jeudi, mai 11, 2006

 

La maison de robert..

Il y a des nouvelles comme ça qui vous feraient presque croire qu’un bon dieu surveille du coin de l’œil l’industrie du DVD. En effet, après Les Rejetons de l’enfer - infâme traduction de The Devil’s Reject - prévu à notre grande surprise sur les écrans français pour le 19 juillet prochain, c’est le premier épisode de la saga concoctée par Rob Zombie qui débarque enfin en DVD sur notre beau territoire : House Of 1000 Corpses en zone 2 français, c’est pour bientôt ! Un excellente nouvelle en soi, à la traduction cependant un peu plus réussi (mais pas géniale non plus). Il va désormais falloir faire avec La Maison des 1000 morts. Mais qu'importe le nom, cette excellente pièce de choix que tout fan d'horreur se doit de posséder est enfin à notre disposition. Inespéré !La seconde bonne nouvelle, c'est que nous devons la prochaine édition de House Of 1000 Corpses à Metropolitan, probablement le leader français sur le marché de la vidéo de qualité qui nous habitue depuis quelques années maintenant à proposer des éditions haut de gamme pour des films qui seraient laissés pour compte en d'autres mains. Au programme un format 1.85 d'origine respecté et compatible 16/9ème auquel viennent se joindre des pistes Dolby Digital 5.1 anglaise et française et des sous-titres français. Les bonus proposeront : Le commentaire audio de Rob Zombie Autour du film : Images de tournage et interviews des acteurs Les auditions des acteurs Transformation : la séance de maquillage du Capt’ain Spaulding La galerie photos La Bande annonce du film (vf / vost) Exclusif : La bande annonce de "The Devil’s Reject" 3 Bonus cachés ! Disponible le 5 Juillet 2006

