mercredi, décembre 14, 2005

 

Repetto.

Fascinante saga de la chaussure Repetto. Pour les hommes Repetto c’est la chaussure blanche de Serge Gainsbourg (ultra culte) et pour les filles c’est la ballerine si "fashion" cette saison… "Bien avant de chausser les pieds de nos contemporaines férues de mode, les ballerines Repetto étaient avant tout des chaussons de danse, créés dès 1947, par Rose Repetto, à la demande de son fils, le danseur Roland Petit. En 1947, Rose Repetto fabrique ses premiers chaussons de danse pour son fils, Roland Petit. Et devient une référence à l'Opéra comme dans le show-biz. "On ne peut pas parler de Repetto sans évoquer Rose Repetto." C'est Brigitte Lefèvre qui parle, directrice de la danse à l'Opéra de Paris. Ancienne élève elle-même de l'Ecole de danse de l'Opéra, elle se souvient avec émotion de l'achat de ses premiers chaussons, alors qu'elle n'était même pas encore petit rat. "Nous sommes montées avec ma mère au sixième étage d'un immeuble de la rue de la Paix, tout près de la place Vendôme. C'est là, dans une chambre de bonne, que j'ai rencontré Rose Repetto. Pénétrer dans cet atelier de fabrication de chaussons pour les danseurs de l'Opéra Garnier avait quelque chose de magique : j'avais l'impression d'accomplir une sorte de rite initiatique, d'être intronisée dans un cercle. A l'époque, Rose Repetto devait avoir la quarantaine, ce qui, du haut de mes 8 ans, me paraissait un âge canonique. J'étais terrorisée par cette femme extraordinaire." Géniale, magique, tels sont les adjectifs invariablement employés pour qualifier la créatrice d'une marque dont le nom résonne comme celui de Gepetto, le cordonnier qui donna vie à Pinocchio. Nom capable d'accomplir des merveilles, donc, et qui, aujourd'hui encore, évoque la danse dans tout ce qu'elle peut avoir de féerique, d'aérien. C'est en 1947, après avoir tenu un bistrot à Montmartre, que Rose Repetto, milanaise d'origine, ouvre son atelier de chaussons de danse dans la fameuse chambre de bonne. Elle n'est pas danseuse, mais elle a un fils, Roland Petit, qui a fait de cet art son métier. Le jeune homme (il a 23 ans) a demandé à sa mère de lui confectionner une paire de chaussons. Rose Repetto s'exécute en imaginant un procédé de fabrication qui fera des traditionnelles demi-pointes et autres pointes un véritable gant pour le pied. Tâchons d'être clair : le "cousu-retourné ", et c'est l'un des nombreux coups de génie de Rose, consiste à coudre la partie chaussante en cuir souple sous la semelle (et non pas l'inverse, comme il est d'usage dans la fabrication des chaussures), puis à retourner le cuir comme une chaussette, afin de maintenir le pied tout en lui donnant un maximum de confort. La preuve : on peut enrouler un chausson Repetto comme une feuille de papier. Mais ce savoir-faire ne suffit pas à expliquer le succès d'une maison qui connaît quelque trente années de parfaite santé financière et son installation dans le club des marques cultes. Pour mieux comprendre la magie Repetto, revenons à Rose, cette femme qui impressionna tant Brigitte Lefèvre : "Je me souviens de la première fois où elle m'a dit : "Bonjour, Brigitte !" Un moment essentiel. La sensation d'être entrée dans une famille d'artistes." La mère de Roland Petit accorde, en effet, une attention toute particulière aux danseurs et, grâce à la qualité de ses relations avec eux, accompagne, voire précède, l'évolution même de leur travail. Très vite, la maison Repetto prend ainsi en compte tous les styles, du classique au contemporain... Mais c'est une autre Brigitte qui, en 1956, alors qu'elle fait ses premiers pas dans le cinéma aux côtés de son mentor Roger Vadim, va donner à Repetto la juste dose de paillettes