mardi, octobre 18, 2005
Bel outil.
Mouss du groupe de rock Mass Hysteria et Reuno le chanteur de Lofofora me disaient « TOOL en concert ? J’ai jamais rien connu de tel, sur scène c’est carrément hallucinant » J’ai passée l’age du fan boy boutonneux dégoulinant de transpiration, slammant dans des snakepits enfumés (enfin, c’est pas trop ma came ça), et j’ai encore gardé les stigmates auditifs de concerts comme Korn ou comme les Smashing Pumpkins, mais là, devant ce groupe je dois dire que je suis sur le cul. Du charisme de la finesse d’esprit, des prestations scéniques qui vous filent la chair de poule. Comme disent les jeunes acnéiques « TOOL : c’est trop de la boule » (c’est pas ça ?). A suivre un article rédigé par accro à auto-combustion instantanée (bon, à l’écouter, c’est des dieux, faut quand même pas pousser non plus) « L'instigateur Maynard James Keenan est aussi chanteur, Adam Jones est guitariste, Danny Carey est batteur, Justin Chancellor a, à la basse, remplacé Paul D'Amour parti en 1995. Quatre hommes qui par le biais de leurs instruments et de leurs compositions ont insufflé une dimension nouvelle au métal. Des artisans sonores plus que des rock stars. Leur métal est unique, leurs clips sont des oeuvres d'Art, leurs concerts sont des happenings, Tool est manifestement un groupe à part...Tu as entendu parler d’eux, vu les clips de "Sober", "Prison sex", "Stinkfist" ou "Eulogy" mais tu ne t'es pas plongé dans les albums ? Alors tu ne sais pas ce qu'est la musique de Tool, car ça ne s'écoute pas, ne se comprend pas le temps d'un clip. L'atmosphère créée par leur musique ne s'installe pas en quelques minutes. Se laisser aller à l'écoute des albums est le meilleur moyen de la découvrir. Fin 1988, un certain Adam Jones quitte le foyer familial de son Illinois natal, et débarque à Los Angeles, Californie. Diplômé d'une école de cinéma, c'est tout naturellement que celui-ci se décide à prendre la direction d'Hollywood, dans l'espoir d'y travailler sur des tournages de films. Il deviendra alors concepteur d'effets spéciaux, et collaborera aux chefs-d'oeuvre (?) que sont Terminator 2, Predator 2 ou bien Jurassic Park. Passionné par l'art, et ce quelque soit sa forme (de la peinture à la sculpture), le sieur Jones traîne sa carcasse dans le milieu undergound de L.A. et y rencontre un beau jour un dénommé Ronald P. Vincent, écrivain, et auteur en 1948 d'une oeuvre unique, A joyful guide to lachrymology, qui l'amena à fonder une philosophie/religion, la lachrimologie, où il affirmait que le seul moyen pour être un être humain, de progresser et de se développer passait par l'exploration et la compréhension de sa douleur, physique et morale. Une véritable révélation pour Jones, qui, gratouillant aussi de temps à autre, décide de former un groupe dont la musique serait un outil (Tool) pour aider le public à la compréhension de la lachrimologie. Vincent mourrant quelques mois plus tard d'une cirrhose du foie, Jones va étudier sans relâche A joyful guide... pendant deux ans, ce parallèlement à son boulot à Hollywood. Entre temps, celui-ci fait la rencontre d'un très singulier personnage répondant au doux patronyme de Maynard James Keenan. Le gaillard, qui vient de quitter l'austérité de son école militaire dans le Michigan, possède quelques notions de chant et va alors s'associer à Adam dans cet étrange projet. La paire est vite rejointe début 1990 par le bassiste Paul d'Amour, rencontré sur un tournage par Jones, et le batteur Danny Carey, (ex-Pygmy Love Circus et Green Jelly), présenté au même Jones par l'intermédiaire de son vieux pote Tom Morello, le guitariste de RATM (Maynard apparaîtra d'ailleurs sur le premier LP de Rage sur le titre "Know your enemy"). Le groupe est né, et se taille rapidement une réputation qui