Ne pas se fier au titre qui, non, n'a pas été traduit par des Canadiens : Les rejetons de l'enfer (aka The Devil's Rejects) a été présenté comme la suite de House of 1000 Corpse. En réalité, il adopte un style et un ton radicalement différents qui font passer ce premier volet pour une blague salace et pas assumée. Quand le rire s'étrangle sous les effluves gores : un mélange détonnant qui confirme avec l'exceptionnelle Colline a des yeux d'Alexandre Aja la détermination du cinéma de genre horrifique US de ne plus cligner ostensiblement à l'oeil du spectateur. LES REJETONS DE L'ENFER The Devil's rejects Un film de Rob Zombie Sortie : 19 Juillet 2006 Il ne peut plus rien nous arriver d'affreux maintenant. Après la mort de son frère, le shérif Wydell ne rêve que de vengeance. Il est prêt à tout contre la terrifiante famille Firefly, et il n'hésitera pas à outrepasser la loi. Barricadés dans leur maison, les Firefly, eux, sont décidés à lui échapper par tous les moyens. Rien ne semble pouvoir arrêter leur macabre saga. Entre les deux camps, la guerre est ouverte, et elle va s'étendre... et affreux cauchemar serait-il terminé? Evidemment, il n'en est rien. Rob Zombie persiste dans le carnage boucher. Il a cette fois-ci mis les bouchées doubles et commis une formidable horreur qui se situe davantage du côté du road-movie et du thriller que du film d'horreur. Soyons clairs : Rob Zombie (alias Robert Cummings, pour les intimes) négocie le virage de manière radicale et signe un film plus violent et finalement plus à l'image du chanteur des feu White Zombie : sans limites et dégénéré. Dans le premier volet (inédit dans les salles), on découvrait les velleités comiques et absurdes de l'apprenti cinéaste. De la même façon que Marylin Manson a pillé Alejandro Jodorowsky pour ses clips, Rob Zombie reprenait, lui, ironiquement, son style clippesque en le mixant à des films de terreur viscérale des années 70 (Massacre à la Tronçonneuse, en premier lieu) et plein d'allusions perso. Mais la forme faussement rassurante et la désinvolture apparente étaient des leurres pervers : House of 1000 Corpse était en réalité sous ses allures de film de potes sympathiquement barré, un précipité assez malsain qui se contre-foutait de la morale, comme le prouvait ce dénouement en queue de poisson et pessimiste à la manière de Brazil de Terry Gilliam. Par la concentration de formes viles, par l'oppression de tics formels agaçants, le film irritait au plus haut point si on ne se fondait pas dans l'atmosphère d'emblée. Grosso modo, une sorte d'Hellbilly délire de luxe : souvent drôle et assez mal élevé. Fait illogique et donc normal : la suite ne raconte pas la même histoire. Elle possède une facture supérieure même si House of 1000 Corpse possédait des qualités. Les rejetons de l'enfer s'avère plus poisseux, irresponsable et inconfortable et peut se voir comme une réponse à ceux qui trouvaient le précédent volet trop soft. Pour Rob Zombie, les gens sont blancs ou noirs, bons ou mauvais mais les nuances intermédiaires n'existent pas. Au lieu de se demander pourquoi il va parfois trop loin, l'ami gomme les aspérités gênantes (filtres esthétisants maladroits) et affirme son goût pour les trognes et les dialogues très écrits, voire égrillards et cocasses, pour ne pas dire tarantinesques. Passé un prologue hystérique, le film prend son temps pour poser un contexte, une situation, une histoire. Il est amusant de constater que Les Rejetons du diable sort à quelques semaines d'intervalle en France de la relecture de La Colline a des yeux d'Aja alors que leurs sorties US sont éloignées. Les deux films sont unis dans la même envie de briser un consensus mou de plus en plus en vigueur dans un genre qui ne demande qu'à s'affranchir des carcans policés. Cependant, ils n'ont pas la même démarche : le disciple de Craven fréquente tous les registres de l'horreur et délivre une oeuvre aussi décomplexée qu'éprouvante qui fait ressentir de manière physique le mal infligé aux protagonistes ; Rob Zombie, lui, se place clairement du côté des méchants et propose une autre façon de regarder l'horreur : en auscultant le mal de l'intérieur. Les deux manières de procéder sont aussi stimulantes l'une que l'autre et proposent des séquences suffisamment dérangeantes pour heurter les bonnes consciences. Dans Les Rejetons de l'enfer, l'importance des médias à travers la télévision et le parcours des deux tueurs malades évoquent Tueurs nés mais Rob Zombie, tout aussi provocant que Stone en son temps, ne cherche pas à dénoncer quoi que ce soit et plaide davantage pour le plaisir immédiat. C'est bizarrement là où ça peut coincer. La première partie opte pour l'immoralité en se plaçant du point de vue des tueurs en faisant plus ou moins consciemment du spectateur un complice mutique. Le parti pris est sciemment dérangeant. Les deux Devil's rejects prennent en otage des innocents dans un motel et soumettent les séquestrés à des actes humiliants. On y voit beaucoup de choses (de la nudité frontale, du vomi, du sang…). L'horreur est parfois désamorcée par l'humour, l'ironie, la distanciation ou le simple cabotinage des interprètes ; parfois pas du tout. La bande-son de Tyler Bates (L'armée des morts) appuie incidemment le décalage. Certaines scènes, étouffantes ou malsaines, essentiellement dans le motel insalubre (le lancer du couteau dans le poitrine ou lorsque l'une des victimes porte un masque resteront sans conteste comme les passages les plus chocs) sont littéralement reprises de La dernière maison sur la gauche et Massacre à la tronçonneuse. Les rapports entre les personnages sont violents et rudes. La suite, avec Ken Foree (Zombie) dans un rôle gratiné, prend la forme d'un vigilante avec la sous-intrigue d'un sheriff assoiffé de haine et corriace (William Forsythe) qui venge un des siens, victime des besognes sanglantes des Firefly et leur inflige des tortures innommables. La réussite paradoxale du film réside dans le fait qu'il ne rend pas les salauds plus sympas et de fait ne cherche pas à rendre la violence consommable tout en évitant de proposer toute réflexion sur le débat (on n'est pas là pour ça). Fait de contradictions et de passages brutaux, Les rejetons de l'enfer s'impose comme un authentique film de tarés qui se revendique sans doute proche du cinéma de Peckinpah. C'est simplement brûlant comme l'enfer, plus maîtrisé et dur que House of 1000 Corpse. Plus amoral et violent aussi parce qu'il se complaît à nous rappeler accessoirement que sous le masque gentil du clown peut se cacher un vilain monsieur (Sid Haig, sorte de vieux Tim Curry du temps d'Il est revenu). C'est en cela, dans sa perversion des conventions et des figures archétypales, qu'il devient assez sulfureux, redoutablement idiot et finalement drôle. Comme Woody Harrelson et Juliette Lewis en leur temps, Bill Moseley et l'actrice Sheri Moon sont impériaux en tueurs nés. Le premier, on savait ses prédispositions pour incarner les bêtes inhumaines ; la seconde, épouse de Rob Zombie à la ville, possède le grain de folie adéquat pour jouer les belles garces redoutables. Sous le visage d'un ange peut parfois se cacher celui d'un démon. S'il désire conquérir un plus vaste public et affiner ses tics filmiques, Rob Zombie devra apprendre à doser les émotions et à tenir un propos plus cohérent sur ce qu'il donne à voir et à penser, mais si sa préoccupation consiste à se faire détester du plus grand nombre, pas de doute qu'il y arrivera très vite. C'est aussi pour ça qu'on l'apprécie.

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