mardi, avril 25, 2006

 

Hard Candy.

"L’affiche du film Hard Candy où on peut voir un petit chaperon rouge dans un piège annonce la tonalité faussement naïve de cette fable moderne et terrifiante sur le mal-être urbain. C’est le premier long métrage de David Slade et il fait déjà beaucoup parler de lui. Moi, Lolita. Que ce soit dans sa bande-annonce ou son synopsis vaguement mystérieux, Hard Candy est présenté comme un drame qui tourne vinaigre. Depuis quelques temps, il traîne une réputation sulfureuse principalement en raison de sa conclusion paraît-il très amorale. Mais le leitmotiv du récit est qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Même quand on pense avoir tout deviné, on finit par se tromper. Sur le papier, l’histoire est digne de Nabokov : un photographe traîne son ennui en surfant sur le web. Jusque là rien de grave. Sauf que le jeune homme en question est sexuellement frustré (et peut-être même plus) et il aime du coup à aller sur les chats de rencontre et torturer l’esprit de demoiselles en fleur. Un jour, il crée un lien avec une fille trouvée sur le net, âgée de 14 ans, alors qu’il a la trentaine. Sans s’en rendre compte, c’est le retournement de situation : le dominant devient le dominé et ce qui s’annonçait comme une histoire d’amour impossible se mue en une intrigante affaire de vengeance. Après une séance photo privée dans son appart, l'homme se réveille ligoté à une chaise. Mon dieu mais c'est bien sûr : on sent le nouveau Audition. Et si ce film possède l'intelligence et l'élégance du requiem de Takashi Miike, pas de doute qu'il devrait figurer comme l'un des grands événements de l'année. La belle des vampires. Ceux qui ont eu la chance de le découvrir au festival de Stiges, en Espagne, n'en sont pas revenus indemne et parlent de séquences potentiellement marquantes. La raison ? Elles bousculent les stéréotypes, arrivent de manière impromptue et surprennent par leur audace et leur contenu immoral. Rien que ça. Pour revenir sur le film de Miike, il est hallucinant de constater à quel point certains font le va-et-vient entre les deux films. Hard Candy repose apparemment sur le même principe que ce chef-d'oeuvre où la violence la plus froide le dispute au romantisme le plus torride. Asami, personnage quasi-fantômatique, incarnait à la fois la culpabilité du deuil, un idéal féminin inaccessible, une héroïne Hitchcockienne glaciale, un monstre de cruauté sous son apparence angélique. Et bien plus encore. Outre les relations homme-femme auscultées avec acuité et l’angoisse distillée de manière graduelle et élégante, c'est surtout l'incapacité de se remettre d'un ancien amour (la peur de la nouvelle rencontre, l'impossibilité de retrouver l'état amoureux...) qui était le thème (universel, s'il en est) de cette histoire moralement et physiquement déviante, très impressionnante et très robuste, où on souffre pour montrer qu'on s'aime. Aussi mystérieuse lorsqu'elle lisait un bouquin (et qu'on l'aperçoit de dos), découpait le pied de son amant, attendait silencieusement devant son téléphone ou prenait un taxi, Eihi Shiina, mannequin d’une beauté inouïe, incarnait alors l’une des plus redoutables prédatrices. Dans Hard Candy, les motivations des personnages apparaissent au gré des rebondissements mais la frontière du mal et du bien est plus indistincte encore. David Slade sait pertinemment qu'il touche à un tabou : la pédophilie. Le titre Hard Candy doit se lire comme une oxymore : un bonbon est plus sweet que hard. Pour le réalisateur, c'est une manière de signifier que rien n'est lisse et que les surprises, surtout mauvaises, peuvent surgir au pire moment. C'est accessoirement le reflet du tempérament de la jeune fille en fleur. Comme il y a peu Saw, de l'inconnu James Wan, Hard Candy est le nouveau phénomène de Lion Gate Films. Pour faire simple, tout le monde en est tombé amoureux. Tom Ortenberg, président de Lions Gate Films Releasing, a précisé : "Ce film est porté par deux interprètes remarquables. Il a retenu notre attention en raison de sa qualité de suspense psychologique provocateur et racé". Pour lui, cela ne fait aucun doute : "David Slade se présente comme un important nouveau talent grâce à ce premier long métrage marquant.". Déclaration à laquelle Slade a répondu : "Ce film est le fruit de l'excellent scénario de Brian Nelson ainsi que de tout le travail et la passion de la distribution, de l'équipe technique et de tous les producteurs du film, y compris Michael Caldwell et Richard Hutton à Vulcan Productions ainsi que David Higgins et Hans Ritter. Lions Gate nous a approchés avec le même dévouement et enthousiasme que nous avons mis à produire ce film." Bonne nouvelle : après Hard Candy, le réalisateur, qui vient du clip (il en a réalisé notamment pour Aphex Twin) devrait mettre en scène 30 Days of Night, adaptation d'une BD signée Ben Templesmith & Steve Niles. Des vampires profitent de l’absence de soleil lorsque l’Alaska est plongée en plein hiver. Ils décident de prendre d’assaut une petite ville paumée du coin. Produit par Sam Raimi et Rob Tapert, le prochain film de David Slade promet tant l'idée initiale (mixe réjouissant de Carpenter et de Romero) a été confié à un cinéaste déjà considéré comme un spécialiste de l'angoisse. L'attente est à son paroxysme. Normalement, il sera présenté à Cannes. Pour l'heure, sa sortie française est prévue pour le 27 septembre prochain."

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