jeudi, septembre 08, 2005

 

Bruce Lee ? c'est une p'tite tapette...

Une machoire défoncée, quelques doigts broyés, des côtes enfoncées, les cervicales en sucettes chaque mercredi : mais en fait c'est quoi ce putain de Ju-jitsu ??? "Depuis que l'homme est apparu sur terre, il a dû combattre pour rester vivant face à une nature hostile, contre les animaux et contre les hommes, non seulement pour défendre ses biens, mais aussi pour assurer sa supériorité et pour régner en maître sur son entourage. Le Japon pays en proie à des guerres perpétuelles entre clans, mais aussi pour protéger son territoire, développa l'art du combat d'une manière particulièrement efficace surtout en ce qui concerne le corps à corps et ceci pendant la période féodale durant laquelle les arts militaires prirent un maximum d'importance. Parmi ces arts le SUMO puis le JU-JITSU occupaient la première place. A l'origine, le SUMO (ou SUMAI c'est à dire le combat) était confondu dans l'ensemble des luttes japonaises. Selon les historiens, sa séparation remonte à un fameux combat, celui de NOMI NO SOKUNE et TAIMA NO KUEHAYA. Aujourd'hui, il est admis que les origines du JU- JITSU datent de cette époque. De toute façon, il est vraisemblable que les Arts Martiaux japonais naquirent aux Indes, puis par l'intermédiaire de la Chine se concrétisèrent plus tard au Japon. Des documents prouvent qu'en Grèce comme en Egypte des méthodes de combat proches du JU-JITSU Japonais étaient pratiquées par les hommes d'armes. Des bas reliefs sur certains tombeaux le démontrent de manière formelle. Selon la tradition, l'Empereur MING-TI de la dernière dynastie HAN envoya aux Indes des agents qui rapportèrent des techniques de combat rapproché. En 527 de notre ère, le moine indien BODHI DHARMA enseignait la religion bouddhiste dans un monastère du nom de SHAOLIN dans la province de HONAN en chine. BODHIDHARMA (DARUMA) incorpora dans ses exercices quotidiens de ZEN, exercices qu'il enseignait à ses moines, des techniques de combat corps à corps inspirées de la lutte animale. Il est intéressant de noter que le nom de SHORINJI que l'on retrouve dans l'histoire du BUDO japonais et dans plusieurs écoles (SHORIN -RYU, SHORINJI- KEMPO…) est la lecture du mot chinois SHAOLIN. Introduit au Japon par les moines, certaines de ces techniques donnèrent naissance au SUMAI, au TODE, au KOGUSOKU qui deviendra l'AIKI- JITSU, ainsi que le KUMIUCHI, art du combat à mains nues né sur les champs de bataille. Les techniques du JU-JITSU créées à une époque où le combat, réalité quotidienne, enseignait l'art de survivre, sont codifiées.Les BUSHI (guerriers et SAMOURAI), souvent des maîtres de renom, ouvrent des écoles : les RYU. Subissant l'influence de groupements religieux, les Arts Martiaux s'imprègnent de philosophie, obligeant parfois à accorder une prédominance plus spirituelle que physique. En revenant aux origines du JU-JITSU, le maître JIGORO KANO créateur du JUDO moderne (1860-1939), explique que venant de Chine, les premiers maîtres donnèrent un enseignement de base très rudimentaire. Les techniques d'attaque et de défense portaient essentiellement sur l'utilisation des pieds et des mains.Au fur et à mesure, les pratiquants utilisèrent davantage de souplesse, l'esquive venue du travail au sabre, le contrôle de l'attaque, l'apport des luxations et des projections. Le JU-JITSU était né. Cependant, le JU-JITSU des SAMOURAI ne comprenait pas uniquement des projections, frappes, luxations et étranglements, mais aussi un art qui permettait de sauver un sujet en état de mort apparente ou de calmer certaines douleurs: cet art s'appelait KUATSU. Les KUATSU sont toujours enseignés aux ceintures noires et en particulier aux professeurs. Ils font partie des épreuves d'examen de 2ème degré de NIHON JU-JITSU et de NIHON TAI-JITSU. Ces techniques de "retour à la vie" agissent en général sur l'excitation des zones réflexogènes avec retentissement sur les centres nerveux et cardiaques. Le mot KUATSU est la contraction de KUA (vie) et TSU (JUTSU). Le mot KWAPPO qui est souvent employé par les spécialistes signifie "ensemble des méthodes de retour à la vie." Pour ajouter à la formation du JU-JITSUKA, les KUATSU se complétaient du SEIFUKU (art des rebouteux).
