mercredi, mars 29, 2006
Guantànamo.
Ca me rappelle les paroles d'une chanson des Rita Mitsouko "Le petit train s’en va dans la campagne../.. personne ne sait ce qu’il s’y fait…" "La prison de Guantánamo se trouve sur la base militaire des États-Unis de Guantánamo à Cuba. C'est une prison militaire temporaire de haute sécurité destiné à détenir les combattants illégaux, qualifiés comme tel par le gouvernement américain, capturés essentiellement en Afghanistan et en Irak. Environ 7 000 soldats sont en poste sur l'ensemble de la base, qui gardent 527 prisonniers au 12 mars 2005. Cette prison est située sur un terrain de 30 000 acres cubains (121 km²), actuellement loué par le gouvernement des États-Unis au gouvernement de Cuba. Cette location est effective depuis le 23 février 1903, sous la présidence de Theodore Roosevelt, et n'est incessible que par le consentement des deux parties. Un loyer de 4 085 dollars US est payé tous les ans par chèque. Paiements que Fidel Castro a toujours refusé d'encaisser (sauf celui de la première année de la Révolution en 1959), car il n'accepte pas que l'un de ses plus grands ennemis dispose d'une base militaire sur son territoire. C'est de cette base (dont l'acronyme est JTF-GTMO pour Joint Task Force Guantanamo, ou simplement "Gitmo" pour les américains), qu'en 1898, les États-Unis (qui comptait à l'époque au plus fort de la Guerre hispano-américaine 17 000 hommes à sa base de Santiago) avaient conquis Porto Rico avec 500 hommes, s'appropriant ainsi la souveraineté de cette île des Caraïbes. Un premier camp temporaire (le Camp X-Ray) est ouvert. Il est définitivement remplacé le [28 avril]] 2002 par le camp Delta. Le but de cette prison est de détenir des combattants illégaux, la plupart ayant été capturé en Afghanistan pendant les opérations militaires, afin de les interroger sur leurs liens éventuels avec des organisations terroristes ou les talibans. Il y avait à l'automne 2001 quelques 750 prisonniers originaires d'une vingtaine de pays différents. De 2001 à 2004, plus de 200 prisonniers ont été relâchés, sans qu'aucune explication sur la raison de leur libération ne soit révélée. Alors pourquoi Guantánamo ? Légalité de la détention. La légalité de la détention des prisonniers est un sujet de polémique important. Un décret présidentiel de George Walker Bush autorise la détention sans limite et sans chef d'accusation de tout les combattants illégaux capturés. Le fait qu'il n'y ait pas de chef d'accusation peut être considéré comme une détention abusive. Le 8 avril 2003, le représentant des États-Unis à la commission des Droits de l'Homme des Nations Unies a réaffirmé l'indépendance des juges, le respect du droit international et de la dignité humaine par son gouvernement. Il a en outre précisé que les détenus présumés terroristes n'étaient pas des détenus de droit commun, mais des combattants. Contestation du statut de combattant illégal Le 10 novembre 2003, la Cour suprême des États-Unis a annoncée qu'elle statuerait sur la légalité ou non de la détention des combattants illégaux au sein de la prison de Guantanamó. Son verdict a été rendu le 28 juin 2004. Elle autorise les prisonniers de Guantanamó à contester leur statut de combattants illégaux devant les cours fédérales civiles. Mais cette décision ne statue pas sur la légalité du statut de combattants illégaux, ni sur les procédures de détention appliquées à Guantánamo. C'est ainsi que l'armée a créé des Tribunaux d'examen du statut d'ennemi combattant. Mais le 31 janvier 2005, une juge fédérale américaine, Joyce Hens Green, du tribunal civil de Washington D.C., déclare inconstitutionnels ces tribunaux d'examens. Elle juge que le fait que l'armée empêche les suspects d'être assistés d'un avocat et que les suspects ne puissent connaître les chefs d'accusations qui sont portés contre eux est anticonstitutionnel. Il est important de souligner que quelques jours auparavant, un autre juge fédéral avait pronnoncé un verdict opposé à celui de la juge Joyce Hens Green. Il y a de fortes chances que le verdict final soit à nouveau rendu par la Cour suprême. Une prison contestée Fin mai 2005, dans un rapport d'Amnesty international, l'association traite Guantánamo de «goulag de notre époque». Et