jeudi, mars 09, 2006

 

Pink Flamingoes.

Vraiment un film incroyable, la première fois où j'ai entendu parler de ce film, c'était dans Ardimat (l'émission d' Ardisson dans laquelle il menacait de buter un chien si l'audimat baissait), et là j'ai vu Divine bouffer une merde de clebs... "Tourné en 16mm, le film n’est pas de la première jeunesse et compte tenu des moyens avec lesquels il fut tourné, il ne fallait déjà à l’époque pas s’attendre à des merveilles. Métropolitan fait de son mieux et il faut bien reconnaître que l’éditeur s’en tire avec les honneurs. On n’échappe pas à un master par moments abîmé mais globalement, la facture se révèle très honnête si l’on n’oublie pas les conditions de tournage. Les perfectionnistes hurleront car compte tenu du format une présentation 1.33 aurait été plus fidèle aux volontés de Waters (on perd en effet un peu d’image en haut et en bas), mais cette édition est actuellement la meilleure façon de redécouvrir ce film culte pour toute une génération. On ne trouve qu’une piste mono anglaise et encore une fois, compte tenu des conditions de tournage et du matériau d’origine, il ne faut pas s’attendre à un mixage de premier choix. Malgré cela et globalement, l’ensemble demeure clair et l’on pouvait difficilement s’attendre à mieux. On retrouve encore une fois un commentaire audio de John Waters, nous parlant de son film avec beaucoup d’amusement, revenant sur les difficultés à tourné sans le moindre sous, utilisant toute la récup possible pour ses décors, des acteurs qui n’en sont pas et d’une ambiance décoiffante sur le tournage avec « sa bande ». Ici encore les anecdotes sont légion et on en arrive presque à avoir plus de plaisir à écouter le film avec son commentaire que sans. On trouvera ensuite une succession de scènes coupées avec en option un commentaire de Waters. Autant dire tout de suite qu’on se fout des scènes par ce qu’elle pourraient apportées au film, mais l’on s’en délecte de la première à la dernière. Dernier petit bonus, une interview de John Waters permettant aux réalisateur de parler d’autre chose que du film : on a ainsi droit à un petit portrait de Baltimore, de ses inspirations, du cinéma américain… Seul regret, cette interview est identique sur tous les DVD de la collection. Dans Pink Flamingos, Divine remporte incontestablement le prix de la personne la plus immonde en exécutant la plus basse des manœuvres : bouffer une déjection canine. Depuis, à cause du film, il existe une loi aux USA interdisant cette pratique. De manière régulière, John aime à s’entourer de ses acteurs fétiches et tourne quasiment toujours dans sa merveilleuse ville de Baltimore. Très tôt, le cinéaste a commencé à faire des films avec ses amis et voisins. Certains d’entre eux continueront même la route avec lui jusqu’à son dernier A dirty Shame. Comme Fassbinder, Pasolini et aujourd’hui Alex de la Iglesia ont leur famille d’acteurs, John s’est entouré entre autres de Mary Vivian Pearce, Patricia Hearst, David Lochary, Mink Stole et surtout de Harry Glenn Milstead, alias l’immense Divine, héroine diviste qui incarne l’une des principales figures de Pink Flamingos (1972), course à l'ordure, film-poubelle dégueulasse et exquis. Quoi qu’il en soit – et surtout quoi qu’on en pense –, c’est un événement majeur dans le petit monde de la cinéphilie. Aujourd’hui, John Waters ne fait plus une interview sans qu’on ne lui en parle. Preuve qu’il est définitivement entré dans l’histoire du cinéma ? Oui. Pour les adeptes des "Midnight Movies" (films étranges diffusés à minuit dans des circuits limités), Pink Flamingos est le nouveau El Topo (Alejandro Jodorowsky). Mais ce n’est évidemment pas tout ce que nous propose cette fantastique balade dans la petite boutique des horreurs : d’un strip-tease très particulier (le genre de truc impossible à décrire) jusqu’à la frénésie de l'inoubliable Edith Massey qui, dans son parc à bébés, réclame ses œufs ("I want my eggs !"), jusqu’aux lesbiennes reproductrices et violées cloîtrées dans des caves. Horrible ? Non, poilant. Du début à la fin. Pour les ravagés du bulbe comme votre serviteur, c’est un chef-d’œuvre absolu d’une audace infinie qui redéfinit le cinéma ; pour les autres, c’est simplement une torture à la fois pour les yeux et pour les méninges. Bon sang, il y a ici mille fois plus d’humour et d’occasion de rire que dans n’importe quelle comédie actuellement en salles. Auparavant, les amateurs de John auront pu découvrir ses films des années 60-70, présentés en cachette, tels Mondo Trasho et surtout Multiple Maniacs dans lequel Divine (déjà présente) se fait violer par un homard géant. François Ozon reprendra la même scène avec cette fois-ci un rat géant dans son déjanté Sitcom.

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