mardi, décembre 13, 2005
Tonton Vito.
Tout est bien dans cette trilogie, les acteurs, la musique, l'histoire, la photographie, le réalisateur, le coffret DVD, les bonus, le packaging, même le prix 39€ à ce prix là c'est noel tous les jours "Le film avait été le premier de l'Histoire américaine à franchir la barre mythique des 100 millions de $, et fait rare, en plus d'être un énorme succès public, il était un succès critique unanime. Cette réussite financière et artistique était due à l'époque à un réalisateur, un jeune homme de 30 ans, plus connu pour ses scénarii... S'inspirant de ses propres déboires financiers, il avait accepté l'adaptation de ce premier tome sur la Famille Corleone, écrit par Mario Puzzo (The Last Don étant le plus récent). A l'occasion de l'anniversaire du parrain, un livre de Harlan Lebo a paru sous le titre de The Godfather Legacy, qui retrace l'histoire de cette fresque, et de ses frasques. A l'époque Al Pacino (désormais adepte des rôles de maffieux, et fil conducteur de la trilogie), était un jeune acteur de théatre quasiment inconnu. Et Marlon Brando était tombé dans l'oubli à Hollywood. Pourtant son interprétation de Don Corleone est imprégnée dans l'Histoire du Cinéma. Il s'autoparodiera même dans une comédie, The Freshman, avec Matthew Broderick, à la fin des années 80. Cependant Coppola avait obtenu ce qu'il voulait, concernant Brando. Pour la première fois, la star avait accepté de faire des essais (pudiquement appelés travail de recherche sur le rôle), et surtout avait convaincu les patrons du studio (la Paramount), hostiles au "bad guy". Marlon était tellement méconnaissable, grimé en Corleone (il avait 48 ans à l'époque, il en paraissait 20 de plus), que ceux-ci ne l'ont pas reconnu. Le Parrain c'est aussi une marque : les maffieux y sont bien habillés, les lumières et les décors rendent l'univers séduisants, comme s'il s'agissait d'histoires de palais, de pouvoir. D'ailleurs Joe Pistone (Le vrai Donnie Brasco) dans Première avouait: "Les vrais truands adoraient ces films parce qu'ils en sortaient grandis. Ils adoraient Pacino, Brando. Depuis, dans tous les cafés, il y a des photos d'eux. Ça leur renvoyait une image d'eux parlant un anglais de salon, (...). Une image complètement fausse, mais dont ils étaient fiers. Après la sortie du Parrain, c'était assez marrant: les maffiosi soignaient leur apparence, paradaient comme dans le film." Il n'y a pas que la Mafia qui fut aveuglée : le public aussi. Et la réincarnation de Brando y est pour beaucoup dans ce plaisir. Rarement un acteur s'était approprié un personnage avec autant de maestria et de grâce. Né dans les années 50 sur les écrans, il était "has-been" dès les années 1960....Marc Esposito (Studio) témoigne 25 ans plus tard : "... j'ai vu Le Parrain. Le genre de film dont vous sortez hébété, ébloui d'émotion, transporté d'admiration, en vous disant que vous venez de voir le plus beau film que vous verrez jamais. (...) Le Parrain nous semblait historique, indépassable. C'était ce que le cinéma pouvait faire de mieux (...). Il y avait le souffle et l'émotion, Hollywood, l'Italie et toute l'humanité, un metteur en scène qui filmait avec génie, des dialogues qu'on avait envie de connaître par coeur, et un acteur prodigieux, extraordinaire: Marlon Brando." Depuis Coppola a obtenu deux palmes d'or, cotoyant Scorcese et Spielberg dans le panthéon hollywoodien; Al Pacino a traversé l'une des carrières les plus riches de ces 30 dernières années (un oscar) et Marlon Brando continue de tourner... La même année, sortait Le dernier tango à Paris du sulfureux Bertolucci; ce tango érotique marquait ainsi son grand retour au Cinéma. Après il a retrouvé Coppola pour un rôle anthologique dans Apocalypse Now. Il donnera sa démesure aux services de comédies, par la suite, avec de jeunes acteurs... Cette année, il a "donné" une interview à Studio Magazine pour les 10 ans du mensuel...En attendant peut-être de le voir à Cannes pour The Brave de Johnny Depp. Brando le sublime, a pris des kilos, accumulant les souffrances, et reçu 7 nominations aux Oscars dans toute sa carrière. Il en eut 2. Le premier pour Sur les quais (1954), le second pour Le Parrain. Idéaliste, il refusa ce second Oscar. Il avait réussi un come-back encore inégalé. Lors de cette re-sortie en 97, beaucoup ont protesté devant la mauvaise qualité des copies. Le public, les critiques ont réclamé urgemment la restoration du chef d'oeuvre. La Paramount a reconnu ses torts... Le studio n'a consulté aucun des artisants du film. Gordon Willis, le chef op', a parlé de bordel. Son assistant à la caméra, Michael Chapman (futur chef op de Taxi Driver) a parlé de mérpis de la part du studio lorsqu'il a vu le négatif si mal entretenu. la pellicule originale aurait d'ailleurs subi quelques dommages... Paramount a certes dépensé 500 000$ pour cette sortie; mais l'argent a surtout été réparti entre la remasterisation du son et le nettoyage global du film. La Paramount se disait prête à engager les travaux de rénovation avec Willis. On attend toujours... Petits détails qui tuent Le rôle de Pacino fut proposé à Dustin Hoffman, Jack Nicholson et Warren Beatty, qui refusèrent. Laurence Olivier a été l'un des choix du studio pour le rôle de Brando. Frank Sinatra a été pressenti pour interpréter Johnny (qui échoua à Al Martino). Cependant on jugea la vie de l'acteur-chanteur trop proche de celle du personnage. On peut voir le dentier, les boules de coton et le costume qui servit à Brando pour faire son parrain (comme un "bulldog" selon son propre aveu) aux Studios Universal. Le mot mafia n'est pas prononcé une seule fois dans le film. Choix délibéré des auteurs. Les phrases assassines Vito Corleone: Passez vous du temps avec votre famille? Bien. Parce qu'un Homme qui ne passe pas du temps avec sa famille, n'est pas un vrai Homme. Michael Corleone : Aujourd'hui je prend soin des affaires de la famille. Cuneo, Stracchi, Phillip Tattaglia, Moe Green, Barzini... toutes les têtes des 5 familles. Toutes mortes. Vito Corleone: J'ai passé toute ma vie à essayer de ne pas être imprudent. Les femmes et les enfants peuvent être insouciants. Pas les hommes. Michael Corleone : Je lui ai fait une offre qu'il ne peut pas refuser. Tom Hagen : Mr Corelone ne demande jamais une seconde faveur, une fois que la première lui a été refusée. Compris ? Sonny Corleone : Tom c'était personnel. C'est le business et cet homme le prend très très personnel. Michael Corleone : Ce n'est pas personnel, Sonny. C'est strictement affaires."