parle également de la multitude de prisons, plus ou moins du même type, que le gouvernement des Etats-Unis a mis en place en Irak et en Afghanistan notamment. Le secrétaire de la Défense des Etats-Unis, Donald Rumsfeld, a contesté l'appellation de goulag, en la jugeant extravagante.. William Schultz, représentant d'Amnesty international à Washington, a déclaré qu'il ne fallait pas considérer Guantánamo comme un goulag soviétique, mais il y a tout de même quelques traits communs comme le fait de maintenir au secret les détenus et les placer en dehors du système judiciaire civil ou encore le fait que certains auraient disparu. Le 5 juin, le sénateur démocrate Joe Biden, membre de la Commission des affaires étrangères du Sénat, a demandé la fermeture de la prison. Selon lui, elle est un danger pour les Américains dans le monde, car elle stigmatise et amplifie la haine du monde arabe contre les États-Unis. Le 15 mars 2006, plus de 400 intellectuels, artistes et activistes du monde entier signent une pétition demandant la fermeture des centres d’incarcération américains à Guantanamo, territoire cubain sous contrôle des États-Unis. "La Commission des Droits de l’Homme (des Nations unies) ou le Conseil qui la remplacera doit exiger la fermeture immédiate de ces centres de détention arbitraire crées par les États-Unis et la cessation de toutes les flagrantes violations de la dignité humaine", lit-on dans cette déclaration. Le document porte la signature de plusieurs prix Nobel, dont José Saramago, écrivain portugais, Harold Pinter, dramaturge britannique, Nadine Gordimer, femme de lettres sud-africaine, Adolfo Perez Esquivel, intellectuel argentin, Rigoberta Menchu, dirigeante des Indiens guatémaltèques, Wole Soyinka, du Nigeria, Dario Fo, dramaturge italien. Les conditions de détention. Des détenus de Guantánamo au Camp X-Ray. 11 janvier 2002. Les conditions de vie dans la prison de Guantánamo sont dures. Mais la présidente socialiste du Sénat belge Anne-Marie Lizin nommée par l'assemblée de l'OSCE Représentante spéciale pour Guantánamo a déclaré début 2006 que "les conditions de détention des prisonniers y sont meilleures qu'en Belgique". D'après le peu d'informations disponibles, on peut dire que les détenus, lors de l'ouverture de la prison, ont passé la majorité de leur temps dans des cellules individuelles de deux mètres sur deux, éclairées continuellement - des bâtiments en dur ont été construit depuis. les détenus peuvent être interrogés à n'importe quel moment de la journée ou de la nuit. lorsqu'ils sont déplacés, les détenus ont les mains et les pieds menottés et un sac de toile est placé sur leur tête pour les empêcher de voir. Les visites sont limitées (y compris celles des familles et des avocats) le dialogue entre prisonniers est restreint, de forts soupçons de torture (psychologique et physique) pèsent sur la prison. Des organisations non-gouvernementales telles qu'Amnesty International en font régulièrement les échos. Le Camp Delta fut créé en 2002 après les attentats du 11 septembre 2001. Il comprend 621 cellules sous la responsabilité de la police militaire américaine. Le camp Delta est subdivisé en six parties où les arrivants transitent selon leur degré de coopération. À partir du niveau quatre, les détenus ont non seulement accès à des avocats mais peuvent aussi discuter librement sans témoin. Le Camp Iguana adjacent est un centre de détention beaucoup moins strict à l'intention d'adolescents de treize à quinze ans. Selon plusieurs témoignages, les détenus seraient torturés par les militaires et les consultants civils. Suite à la loi américaine sur la liberté d'information, l'American Civil Liberties Union (ACLU), la plus importante organisation de défense des Droits de l'Homme aux États-Unis, a pu se procurer plusieurs courriels qu'un agent du FBI a envoyé au directeur, Robert Mueller. Ces courriels datent de 2003 et 2004. Cet agent décrit plusieurs scènes de tortures dont il a été le témoin. Peu après leurs divulgations, l'armée américaine a annoncé l'ouverture d'une enquête. L'affaire du Coran profané Le 30 avril 2005, le magazine Newsweek annonce qu'un militaire américain aurait jeté le Coran dans les toilettes. Cette annonce crée de violentes