vendredi, décembre 02, 2005
Merci pour les photos.
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1) Concernant le fait que Johann Sfar fasse la couverture de Télérama :
"(...) l'incertitude des systèmes de classement que les intellectuels intermédiaires mettent en oeuvre est elle-même l'expression directe de la position que ces classeurs inclassables occupent dans les classements et des intérêts qui s'y trouvent associés, comme la complaisance fascinée pour les petitesses des "grans hommes" ou l'inclination inconsciente à brouiller les hiérarchies, à s' égaler à l'inégalable en lui égalant l'alter ego. Placés en position mitoyenne entre le champ de production restreinte et le champ de grande production, les intellectuels-journalistes et les journalistes-intellectuels n'ont pas, le plus souvent, les moyens (et notamment le temps) de faire des distinctions qu'ils n'ont pas intérêt en tout cas à opérer: comme s'ils travaillaient in consciemment à annuler des divisions qui les diminuent, ils tendent naturellement à juxtaposer dans leur préférences les grands savants consacrés, donc inévitables sous pein de disqualification (...), et les plus intellectuels ou les plus intellectuels des journalistes."
(Pierre bourdieu, à propos dun hit parade des intellectuels paru dans "Lire" en avril 81)
Si l'on suit ce raisonnement, je pense que l'on comprend très bien le "succès" de Sfar auprès de a) la presse en général b) la presse culturelle en particulier.
a) c'est un des plus "journalistes" parmi les "auteurs" de B.D. (le promouvoir, c'est donc une manière pour la presse d'auto-promotion - au double sens du terme, puisque c'est aussi une manière de se consacrer soi-même "auteur" par procuration)
b) à plus forte raison pour la presse culturelle : il suffit (pour un lecteur un peu averti en ces matières) de lire les bédés de Sfar (ou, pour les moins avertis, la lecture qu'en font les journalistes de la P.C. - cf. les questions posées à Sfar dans Télrama) : Sfar apparaît comme un serviteur éminent (et bénévole) des valeurs de la P.C. - ou même de son système de confusion des valeurs, pourrait-on dire (un ministre du culte, en quelque sorte ), est -il donc tellement étonnant que la P.C. le récompense de ses bons et loyaux services en en faisant la promotion - et notamment en promouvant son (modeste - à plus d'un titre - cf. son interview) talent au rang de génie (encore que, de ce point de vue, la couv' de télérama soit relativement honnête : "la griffe de Sfar" - il s'agit bel et bien de le faire passer pour un "créateur" mais au sens de la haute couture et pas encore au sens de la haute culture).
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"(...) l'incertitude des systèmes de classement que les intellectuels intermédiaires mettent en oeuvre est elle-même l'expression directe de la position que ces classeurs inclassables occupent dans les classements et des intérêts qui s'y trouvent associés, comme la complaisance fascinée pour les petitesses des "grans hommes" ou l'inclination inconsciente à brouiller les hiérarchies, à s' égaler à l'inégalable en lui égalant l'alter ego. Placés en position mitoyenne entre le champ de production restreinte et le champ de grande production, les intellectuels-journalistes et les journalistes-intellectuels n'ont pas, le plus souvent, les moyens (et notamment le temps) de faire des distinctions qu'ils n'ont pas intérêt en tout cas à opérer: comme s'ils travaillaient in consciemment à annuler des divisions qui les diminuent, ils tendent naturellement à juxtaposer dans leur préférences les grands savants consacrés, donc inévitables sous pein de disqualification (...), et les plus intellectuels ou les plus intellectuels des journalistes."
(Pierre bourdieu, à propos dun hit parade des intellectuels paru dans "Lire" en avril 81)
Si l'on suit ce raisonnement, je pense que l'on comprend très bien le "succès" de Sfar auprès de a) la presse en général b) la presse culturelle en particulier.
a) c'est un des plus "journalistes" parmi les "auteurs" de B.D. (le promouvoir, c'est donc une manière pour la presse d'auto-promotion - au double sens du terme, puisque c'est aussi une manière de se consacrer soi-même "auteur" par procuration)
b) à plus forte raison pour la presse culturelle : il suffit (pour un lecteur un peu averti en ces matières) de lire les bédés de Sfar (ou, pour les moins avertis, la lecture qu'en font les journalistes de la P.C. - cf. les questions posées à Sfar dans Télrama) : Sfar apparaît comme un serviteur éminent (et bénévole) des valeurs de la P.C. - ou même de son système de confusion des valeurs, pourrait-on dire (un ministre du culte, en quelque sorte ), est -il donc tellement étonnant que la P.C. le récompense de ses bons et loyaux services en en faisant la promotion - et notamment en promouvant son (modeste - à plus d'un titre - cf. son interview) talent au rang de génie (encore que, de ce point de vue, la couv' de télérama soit relativement honnête : "la griffe de Sfar" - il s'agit bel et bien de le faire passer pour un "créateur" mais au sens de la haute couture et pas encore au sens de la haute culture).
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