jeudi, septembre 08, 2005

 

Quand l'état assassine, son bras ne tremble pas...

Comme de nombreux groupes de rap, les membres d'Assassin se sont retrouvés au milieu des années 80, parmi tous ceux qui ont assisté et participé aux prémices de la culture hip hop, du tag, au rap en passant par la breakdance. Chaque week-end, un certain nombre d'entre eux se retrouvaient aux portes de Paris et organisaient des fêtes underground sur l'exemple de leur grand frère américain Grandmaster Flash.
Assassin commence à prendre forme en 1985, après la rencontre entre Solo plutôt inspiré par la break dance et Rockin'Squat (Mathieu Cassel, le frère d’un certain Vincent Cassel, a.k.a Vincy Vintz) tourné vers le tag. Basés dans le XVIIIème arrondissement de Paris, ils ne sont pas très loin de leurs homologues Joey Starr et Kool Shen, futurs NTM, avec lesquels ils commencent d'ailleurs à rapper. Avec un troisième larron, DJ Clyde, Assassin va concocter en 1989, un titre à paraître sur une compilation consacrée au rap français. "La Formule secrète" sort sur "Rapatitude" en 1990 avec tout ce que le rap, le hip hop et le ragga français connaissent de nouveaux talents : Tonton David, Dee Nasty ou NTM, entre autres. Un an plus tard, c'est Doctor L. qui rejoint Assassin et devient le concepteur sonore du groupe. Un premier maxi sort quelques mois après intitulé "Note mon nom sur ta liste". Au fur et à mesure, la nature même du posse semble se révéler : attitude intransigeante, textes percutants et sans détours (vite catalogués hardcore), refus du système commercial, dénonciation des inégalités, etc. Il est donc difficile dans ces conditions de passer sur les antennes, quelles qu'elles soient. C'est sans l'aide des médias que sort le premier album d'Assassin en 1992, "Le futur, que nous réserve t'il ?", au son oppressant et sans concession. Il rencontre un succès d'estime dans le milieu du rap underground. 1995 : année charnière Il faut attendre le mois de juin 1995 pour voir le « posse » de nouveau sur le pont. Outre sa participation à la bande originale du film de Jean-François Richet "Etat des lieux" dont le thème principal est la banlieue, Assassin revient avec un nouvel album intitulé "l'Homicide volontaire". Au terme de huit mois de conceptualisation, c'est à Los Angeles qu'il est enregistré et mixé. Plus inspiré par d'autres genres musicaux comme la soul, le funk ou le ragga, cet opus est musicalement plus ouvert. Le premier simple s'intitule "l'Odyssée suit son cours" suivi par le très percutant "l'Etat assassine" (sur les violences policières) qui figure aussi sur le disque "la Haine", compilation rap sortie en même temps que le film du même nom, deuxième long-métrage du cinéaste Mathieu Kassovitz. L'année 1995 marque aussi le départ du groupe de Doctor L., qui va désormais explorer le vaste champ des musiques électroniques. Plusieurs maxis vont suivre dont le titre "Undaground connexion" enregistré avec le rappeur freestyle new-yorkais de Supernatural. En octobre 1996, Assassin sort un maxi 5 titres avec "Ecrire contre l'oubli" qui clôturait l'album précédent. Le groupe assure une tournée française, l'Homicide tour.
2000 : fin de siècle et fin de tournée : DJ Clyde et Solo ayant quitté le navire, Assassin se recentre sur Rockin'Squat et maître Madj. Entre 98 et 2000, le groupe sort trois maxi en vue d'un prochain album : "Sérieux dans nos affaires", "Classik" et "Esclave 2000". Il faut attendre mars 2000 pour voir l'arrivée du nouvel opus d'Assassin, "Touche d'espoir". Les compositions sont signées par DJ Medhi, Sulee B., Da Wan, Frank Delour, Air one (Said Taghmaoui) et de nombreux autres. Assassin se voit quasiment transformer en chef de file des rappeurs underground. Après une longue tournée 2000, le groupe monte une ultime fois sur scène le 18 décembre à l'Elysée-Montmartre, entouré de nombreux invités. Ils montent cependant sur scène le 1er juin 2001 à l'Olympia, soirée au cours de laquelle est enregistré un album live qui sort le 28 mai 2002. Peu enclin aux grandes déclarations médiatiques, ce groupe casé depuis le temps, dans la catégorie old school, est en passe de devenir une référence dans le milieu du hip hop français, version rap hardcore. Assassin c'est le groupe que personne ne manipule, celui que les lyrics explicites placent au centre des polémiques. Censurée par tous les médias, l'académie mythique s'est élevée pour balancer son message à travers de textes hardcore et underground mais jamais dénués de sens.
Aujourd’hui, Assassin demeure, à mon sens, le groupe le plus politisé du rap français. Depuis 1985, Rockin’squat, à travers ses textes, n’a jamais cessé de dénonçer les travers de la société actuelle: racisme, exclusion, endettement des pays pauvres, le sexisme, l'exploitation des drogues, le capitalisme... Depuis le début, Assassin n'a fait aucune concession à base de « baisse ton froc » et à toujours dit ce qu’il pensait. 2005 : Le message est toujours le même.

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