Sur le plan historique, le KOJIKI livre des choses anciennes, un des plus vieux ouvrages de référence, puis plus tard le NIHON SHOKI, relatent des épisodes de lutte corps à corps.Dès le début de l'ère MUROMACHI, à partir du XIVème siècle, le SUMO et le KUMI UCHI commencèrent à se codifier. Faisant partie de la formation des SAMOURAI, ils donnèrent naissance vers 1500 au BU-JITSU (Technique de Combat) et à de nombreux RYU, chacun de ces RYU ayant une méthode et surtout une technique propre à lui-même. Chaque RYU transmettait oralement l'ensemble codifié du maître aux disciples. Les premiers RYU naquirent durant le Japon médiéval, vraisemblablement au XVème siècle. Issu de ces RYU, l'art des BUSHI (guerriers) allait progressivement trouver sa forme définitive. Cependant, ce ne fut qu'au début du XVIIème siècle que le nom de JU-JUTSU apparut fréquemment à la place de l'appellation KUMI-UCHI. Recherches locales et apports extérieurs, venant souvent de Chine, ont contribué à l'évolution du JU-JITSU ancestral, lui donnant parfois une forme imprégnée de douceur et de non violence. La philosophie chinoise donne en ce qui concerne la forme de combat corps à corps du JU-JITSU l'image du saule pliant sous la neige, cédant ensuite sous son poids pour la rejeter, par opposition au pin qui résiste longtemps à cette accumulation avant de voir ses branches se briser. LE BUSHIDO : Le code d'honneur des SAMOURAI; le BUSHIDO comprenait les règles de vie, la vénération des ancêtres, l'obéissance totale au suzerain, la probité d'esprit et de cœur, le mépris de la mort. Le premier ouvrage traitant de ce code est le HAGAKURE "livre secret des SAMOURAI". Il fut écrit aux environs de 1700 par un moine guerrier YAMAMOTO TSUNETOMO. Cet ouvrage exalte, en onze volumes, le BUSHIDO. INAZO NITOBE a écrit dans BUSHIDO, l'âme du Japon, "le BUSHIDO, en tant que code éthique indépendant, disparaîtra peut-être mais sa valeur n'aura pas changé, ses écoles martiales seront peut-être anéanties mais sa lumière et sa gloire survivront à leur ruine". Le BUSHIDO allie à l'étude des formes classiques des arts martiaux japonais, la recherche d'une certaine pureté dans la forme. C'est donc non seulement l'étude du style, mais la poursuite du spirituel. LES SAMOURAI : "celui qui sert", le chevalier prêt à tous les sacrifices, chef menant ses troupes au combat est aussi un défenseur de la paix, ainsi qu'un administrateur. Le "SAMOURAI, personnage tour à tour cruel et romantique imprégné de loyalisme est toujours prêt au sacrifice de sa vie ... chevalier médiéval rompu aux arts martiaux et plongeant dans la bataille pour y mener son combat singulier... toute l'histoire politique et militaire du Japon repose sur l'épopée des SAMOURAI du 16ème siècle; NOBUNAGA et HIDEYOSHI combattirent à la tête de leurs SAMOURAI pour unifier le Japon et lorsque la paix fut enfin établie pour plus de deux siècles, les SAMOURAI, devenus fonctionnaires abandonnèrent leurs armures fonctionnelles, rouillées par l'eau des rizières, pour d'autres plus élaborées et plus décoratives." LES RONIN : Il s'agissait de SAMOURAI qui ayant quitté volontairement ou non le service de leur seigneur, ne possédaient en général que leur armure, leur épée et leur courage. Les RONIN vivaient de charité, certains suivaient scrupuleusement le code d'honneur du BUSHIDO, en revanche d'autres devinrent brigands. Quelques RONIN furent des experts en BUDO et ouvrirent des DOJO. Bien que très mal accueillis par la population et les SAMOURAI fidèles à leurs principes, "Le Japon ne doit pas être ouvert aux étrangers", les nouveaux temps étaient arrivés. Le pays du soleil levant ne sera jamais plus ce qu'il