vendredi, juillet 11, 2008

 

Cowardcounty, First I was afraid district.

Marrant ça, on sait tous ce qu’on a fait le 12 juillet 1998, un peu comme le 11 septembre 2001 ou le 21 juillet 1969 (pour les plus vieux). Ben pour ma part je commençais juste à travailler là où je travaille actuellement et dès que j'avais cinq minutes, je traînais au camping municipal où mes potes se faisaient un peu d’argent facile. Le jour de la finale, y a un gars qu’est arrivé. Une bonne grosse barbe, le type parcourait le monde à vélo, là le gars nous explique d’où il arrive et sur son passeport on voit que le type est Israélien, qu’il vient de Nazareth et que son prénom c’est Jésus. Quelque minutes après l’enregistrement de cet hôte tout particulier, vautré dans le mobil home qui nous servait de squat, un gamin avec des drapeaux français peint sur les joues se pointe devant la porte de la caravane et se met à hurler : "Ce soir c’est la France qui gagne, ce soir c’est la France qui gagne, 3-0 !". On lui dit qu’on espère tous qu’il aura raison avec un rire en coin. 3-0 contre le Brésil en finale de la coupe du monde et puis quoi encore ? La Chine, la Lybie et la Syrie copains comme cochon avec la France tant que vous y etes…. La journée se passe. Le soir nous avons tous rendez-vous à l'Espace Exposition (marché du motoculteur à plein temps et hall à groupes ska braillards à mi-temps) où ce soir une association locale diffuse le match sur un écran géant. Le amis de toujours sont là, les nouveaux collègues, mon nouveau directeur. Le match commence. 40 degrés dans un cube de béton plein à craquer. La transpiration se mélange aux volutes de Windfield 30 rouges. 90 minutes. Deux têtes et un coup de pied me procurent le plus gros frisson de ma vie. L'impression d'une nuit qui dure dix minutes. Une nuit chaude, douce et sucrée. Une nuit empruntée aux infidèles juste pour la soirée. La victoire à un goût de Desperados et le bruit d’un concerts de klaxons. Il est 6h00 du mat’, je marche avec plusieurs types sur la route principale de mon bled, en tête de cortège un type que je ne connais pas brandi un des drapeaux chourés au palais de justice et à la Mairie. Une impression étrange de fierté nationale et d’anarchie. Nous sommes tous des pages three girls, nous sommes tous des wags. Dix ans auront suffi pour creuser quelques rides au coin des yeux. Une fois les idoles brûlés, les triomphes ternis, les mirages évaporés et la découverte des distances et des matins froids nous prendront plaisir à nous souvenir des derniers instants de bonheur d'un pays que j'aimais encore. Aujourd'hui je sais que Jésus préfère l'Italie ou l'Espagne à vélo, qu’il sent la sueur qu’il parle anglais avec un fort accent polonais et surtout que parfois, dans certaines occasions, demain n’existe pas.

Comments:
Chair de poule syndrôme en lisant ces lignes...
Souvenirs d'une nuit dont je me rappelle très bien comment elle a commencé mais pas très bien comment elle a fini... un sentiment d'infini rarement connu depuis.
Le bonheur à l'état pur sans aucune complications.
Du foot, des victoires, de la bière et des potes...
Déjà 10 ans...si proche et déjà si loin...
Merci pour ce reminder!
 
t'es inspiré ma poule!
Tous ces frissons me sont étrangers à en croire que je suis étrange... il n'y avait pas un concert des rescapés de bob ce soir là ou le soir d'avant à desperate-ville?
 
demain n'existe pas. Il n'y a qu'aujourd'hui.
 
Trop bon, Binbin: "un sentiment d'infini rarement connu depuis."

t'as juste pris une bonne biture. Je l'ai souvent, moi, ce sentiment d'infini :-D
 
poésie et biture! c'est au moins vieux comme le soufisme!mais avec l'alcool ont fini toujours par se chier ou se pisser dessus et là c'est quand même dur de faire de la poésie...
 
C'est assez juste d'autant plus que je n'ai jamais pris de biture ce soir-là ni les autres soirs d'ailleurs car je n'aime pas particulièrement l'alcool.

En revanche je ne crachais pas sur un bon pet'...
 
bro!
 
Poupouille Mooosieur Gadrat parce que les ascenseurs et toi....

J'entends encore ma mère...

Et Gino qui pietinait dedans...

le chantier.
 
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