mercredi, novembre 30, 2005

 

Batman, the animated series.

Y a du Fritz Lang dans tout ça. Je suis dingue de cette série. "Gotham City grouille de vermines en tout genre, voleurs comme mégalomanes, et Batman, multimilliardaire se transformant en justicier les nuits mouvementées, leur court après pour leur tirer les oreilles, et ça plaisante pas. S'il est une icône bien américaine qui a su traverser les ages c'est bien l'alter ego de monsieur Bruce Wayne, alias Batman. Ayant adopté les formes les plus folles, de la bande dessinée à la tordante série des 60's avec Adam West et Burt Ward qui elle-même déboucha sur une comédie joyeusement loufoque sur grand écran, des splendides films de Tim Burton aux catastrophiques versions version de Joel Schumacher le justicier masqué en a vu des vertes et des pas mures. Toutefois pour peu que l'on soit d'une génération avoisinant aujourd'hui les 20-25 ans, on se souvient surtout l'adaptation proposée dans les shows Warner pour enfants diffusés les samedis en fin d'après midi sur canal + dans les années 90 avant d'être ensuite multi rediffusée par la suite sur France3. Trois saisons et 85 épisodes plus tard, le générique somptueusement affiné et simplifié au possible, et son jeu d'ombres et de lumières sublimé par le célèbre thème de Danny Elfman alors rarement utilisé dans un dessin animé pour enfants, marquent encore les esprits. Issus d'une autre production de l'oncle Bugs, Les Tiny Toons (avant de s'attaquer par la suite aux Animaniacs) les dessinateurs Bruce Timm et Eric Radomski accompagnés de l'excellent scénariste Paul Dini, ont effectivement su donner à une série animée pour les plus jeunes une ambiance glauque et sombre très premier degré sans y perdre pour autant l'aspect cartoon. Sont habilement mélangés ici, un certain futurisme des décors (quoique certains bâtiments arborent un look que n'aurait pas renié Fritz Lang) et du découpage ainsi que l'esprit de l'age d'or des comics des années 40 à travers certaines tenues, véhicules ou visages, celui de Bruce Wayne étant d'ailleurs le plus probant. Des couleurs joliment saturées, des ombres presque vivantes, des carrures disproportionnées pour des personnages arborant fièrement des mâchoires quasi cubiques font de la silhouette du héros un personnage soudainement déshumanisé, à mi-chemin entre le monolithe et le félin. Et si tout cela rappelle beaucoup Mike Mignola ce n'est que pur hasard, bien que nous préférons le terme de talent partagé. Un vrai travail de collaborateurs complète une esthétique léchée par une qualité d'écriture assez exceptionnelle pour une série s'adressant aux enfants. Si quelques épisodes ne volent franchement pas haut (Christmas with Joker est d'ailleurs d'une débilité profonde durant lequel Batman lutte contre des poupées géantes, tout comme The Last Laugh concentré de coups de poings durant tout l'épisode), force est d'admettre que Paul Dini offre une sérieuse consistance à ses histoires comme à ses personnages, et étrangement Batman en second plan. Si l'on décèle éparpillé de ci de là les nombreux troubles de Bruce Wayne suite au meurtre de ses parents, ce sont surtout les nombreux ennemis de l'homme chauve souris qui bénéficient d'une analyse approfondie et c'est presque là le petit problème de la série. Difficile, voir impossible de développer des synopsis d'une grande richesse en à peine 22 minutes tant et si bien que lorsque l'ambiance et l'histoire sont bien mis en place, il ne reste alors que 7 à 8 minutes avant la fin de l'épisode. Pour combler cette frustration, quelques idées de narrations variables au cœur desquelles le super héros n'est qu'un second rôle ou n'est même qu'à peine évoqué dans une histoire racontée par une tierce personne. Par exemple dans Almost got him ses plus grands ennemis sont réunis autour d'une table pour évoquer chacun leur tour, l'occasion où il s'en est fallu de peu pour le tuer, tout comme The man who killed Batman, succession de flashbacks raconté par un petit escroc minable ayant "tué" le héros masqué par accident, histoire à laquelle personne ne veut croire. Dans le genre burlesque mais efficace, la seconde saison s'offre également un petit The strange secret of Bruce Wayne permettant à un savant fou retenant le millionnaire prisonnier, d'offrir l'ors d'une vente aux enchères la véritable identité de Batman au plus offrant parmi ses plus grands ennemis réunis pour l'occasion. Seconde idée un peu plus classique, concevoir des épisodes en deux parties nous offrant par la même occasion, les meilleurs épisodes de la série, Two Face, Feat of Clay, et Robin's reckoning (inspirant grandement la version ciné de Shumacher), trois épisodes de 45 minutes introduisant entre autres Double-Face, probablement l'un des méchants les plus intéressants de la série puisque étant l'ancien meilleur ami de Bruce Wayne. Des scénarios matures et aboutis, une plastique et une caméra virtuoses, il n'en a pas fallu plus à Batman pour obtenir la cerise sur le gâteau avec un casting aussi riche que surprenant incluant entre autres Heather Locklear, Adrienne Barbeau en Catwoman, Ron Perlman en Clayface et surtout Mark Hamill dans la peau du Joker. Cocktail d'une terrible efficacité, Batman Animated series comble le manque créé depuis Batman le défi, efface le catastrophique Catwoman, et malgré un léger coup de vieux offre de quoi patienter les prochains mois nous séparant du retour de l'homme chauve-souris en DVD avec le "plutôt-réussi-mais-rien-à-foutre" Batman begins".

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