entraînera alors une signature avec Zoo Entertainment en novembre 1991. Début 1992 sort un premier EP, Opiate, mélange de compositions en studio et de lives. Musicalement, ils pratiquent un métal sombre, hypnotique et somme toute assez indescriptible, encore impopulaire en ces terres californiennes où règnent en maîtres les permanentés de Mötley Crue, Ratt et autres glammers fardés. Bénéficiant cependant d'un bon accueil critique, Tool part en tournée et sillonnera tout le continent, en particulier avec le Rollins Band, qui marquera le début d'une longue amitié avec Henry Rollins et qui permettra au groupe d'améliorer son impact scénique qu'il juge primordial pour toucher le public. Mais il est maintenant temps pour les quatre d'enregistrer un album digne de ce nom, ce qui sera chose faite avec Undertow qui est commercialisé aux USA en avril 1993 (et qui sera marqué par la présence de l'ami Rollins sur "Bottom"). Alors qu'on pensait que le rock US avait atteint le paroxysme de la noirceur avec les formations de Seattle Alice in Chains ou Nirvana (snif), Tool pousse le bouchon glauque au maximum. Du timbre très spécial de Keenan aux riffs ténébreux de Jones, l'auditeur est comme entraîné dans une spirale infernale, à la musique oppressante et hors codes, à mille lieux des sonorités grungy qui régissent le marché américain. En effet, Tool se veut moins accessible, axant davantage son discours autour de la bipolarité (tiens ?) mentale et critiquant sévèrement son environnement qu'il juge irrécupérable, Undertow étant ponctué ici et là de clins d'oeil sarcastiques à l'éducation baptiste qu'a reçu un Maynard à l'esprit apparemment bien compliqué. Des concepts encore inédits que se permettra d' "emprunter" plus tard un certain Marilyn Manson pour son Antichrist superstar. Relayé par des performances à l'atmosphère indescriptible, l'album devient immédiatement disque d'or en se forçant une entrée dans les charts US. Vient alors une tournée européenne au printemps 1993 comme support-band de Fishbone, qui sera d'ailleurs l'occasion pour nos quatre garçons dans le vent de s'unir à Living Colour et RATM pour un festival spécial au Zénith de Paris le 7 juin. Au même moment sort le premier single extrait de Undertow, le magnifique "Sober", dont la vidéo à l'atmosphère angoissante (conçue comme avec animation de pâtes à modeler, confectionnée par Adam) fait véritablement exploser le phénomène Tool et ses idées décalées. Adam : "La chanson et la vidéo sont inspirées d'un mec que nous connaissons et qui est au maximum de son potentiel artistique quand il vient de se faire un fix. Beaucoup de gens lui donnent de la came pour cela...". Bien loin de faire l'apologie de la drogue, Tool, dans sa soif inextinguible de créativité, ne niera cependant pas l'apport de certaines substances illicites "qui amènent à voir les choses suivant une perspective tellement différente...". Mais aux antipodes des déclarations fracassantes de certains artistes qui affichent aussi ouvertement leur consommation, le groupe condamne la dépendance qu'il considère comme une faiblesse d'esprit et une entrave à la libre pensée. De retour sur son continent, le groupe participe au festival itinérant Lollapalooza durant juillet/août et ce derrière la crème du rock US, de Alice in Chains à Primus en passant par les potes de rage against the machine. Programmé à l'origine sur la seconde scène, Tool va vite en venir à jouer sur la scène principale, devenant par la même occasion l'attraction/révélation du festival, sa musique halluciné hypnotisant littéralement les teenagers yankees qui se prennent l'onde de choc en pleine poire. La fin de l'année 1993 sera aussi l'occasion pour le groupe de récolter moultes récompenses pour la vidéo de "Sober", chose dont il n'a absolument rien