nécessaire pour métamorphoser la marque d'un fabricant spécialisé en un mythe discret d'élégantes branchées. La place de Brigitte Bardot n'a rien d'incongru ici puisque, avant d'être actrice, elle est danseuse et cliente de la maison de la rue de la Paix. Elle fait appel aux talents de Rose pour lui inventer une ballerine de ville, idéale aussi pour exécuter le torride mambo d'Et Dieu créa la femme. La ballerine Cendrillon, réalisée en rouge carmin pour le film de Vadim, devient vite l'accessoire indispensable des jeunes filles en robes vichy. Quelques années plus tard, c'est toujours en ballerines Repetto que les petites soeurs de ces jeunes filles perfectionneront leurs premières passes de rock'n'roll. "La ballerine, c'est une chaussure spéciale, très plate, mais qui donne une très jolie démarche », explique le couturier Azzedine Alaïa. En 1987, ne faisait-il pas défiler Naomi Campbell, alors jeune danseuse, avec les pointes noires de la célèbre maison pour accompagner une robe d'inspiration tutu ? A la fin des années 60, son amie Arletty, qui est aussi une de ses muses en matière d'élégance, portait déjà, quant à elle, les justaucorps noirs de Repetto. "Arletty ne supportait pas les chemisiers, elle me disait que c'était la fête à Neuneu !" raconte Alaïa. Lui-même n'a pas échappé à la tendance Repetto, puisqu'il porta longtemps l'autre grand classique de la maison, créé par Rose pour sa propre belle-fille, Zizi Jeanmaire : les fameuses Zizi à lacets, confectionnées dans un cuir aussi doux que celui d'un chausson... Gainsbourg Serge, lui aussi, pendant trente ans, ne porta que des Zizi, et Nougaro, et Voulzy, et même M ou Diam's. C'est aussi à ses Zizi de daim noir qu'on reconnaît Jean-Marc Gaucher, nouveau patron de la maison Repetto. Un peu l'homme de la dernière chance, quand il rachète l'affaire en 1999, après avoir présidé à la destinée de Reebok France. Depuis les années 80 - et la mort de Rose Repetto -, la maison est passée de banques en fonds d'investissement, et s'étiole doucement. Témoin, la boutique rue de la Paix, qui, à cette époque, ressemble plus à une échoppe poussiéreuse qu'à la caverne d'Ali Baba décrite par Brigitte Lefèvre. La Cendrillon, si sexy sur les pieds de Bardot, est devenue une chaussure "pour pieds sensibles". Traduction : une clientèle de vieilles dames. Les débuts de Jean-Marc Gaucher sont pour le moins difficiles, puisque, trois ans après avoir racheté, il dépose le bilan. Mais c'est pour proposer un plan de restructuration qui sera finalement accepté par le tribunal de commerce. Les salariés de l'usine de Saint-Médard-d'Excideuil, dans le Périgord, peuvent souffler. Enfin, pas tous : entre 1999 et 2005, leur nombre est passé de 126 à 80. Un quart des effectifs, quand même, sera ainsi remercié pour relancer l'entreprise. Jean-Marc Gaucher est certes homme d'affaires, mais pas seulement. On le sent, quand il parle de Repetto, conscient du mythe et plein de respect pour la marque. D'abord dans sa volonté de privilégier toujours la danse et sa pratique. Il travaille par exemple à faire disparaître le bruit des pointes quand elles frappent la scène ; et à donner le plus de confort possible à ces pieds de danseurs martyrisés. Pour rendre son lustre à l'entreprise, il s'est ensuite plongé dans le patrimoine maison. Pas facile quand on n'a pas d'archives. "J'essaye de les reconstituer petit à petit. Je peux d'ores et déjà faire une croix sur les formes (1), tout a été distribué aux ouvriers. Mais j'ai retrouvé la forme originale des fameuses Zizi - qu'on avait perdue - chez un détaillant japonais !" Au Japon, justement, Jean-Marc Gaucher approche le couturier Issey Miyake pour lui proposer d'inventer une Cendrillon