avait été depuis des siècles et des siècles. L'ère MEIJI qui approchait à grands pas, allait balayer ce passé, la féodalité disparaître, mais de ses cendres allaient renaître le BUDO et celui-ci tel le Phénix de la légende, de ses ailes couvrirait le monde. Nous avons vu que le JU-JITSU était naturellement à l'époque féodale un ensemble de techniques qui décidait de la vie et de la mort du pratiquant. Son étude mettait l'homme dans un état réceptif sur toute chose et en particulier sur les champs de bataille, ceci depuis l'instauration du gouvernement des SAMOURAI établi à KAMAKURA (1192-1333) où les formes de combat corps à corps se développèrent. Avant 1880, le JU-JITSU n'était pas une technique mais un nom dans lequel le public englobait toutes les écoles de combats corps à corps qui n'était pas du SUMO. Certaines écoles pratiquaient une forme de lutte avec veste et pantalons courts, d'autres des techniques pour maîtriser un adversaire, d'autres la manière de lier un prisonnier. N'oublions pas que le but de JU-JITSU était de poursuivre le combat en luttant avec succès lorsque l'on perdait son sabre. Le JU-JITSU après de longues années de développement avait atteint un tel degré de perfectionnement que même les faibles remportaient des victoires sur des ennemis puissants.
Un élément extrêmement important influença l'essor du JU-JITSU, en dehors des champs de bataille. Durant la période TOKUGAWA (1603-1868) caractérisée par un système rigide et isolationniste, le SAMOURAI circulait porteur de deux sabres à la ceinture tandis que les citoyens se voyaient interdire le port d'arme. Face aux comportements souvent belliqueux des SAMOURAI et des RONIN, les bourgeois et les marchands développèrent eux aussi l'art du combat avec des objets familiers et souvent à mains nues. Il en fût de même pour les paysans qui utilisèrent en plus des outils agraires comme moyen de défense, des techniques de frappes (ATEMI); voir la création et le développement de l'OKINAWA-TE, puis du KARATE. En 1877, un décret interdit l'usage et le port des sabres des BUSHI, d'où indirectement essor du combat rapproché. De plus, durant la période féodale, le port du sabre était interdit au peuple (86% de la population). L'art du JU-JITSU se répandit logiquement. En 1868, le SHOGUNAT TOKUGAWA fût renversé. Le gouvernement MEIJI s'installa à TOKYO. Le système féodal s'achevant, le Japon rejetait les cultures et traditions anciennes et se tournait vers l'Occident. Cependant, le JU-JITSU avait été classé, sous l'ère MEIJI, dans les arts à préserver. En 1886, 19ème année de l'ère MEIJI, la préfecture de police adopta officiellement le JU-JITSU comme méthode réservée aux policiers. "Il est (le ju-jitsu) une technique d'attaque et de défense à mains nues par principe. Pourtant, on fait face non seulement à des adversaires aux mains libres mais également à d'autres qui ont, soit une épée, soit une lance, soit un bâton. Dans ce dernier cas, il n'est pas impossible que le pratiquant de JU-JITSU emploie une arme." "le JU-JITSU est une méthode d'éducation physique par excellence mais aussi une école morale, inspirée par la supériorité et la précision des méthodes sportives japonaises. Le JU-JITSU combat la force brutale par les lois de la mécanique rationnelle, opposant la technique à la force sauvage par sa méthode logique basée sur le minimum d'effort pour un maximum d'efficacité." Le JU-JITSU était enseigné dans les dojo qui essentiellement se situaient dans les temples. Les Arts Martiaux étaient donc étroitement liés au BOUDDHISME venu de l'Inde et introduit au Japon par la Chine. Précisons d'ailleurs que le mot DOJO est d'origine bouddhiste ; il est