoins regretter que la mise en scène se révèle parfois bien trop brouillonne pour profiter pleinement du spectacle. Car dès que l’action s’emballe, le réalisateur privilégie la caméra portée, ce qui a une nette tendance à plomber le résultat final. Heureusement, ces scènes ne sont finalement qu’une petite poignée, et compte tenu des nombreuses qualités de The Descent, on ne pourra pas vraiment en tenir rigueur au réalisateur qui nous livre un film bien plus honnête et abouti que le très moyen Dog Soldiers auquel nous avions eu droit il y a trois ans. Une très bonne surprise, et l’un des meilleurs films d’horreur de l’année qui achèvera les plus récalcitrants pour un final d’une noirceur absolue. Une réelle descente aux Enfers. Ni plus, ni moins."

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