lundi, janvier 30, 2006

 

The devil's rejects.

Vu ça en pas légal, bien meilleur que le premier. "Paradoxe : l'excellent The devil's rejects, la suite de House of 1000 Corpse, sortira dans l'Hexagone en juillet 2006 alors que le sympathique premier volet n'en a pas eu les honneurs. On vous éclaire ? L'horreur est un genre qui commence à être (enfin) considéré, comme à la grande époque. Alors qu'on aurait pu présager un direct-to-dvd pour Hostel, d'Eli Roth, on apprend que ce dernier aura les honneurs d'une sortie hexagonale (1er mars), il en sera de même pour The devil's rejects, de Rob Zombie qui sortira le 26 juillet prochain. Rien de tel pour animer l'été. Bonne nouvelle ? Assurément. Mais décision étrange tant le premier volet House of the 1000 corpse n'a pas connu cette joie. Cela s'explique par le succès au box-office US (comme pour Saw, de James Wan, qui, souvenez-vous, ne devait pas sortir en France) ou alors la simple qualité du métrage qui, effectivement, surpasse le premier opus mais surtout bat les records en terme de perversité et d'effluves gore. Souvenirs, 2003 : House of the 1000 Corpse, film d'ores et déjà culte pour pas mal de goreux. Qu'est-ce que c'est ? Deux jeunes couples se lancent à la recherche du docteur Satan, une légende locale. Surpris par un terrible orage, ils se réfugient dans une mystérieuse demeure où réside une famille pour le moins étrange. Celle-ci se compose de membres adeptes du cannibalisme et de rites sataniques. Le cauchemar peut commencer... Le film de Rob Zombie (alias Robert Cummings, pour les intimes) est à l'image du chanteur des feu White Zombie : drôle, sans limites et dégénéré. A l'instar de la station service qui se transforme en parc d'attractions. A l'instar de cette famille qui attend des visiteurs pour accomplir des rites sataniques. De la même façon que Marylin Manson a pillé Alejandro Jodorowsky pour ses clips, Rob Zombie reprend, lui, ironiquement, le style MTV en le mixant à des allusions persos, des films de terreur viscérale des années 70 (Massacre à la Tronçonneuse, en premier lieu) et pléthore de références (Rah lovely Bill Moseley). Mais la forme faussement rassurante et la désinvolture apparente sont des leurres pervers : House of 1000 Corpse est en réalité sous ses allures de film de potes sympathiquement barré, un précipité vraiment malsain qui joue avec le sang et se contre-fout de la morale, comme nous le prouve un dénouement en queue de poisson, qui rappelle celui de l'inestimable Brazil de Terry Gilliam. L'effet n'est pas le même (Brazil est un film qui rend malade au propre comme au figuré), mais c'est surprenant. Les personnages sont tous aussi tarés les uns que les autres et, dans cette famille sanguinaire, ils ne rivalisent que de médiocrité. Par la concentration de formes viles, par l'oppression de tics formels agaçants, le film irrite au plus haut point si on ne se fond pas dans l'atmosphère d'emblée. Autrement, c'est un petit Hellbilly délire de luxe : souvent drôle et très mal élevé. 2005 : Oubliez Brazil et accessoirement le premier opus. La suite est infiniment supérieure même si House of 1000 Corpse possédait de nombreuses qualités. The Devil's rejects est plus poisseux, irresponsable et inconfortable et peut se voir comme une réponse à ceux qui ne prenaient pas l'apprenti cinéaste au sérieux. Il gomme les aspérités tannantes (filtres esthétisants maladroits) et affirme son goût pour les trognes et les dialogues très écrits, voire égrillards et cocasses, pour ne pas dire tarantinesques. Passé un prologue hystérique, le film prend son temps pour édifier un contexte, une situation, une histoire. L'importance des médias à travers la télévision et le parcours des deux tueurs malades évoquent Tueurs nés mais Rob Zombie, tout aussi provocant que pouvait l'être Stone, ne cherche pas à dénoncer quoi que ce soit et plaide davantage pour le plaisir immédiat. C'est bizarrement là où ça peut coincer. La première partie opte pour l'immoralité en se plaçant du point de vue des tueurs en faisant plus ou moins consciemment du spectateur un complice mutique. Le parti pris est sciemment dérangeant. Les deux Devil's rejects prennent en otage des innocents dans un motel et soumettent les séquestrés à des actes humiliants. On y voit beaucoup de choses (de la nudité frontale, du vomi, du sang…). L'horreur est parfois désamorcée par l'humour, l'ironie, la distanciation ou le simple cabotinage des interprètes ; parfois pas du tout. La bande-son de Tyler Bates (L'armée des morts) appuie incidemment le décalage. Certaines scènes, étouffantes ou malsaines, essentiellement dans le motel insalubre (le lancer du couteau dans le poitrine ou lorsque l'une des victimes porte un masque dont on vous laisse la surprise resteront sans conteste comme les passages les plus chocs), sont littéralement reprises de La dernière maison sur la gauche et Massacre à la tronçonneuse. Les rapports entre les protagonistes sont violents et rudes. La suite, avec Ken Foree (Zombie) dans un rôle gratiné, prend la forme d'un vigilante avec la sous-intrigue d'un sheriff assoiffé de haine et corriace (William Forsythe) qui venge un des siens victimes des besognes sanglantes des Firefly et leur inflige des tortures innommables. La réussite paradoxale du film réside dans le fait qu'il ne rend pas les salauds plus sympas, qu'il ne cligne pas ostensiblement à l'œil du spectateur en balançant de la violence gratuite et ne cherche à rendre la violence consommable. Fait de contradictions et de passages brutaux, The Devil's rejects s'impose comme un authentique film de tarés, plus proche du cinéma de Peckinpah, chaud et méchant comme l'enfer, plus maîtrisé et dur que House of 1000 Corpse. Plus amoral et violent parce qu'il se complaît à nous rappeler accessoirement que sous le masque gentil du clown peut se cacher un vilain monsieur (Sid Haig, sorte de vieux Tim Curry du temps d'Il est revenu). C'est en cela, dans sa perversion des conventions et des figures archétypales, qu'il est aussi très sulfureux et assez drôle. Signalons enfin que dans le rôle des tueurs, Bill Moseley et l'actrice Sheri Moon sont impériaux. Le premier, on savait ses prédispositions pour incarner les bêtes inhumaines ; la seconde, épouse de Rob Zombie à la ville, possède le grain de folie adéquat pour jouer les belles garces redoutables. Tout ce laïus pour confesser que oui, Rob Zombie a un potentiel certain dans le genre horrifique mais que non, ce n'est pas demain la veille qu'il va convaincre les réticents, les cartésiens et les néophytes. On a hâte de le revoir sur grand écran après son passage éclair au marché du film à Cannes...

Comments:
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