formé de "JO" qui est "l'enclos intérieur du temple" et du mot "DO", "la voie" que l'on retrouve constamment dans le langage des Arts Martiaux Japonais. Une des branches du Bouddhisme, le ZEN, prit de l'essor et imprégna l'âme des "SAMOURAI". Ce point particulier n'est pas sans rappeler le rôle important joué à la même époque par le Christianisme lié à la Chevalerie européenne.L'histoire des Arts Martiaux, et en particulier du JU-JITSU, ne peut donc être évoquée sans faire référence au ZEN (mot qui est une abréviation de ZENNA) : méditation ou contemplation. Grâce aux écrits, entre autres, du moine TAISEN DESHIMARU (1914-1982) auteur de ZEN et ARTS MARTIAUX, il est possible de mieux comprendre le cheminement. Le ZEN remonte à l'expérience du Bouddha SAKYAMUNI qui réalisa l'éveil de la posture ZAZEN (assis en tailleur ou bien à genoux pieds en extension), en Inde au VIème siècle avant J.C. Cette expérience s'est depuis transmise de façon ininterrompue, de maître à disciple formant ainsi la lignée du ZEN. Après une implantation de près de mille ans en Inde, cet enseignement fût apporté en Chine au VIème siècle après J.C. par le moine BODHIDHARMA 28ème patriarche. Le ZEN sous le nom de CH'AN est une école du "grand véhicule" Bouddhiste qui recommande la concentration et l'apaisement de la conscience humaine, liés à l'action intérieure. Le ZEN connut alors un grand épanouissement dans ce pays, y trouvant un terrain favorable à son développement. Selon certaines sources, c'est Le moine RINSAI (1141-1215) qui introduisit le ZEN au Japon au XIIème siècle (1191) et fonda sur l'île de KYUSHU le premier monastère. Selon d'autres sources, c'est le moine japonais DOGEN, qui après un séjour en Chine, apporta le ZEN au Japon. Le ZEN influencera profondément toute la culture Japonaise, plus de 20000 temples témoignent aujourd'hui de ce rayonnement. Avec son message de discipline intérieure et d'inlassable recherche de la vérité, le ZEN deviendra l'expression religieuse du BUSHIDO, le code d'honneur de la Chevalerie Japonaise. La voie du SAMOURAI est impérative et absolue. La pratique venant du corps à travers l'inconscient est fondamentale; d'où la très grande importance accordée à l'éducation du comportement juste. L'intuition et l'action doivent jaillir en même temps. Les influences entre le BUSHIDO et le BOUDDHISME ont été réciproques, mais le BOUDDHISME a marqué le premier, par cinq aspects :
-L'apaisement des sentiments.
-L'obéissance tranquille face à l'inévitable.
-La maîtrise de soi face à n'importe quel événement.
-L'intimité plus grande avec l'idée de la mort par rapport à l'idée de la vie.
-La pure pauvreté.
L'esprit du ZEN fût introduit au Japon, chez un peuple belliqueux, dont la guerre était l'occupation habituelle. Ce fût le génie du ZEN de transformer les techniques brutales guerrières en art de paix et de recherche de soi-même. Le ZEN s'exprime également dans de nombreux aspects de la vie quotidienne, l'art florale (IKEBANA), la cérémonie du thé, la diététique, la calligraphie, l'art des jardins. Notons que le ZEN fût introduit en Europe en particulier grâce au maître DESHIMARU. Les KATA, très nombreux en JU-JITSU, comme dans beaucoup de BUDO, doivent être imprégnés de vigueur mais aussi de sérénité. Un élément important doit être cultivé: le KOKORO. Eduquer et conserver l'esprit qui ne doit jamais être troublé. D'après le maître KYUSO MIFUNE l0ème dan : " le KOKORO ne se voit pas mais apparaît sous la forme de réceptacle. Le KOKORO ou centre des choses est MICHI qui signifie route, chemin, MICHI apparaît sous la forme de JUTSU : l'art ou la technique".

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