à faire. En effet, aucun des membres ne se déplacera pour venir chercher ces trophées, entretenant par la même occasion l'aura mystérieuse qui entoure la formation et se façonnant une image très spéciale, volontairement "anti-fashion". Maynard : "Il y a ces groupes qui font beaucoup de presse avant que leur album ne soit sorti, qui ont leur clip prêt pour MTV, qui font des millions de sessions photos (...). Ce n'est pas du tout le cas de Tool. Nous ne rentrons pas dans le trip 'rock-star', nous n'avons pas d'approche marketing, tout est très spontané et nous ne forçons jamais notre nature." C'est en février 1994 que nos gaillards se décident enfin à débarquer sur notre beau continent en tête d'affiche, ce qu'ils feront d'ailleurs en prenant en ouverture de leurs shows les californiens de Failure. Cependant, n'ayant pas encore pris de véritables vacances, le groupe apparaît alors complètement épuisé et se montrera sous un jour particulièrement mauvais le 11 mars à l'Elysée Montmartre de Paris. Statique, crispée, la prestation est largement en deçà du formidable potentiel du groupe, ce qui aura pour cause de lui valoir les critiques les plus acérées de nombreux détracteurs, en particulier en ce qui concerne Maynard, en qui ceux-ci voient un frontman trop limité et manquant trop de ressources pour pouvoir tenir une scène. Cette tournée coïncide avec la sortie d'un deuxième simple, "Prison Sex", qui semble autobiographique. Maynard ne s'étant pas gêné pour clamer tout haut à la presse les mauvais traitements que lui a infligé son beau-père, et la vidéo, dans le même esprit que "Sober", soutient largement cette théorie en illustrant un véritable malaise qu'il semble ressentir. Après les classiques festivals d'été, où les performances du groupe seront très inégales, Tool va alors disparaître du circuit pendant presque deux ans, ne donnant absolument plus aucune nouvelle de vie, ce qui aura pour conséquence l'alimentation continue de rumeurs diverses, toutes plus délirantes les unes que les autres. Et c'est dans le sud de la France que le groupe s'en ira composer son prochain album, plus précisément dans un château de Montségur, près des Pyrénées, "un endroit très spirituel et très puissant". On apprend néanmoins que Paul d'Amour quitte le navire en septembre 1995 pour cause de divergences artistiques (il s'en ira monter Lusk), rapidement remplacé par Justin Chancelor, un ex-Peach, groupe anglais ayant ouvert pour Tool quelques années auparavant, et qui n'était au départ pas franchement partant pour rejoindre les trois compères. "Peach venait de splitter six mois auparavant, et j'étais en train de former un nouveau groupe avec le guitariste, qui est un de mes meilleurs amis et avec qui je jouais depuis mes 14 ans. Mais j'ai réalisé que je ne pouvais pas laisser passer une telle opportunité". Octobre 1996. Alors qu'on ne l'attendait plus, sort le troisième album de Tool. Nom de code de la bête : Aenima. Le groupe semble à l'apogée de son art. Les critiques sont unanimes et encensent l’album « jamais une formation à connotations métal n'aura approchée de si près la perfection ». « Sublime », « magistral », « les mots manquent pour décrire ce chef d'oeuvre d'intelligence et d'originalité », « complexe mais néanmoins accessible, puissant sans forcer la dose » bref, Tool rallie tout le monde à sa cause, et son entrée à la deuxième place des charts US le confirme bien. Aenima, édité en vinyle tout comme ses prédécesseurs, est aussi commercialisé dans une version (limitée) hologramme. Les quatre musiciens continuent à condamner l'apathie qui gagne les States (et dans une moindre mesure le reste du monde), et prêchent plus que jamais l'indépendance intellectuelle ('Beliefs are dangerous, So believe in nothing'). Adam : "Penser par