manifestations anti-américaines dans le monde musulman, notamment en Afghanistan où l'on dénombrera une quinzaine de morts suite à de sanglantes répressions. Le Pentagone a démenti immédiatement cette information. Le 15 mai, Newsweek revient sur son information et déclare que sa source anonyme se serait trompée. Après enquête, le Pentagone affirme le 3 juin, que bien souvent ce sont les détenus eux-même qui ne traitent pas avec respect le livre saint des musulmans. Il cite notamment des exemples où des détenus se seraient servi du Coran comme oreiller et d'autres auraient même déchiré des pages. Il atteste tout de même que certains gardiens auraient eu un comportement irrespectueux vis-à-vis du livre saint, par exemple un gardien aurait uriné "accidentellement" dessus et un autre aurait donné un coup de pied dedans. Grève de la faim Le 1er septembre 2005, selon des avocats au moins 210 détenus (76 selon l'armée américaine), étaient en grève de la faim, pour protester contre leur détention illimitée. Une porte parole de l'armée a déclarée que "Le nombre (de grévistes) change tous les jours", sans vouloir préciser depuis combien de temps les 76 détenus décomptés par l'armée avaient commencé à ne plus se nourrir. "Ils sont traités aussi bien que possible", a-t-elle ajouté. Mais ces grèves ont commencées plusieurs mois plutôt, dès le 21 juillet, un porte parole de l'armée avait été forcé d'admettre qu'environ 50 détenus avaient cessé de se nourrir. Il avait également précisé que les grévistes avaient été placés sous perfusions et alimentés contre leur volonté, par sonde nasale (sonde introduite dans l'estomac par le nez), pour empêcher leur déshydratation. Le Centre pour les droits constitutionnels (CCR), dont les avocats défendent plusieurs dizaines de détenus, a déclaré que toute cette affaire pourrait cesser immédiatement si l'armée autorisait les avocats à rencontrer leurs clients. Le vendredi 18 novembre 2005, l'Organisation des Nations unies (ONU) annule sa visite de Guantanamo Bay qui était prévue pour le 6 décembre, car Washington refusa que les trois membres de l'ONU (l'autrichien Manfred Nowak rapporteur spécial sur la torture en charge du dossier, la pakistanaise Asma Jahangir s'occupant du respect de la religion dans la prison et l'algérienne Leila Zerougui en charge des questions sur la détention arbitraire) parlent librement et sans témoins aux détenus. Six mois auparavant, Manfred Nowak avait déclaré que, "le fait que l'accès aux prisonniers ait été refusé pendant si longtemps aux enquêteurs de l'ONU est un signe qu'ils souhaitent dissimuler certaines choses à la vue du public". Publié le 15 février 2006, un rapport de l'ONU demande de "Fermer les installations de détention de Guantanamo Bay sans délai supplémentaire" et que "soient jugés rapidement tous les détenus de Guantanamo" ou "libérés immédiatement". Les critiques des conditions de détention portent surtout sur les limites floues entre certaines techniques d'interrogatoire qui peuvent être assimilées à de la torture et de ce fait, il est demandé que "toutes les techniques spéciales d'interrogatoire autorisées par le département de la défense soient révoquées immédiatement". Ce rapport a été immédiatement dénoncé par l'administration américaine, qui l'accuse de se baser uniquement sur des rumeurs. Il a en outre été rappelé que les conditions de détention demandées dans le rapport sont celles valables en temps de paix, alors que le gouvernement américain considère les détenus comme des prisonniers de guerre. Publication de comptes-rendus d'audience par le département de la défense. À l'issue d'une bataille juridique de 18 mois avec l'agence de presse Associated Press (AP), le Pentagone est contraint de publier sur son site web officiel des comptes-rendus d'audiance des prisonniers. La justice fédérale a accédé à la requête de l'agence en se basant sur le Freedom of Information Act (FOIA). Les documents présentent 5000 pages de rapport. 317 noms de détenus sont révélés (sur environ 760 détenus passé par Guantanamo et 490 restant fin mars 2006), ainsi que de très nombreuses précisions sur les méthodes d'interrogatoire des geôliers. Le 3 mars 2006, le Time Magazine publie le procès-verbal intégral du "détenu 063".