jeudi, mai 04, 2006
Tatanes & Banzai rock.
Billy Wolf (en photo plus bas) est mort d’un arrêt cardiaque (et mon cul c’est du poulet) Du pur rock’n roll en chair et en…notes. Une fois n’est pas coutume je commencerai par une petite présentation tant il n’est pas facile d’obtenir des informations sur ce groupe en France. Le groupe Guitar Wolf s’est formé en 1987 au Japon autour de drum wolf, guitar wolf et bass wolf. Gné ? bon, Toru, Seiji et Billy (R.I.P 2005). Il fut rapidement l’objet d’une admiration dans son pays et dans les clubs fermés de fans de rock et punk garage. La recette du groupe me direz vous rien de miraculeux: que du bon « Jett Rock’n roll » comme ils le proclament. En clair : des distorsions de partout, amplis à fond, et des voix perçantes. On obtient un mélange énergique de Ramones avec des influences puisant dans le rockabilly, le garage et le noise rock, et dans le punk en général. On peut parler alors de garage rock revival. Quelque chose de proche de la reprise braillarde de « Johnny B. Goode » des Sex Pistols. Ce que l’on sait en général moins c’est que la scène rock nippone est très active depuis les années 50 où elle s’est mise à adapter les standards américains. Guitar Wolf, comme Ramones, se ressource aux racines du rock pour en proposer une version kérosène, véloce et puissante. Comme les Stooges, le chanteur a une voix enrouée. Là où de nombreux groupes se sont cassés les dents, Guitar Wolf réussit. Le mariage des langues japonaise et anglaise n’aidait pourtant pas le groupe. Ils se sont pourtant bâtis une véritable réputation en grande partie grâce à leurs shows chaotiques et délirants : lunettes noires, cuirs, rock’n roll quoi !! Les caravanes passent, les loups chantent. Voilà donc le cinquième album du groupe si l’on compte leurs premiers vinyles. Les styles de musique ont beau chambouler l’univers rock, G.W reste ancré dans le passé. La désapprobation de nombreux face au style pratiqué par la formation ne détourne pas la meute de sa route (cf. les hurlements sur « Planet Of The Wolves »). Non, rien à faire, rien n’empêchera guitar wolf ne gratouiller sa vieille râpe, ni d’aboyer. Les riffs sont sidérant de logique, la basse roule, le starter se met en marche et let’s go comme le déclame le groupe sur « Motor Cycle Leather Boy ». Signe des réminiscences rock, une reprise furieuse des Rolling Stones, « (I Can’t Get No) Satisfaction » et une reprise du très rock’n roll « Rumble » de Link Wray (1958). Dès le premier titre « Kawasaki 750 II Rock’n’ Roll » tout est dit. Speed et rock’n’ roll. On pense aux Sex Pistols sur le riff de guitare de ce dernier et sur « Planet Heart », aux Stooges sur « Invader Ace ». On frise la cacophonie (l’assourdissement ?) sur « Wild Zero ». Même « Satisfaction » ne sonne pas comme l’original et que dire de l’instrumental « Rumble » passé à la moulinette. Pourtant même dans ce brouhaha apparent on ne peine pas à trouver le groove. On a même droit à un titre assez mélodique par rapport à l’ensemble : la reprise du « Let’s Get Hurt » de leurs compatriotes japonais de Teengenerate. Le rock’ n’ roll est ici repensé et n’est pas là où l’on s’y attend. On se surprend ainsi à bouger des hanches sur le dansant « All Throught The Night Buttobase !! » et à hocher la tête calmement sur les planants instrumentaux « Planet Of The Wolves » et « Kung Fu Ramones Passion » parcourus par les hurlements du chanteur. Les loups produisent encore par eux-mêmes ce nouvel effort dans le vide grenier de mémé. Au sous-sol personne ne fait gaffe alors ils se donnent à cœur-joie dans leur tâche, le heineken coule à flot, en avant pour du pur banzai rock !! Attention ça va saigner (« Kung Fu Ramones Passion », « Let’s Get Hurt »). La batterie claque et martèle le rythme (en particulier la prestation sur « Jett Love »), les riffs sont sarclés, la guitare se laisse aller par moment à un solo (« Far East Man », « Motor Cycle Leather Boy », « Jett Love »…) et le chanteur gueule toujours aussi fort dans l’interphone (« Energy Joe ») : on aura au moins compris qu’il savent compter jusqu’à quatre (pas moins de six chansons commençant par le fameux « one, two, three, four »). Des premières vociférations de l’album au dernier râle du chanteur, le mot Rock’n Roll figure aux avant-postes, un rock décliné sous sa forme la plus primitive et la plus crue. Des albums qui plairont aux fans avertis de punk et de rock garage. Et si vous avez la chance de les croiser sur leur route, en live, vous repartirez peut être avec une guitare sous le bras, cadeau que le groupe se permet de faire à certaines occasions. Un pur manifeste de rage à l’état pur, moyenne des albums : 37 minutes pour 14 titres, 37 minutes de rock détonnant à la kalachnikov. Le contrat est rempli et je m’en vais voir mon orthophoniste.