soi-même est quelque chose d'important pour nous (...). Nous essayons d'étendre nos esprits, pas forcément d'une manière intellectuelle, mais nous sommes conscients de ce qui nous entoure sur le plan social, spirituel, sublimal ou surréaliste". Tool enchaîne une tournée triomphale de quarante dates à travers les States, et décroche la première place des charts, jarretant par la même occasion une Céline Dion qui squattait sans vergogne le Billboard en compagnie d'autres mièvreries insipides. "Stinkfist", le premier single, est l'objet d'une vidéo étonnante, interprétée par de 'vrais' acteurs et qui, malgré son caractère un tantinet malsain, passera en 'heavy-rotation' sur MTV qui encensera littéralement le groupe, ce malgré le mépris qu'affichent nos compères à son égard.... L'Europe attend patiemment son tour, et la prestation parisienne du 14 Février avec Lodestar fait vite oublier l'échec de la précédente venue de Tool. Car c'est cette fois un Elysée-Montmartre sur le cul qui "subit" une invraisemblable décharge sonore et visuelle d'un groupe décidemment à part et qui semble se bonifier avec le temps. On ne lutte pas avec une telle machine de guerre. S'ensuit une nouvelle tournée américaine avec les compagnons de route Melvins, et l'été 1997 sera l'occasion pour nos petits gars de refaire un Lollapalooza moribond, cette fois en tête d'affiche et avec Korn (qui ne fera pas long feu, le guitariste Munky chopant malencontreusement une méningite), Prodigy et Tricky. Maynard abandonne d'ailleurs sa très saillante panoplie de Schtroumpf (celui-ci apparaissait sur scène le corps peinturluré de bleu) au profit d'un déguisement de prostituée, ce qui aura pour effet de faire grincer les dents de certaines institutions d'un pays qui ne sait décidemment plus où donner de la tête, la tornade Manson ravageant tout sur son passage et provoquant par la même un bordel des plus jouissifs ! Puis jusqu'au printemps 1998, le groupe enchaînera vacances/composition et tournée mondiale. Le père Keenan arborant par ailleurs les traits d'un télé évangéliste déglingué, signe de l'éternel combat qu'il mène contre la bêtise des institutions chrétiennes (américaines) et de leurs dogmes grotesques qu'il assimile à un lavage de cerveau : "La religion est quelque chose de merveilleux qui, malheureusement, peut-être exploitée de façon négative, comme avec ces connards de catholiques qui sont sous le contrôle du Vatican." Voilà qui a, hum..., le mérite d'être clair ! Fidèle à son habitude, loin des frasques romanesques et des mondanités les plus soporifiques, le groupe restera ensuite totalement silencieux et ina(e)nimé. On l'apercevra pour la dernière fois sur l'affiche du Ozzfest'98, bizarrement placé aux côtés de groupes comme Limp Bizkit, Soulfly ou Coal Chamber, ce qui aura comme principale conséquence pour le groupe d'affirmer une fois de plus sa fulgurante originalité, et son détachement continu des modes musicales qui déferlent sur les States au fil des ans. S'il a en fait fallu attendre le printemps 2001 pour que Tool sorte son nouvel album (chez Zomba / Volcano / Jive), c'est que MJK s'est embarqué avec un vieil ami dans un side project devenu plus que sérieux puisqu'il s'agit d'A Perfect Circle. Pour calmer les fans, en décembre 2000, la maison de disques a sorti un coffret CD + DVD ou VHS intitulé Salival, le CD offre des titres live hallucinants dont une version de "Push it" qui défie l'entendement et une reprise live de "No quarter" (Led Zeppelin) au-delà de ce qu'on peut rêver. A côté, quelques perles sont disposées dans un bel écrin comme la suite du message à Harry Manback, un délire incompréhensible sur "Maynard's dick" et les clips du groupe réalisés par Adam Jones sur le DVD. Et enfin, en mai 2001 le dernier album en date : Lateralus."