Miyake. Rapprochement malin puisque Miyake a longtemps travaillé avec le chorégraphe américain William Forsythe... Sollicités à leur tour, Yohji Yamamoto et Comme des garçons inventeront une Cendrillon dorée et une paire de Zizi lamées. Autant de collaborations haut de gamme et discrètement luxueuses qui réinstallent la marque dans l'univers de la mode. Pour l'instant, les résultats donnent raison à Jean-Marc Gaucher : le chiffre d'affaires augmente de 20 % en 2004. Après les sacs polochons inspirés des fourre-tout des danseurs de ce printemps, l'automne 2005 verra arriver la première collection de prêt-à-porter pour fillettes. Un doux et rosé mélange de tutus de ville, de ballerines à rubans de soie, de cache-coeurs douillets qui devrait faire des heureuses chez les adeptes de princesses. "La première fois que j'ai vu le stand Repetto aux Galeries Lafayette, ça m'a fait un choc ! explique Brigitte Lefèvre. Repetto n'était plus un lieu d'initiation magique : c'était devenu un magasin." La maison, qui devrait bientôt fêter son 60e anniversaire, aurait-elle perdu son âme en échange de la réussite ? Les puristes en semblent convaincus. A ceux-là, on rappellera la triste fin de la maison de couture de Mme Grès, magistrale technicienne du drapé, à la fin des années 80, dont les archives et le fonds finirent dans une benne à ordures, rue de la Paix, quasiment en face de la boutique Repetto... Ce qui est certain, c'est que la maison va mieux, que la marque perdure, et une partie du mythe avec elle. Alors l'avenir de la maison Repetto est plutôt dansant, non ? En 1956, la ballerine devient objet de fantasmes aux pieds de Brigitte Bardot. A sa demande, Rose Repetto crée une ballerine à talon rouge carmin, pour les besoins du film Et Dieu créa la femme. La Cendrillon est née et devient rapidement l'emblème de la mode des sixties. Plus tard, Serge Gainsbourg et une partie de la scène française adoptent le chausson de jazz baptisé Zizi, en l'honneur de Zizi Jeanmaire. Mais en 1980, l'arrivée des baskets et l'avènement de la working girl ringardise la marque. Un déclin précipité par le décès de Rose Repetto. Danse et grand public mettent leurs chaussures au placard. En 1999, Jean-Marc Gaucher rachète une marque à la limite de la date de péremption. Pour "déringardiser" la marque, le cap est mis sur la mode.La maison embauche des stylistes en France et aux Etats-Unis pour créer des chaussures tendance, sans s'éloigner de l'univers de la marque. La maison fait parler d'elle et touche un nouveau public, plus jeune. La ballerine est de nouveau à la mode, elle parade même sur les podiums. En 2004, la marque affiche 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et s'apprête à fêter la production de sa millionième ballerine. Les ballerines Repetto seront à la mode cette saison. Les modèles classiques sont revisités façon dorures et paillettes par les designers japonais Kenzo et Comme des Garçons (310 €). Chaussons de danse et de cabaret, ils ont déjà par le passé chaussé les pieds de nombreuses stars. On se souvient notamment des "Zizi" qui ne quittaient jamais Gainsbourg et qui reviennent aujourd'hui au pieds de Benabar, Renaud, M..retravaillées par Yohji Yamamoto (310 €)

Comments:
C'était vraiment très intéressant.
 
Ca commence à se voir que je suis fétichiste du pied ?


Snifffffffffff !!!!!
 
Franchement merci de ses renseignements car il est impossible de trouver quoi que ce soit sur cette marque ! Grâce à toi je peux enfin continuer mon dossier ! Merci encore ! Mathilde
 
Je m'interesse au sujet, mais c'est impossible de crocher sur cet article car il n'y a pas de mise en page. C'est étoufant.
 
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